« Apprendre de ses erreurs »
Publié le 01/10/2013
Extrait du document
Or qu'est-ce qui décide de nos jugements, si ce n'est notre volonté ? Rien ne nous force jamais irrésistiblement à affirmer ceci ou à nier cela. Ce ne sont pas nos connaissances imparfaites ou insuffisantes qui sont responsables de nos erreurs. Si nous étions toujours assez attentifs, si nous les examinions toujours avec soin, nous saurions toujours reconnaître leurs insuffisances et nous pourrions décider s'il convient d'affirmer, de nier ou encore de douter. L'erreur se produit par conséquent quand nous nous laissons aller à juger sans avoir pris le soin d'examiner à fond la question. Il n'y a pas d'autre cause à nos erreurs que la précipitation, c'est-à-dire un mauvais usage de notre liberté de jugement.
«
indépendante du contenu de ce qu'elle affirme : on peut enchaîner logi
quement des idées fausses (tous les hommes sont des oiseaux, or les
oiseaux fument le cigare, donc les hommes fument le cigare).
La vérité
logique ou rationnelle (logos veut dire raison en grec) ne règle donc
que
l'accord de la pensée avec elle-même.
La logique est la discipline
qui énonce les principes et règles que le raisonnement doit respecter
pour ne pas
se contredire.
Autrement dit, toute erreur rationnelle est en
réalité une transgression de règle, donc une faute de logique.
Il> Il faut en conclure que l'erreur en son sens strict, distinguée de la
faute, n'est que le contraire d'une vérité de fait, une inadéquation entre
la pensée et son objet.
C'est dans son effort pour connaître le monde,
et non pour
le penser de manière cohérente, que l'homme s'expose à
l'erreur.
Il> Découvrir son erreur, c'est donc s'apercevoir que ce que l'on croyait
vrai est
en réalité faux.
La connaissance peut porter sur le monde exté
rieur considéré
en lui-même : c'est le cas de la connaissance scienti
fique (affirmer que la terre est immobile est une erreur) ; elle peut porter
aussi sur
le même monde mais dans la mesure où on le manipule, où
on essaie d'en obtenir
quelque chose : il s'agit alors d'une connaissance
technique (c'est une erreur d'espérer pouvoir faire une omelette sans
casser des œufs).
Prenons un
exemple.
Au jeu d'échecs, un coup non
réglementaire est une faute alors qu'un coup accompli dans l'intention
de prendre une pièce et qui échoue est une erreur (tactique).
Il> Cette mise au point nous permet de mieux appréhender le sujet.
Si
l'erreur est le contraire de la vérité, alors il faut admettre qu'en elle
même et par définition, elle ne nous apprend jamais rien.
Apprendre,
c'est
en effet acquérir un savoir, une connaissance, bref une ou des
vérités.
L'erreur,
elle, ne nous fait pas avancer sur le chemin du savoir.
Une lecture littérale du sujet appelle donc une réponse négative caté
gorique.
Ce n'est pas sur cette voie que le sujet pourra être problé
matisé.
Il> « Apprendre de ses erreurs » est une expression qui peut aussi
signifier : apprendre
de la prise de conscience de ses erreurs.
Le sujet,
ainsi
explicité, invite à imaginer un certain nombre d'enseignements, de
vérités que pourrait révéler la découverte de l'erreur.
Un nouveau risque
guette ici
le candidat : l'énumération.
On ne demande jamais, dans un
devoir de philosophie, un catalogue de réponses.
La règle est toujours
la même : problématiser.
Ici, l'alternative pourrait être la suivante : soit
il n'y a rien à apprendre de nos erreurs, si ce n'est qu'elles sont pos
sibles; soit nos erreurs ont le mérite, par la rectification qu'elles appellent,
de nous faire progresser sur le chemin de la vérité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Popper: Apprendre de nos erreurs
- Apprendre grâce à nos erreurs et à nos facultés critiques est d'une importance fondamentale dans le domaine des faits comme dans celui des normes.
- peut on apprendre de nos erreurs ?
- peut on apprendre de nos erreurs ?
- Pouvons-nous apprendre quelque chose de nos erreurs ?