Apprécier ce jugement de Rousseau : « Un raisonneur a beau me prouver que je ne suis pas libre, le sentiment intérieur, plus fort que tous ses arguments, les dément sans cesse. » ?
Publié le 14/06/2009
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Introduction. — Le romantisme commence avec Rousseau. A la raison, qui régnait en souveraine au siècle précédent et dont les encyclopédistes professaient le culte, se substitue déjà le sentiment. C'est lui qui empêche l'auteur de l' « Émile « de mettre en doute la liberté humaine, incompatible avec le matérialisme de maint « philosophe « de son temps : « Un raisonneur a beau me prouver que je ne suis pas libre, écrit-il, le sentiment intérieur, plus fort que tous les arguments, les dément sans cesse. « Que faut-il penser de cette attitude ? I. — L'ATTITUDE DE ROUSSEAU A. Immédiatement et avant toute réflexion critique, Rousseau ne doute pas de sa liberté, c'est-à-dire de son pouvoir de se déterminer lui-même. Il partage en cela la croyance commune : tout homme, en effet, et même le philosophe déterministe dans sa vie pratique, se reproche et reproche aux autres les actes qu'il juge contraires à la règle morale ; or, ces reproches supposent nécessairement que ceux à qui ils s'adressent ont agi librement et qu'ils auraient pu se conformer à la règle. B. Mais, à la réflexion, la thèse de la liberté suscite une certaine gêne, surtout dans un esprit soucieux de rationalité. Tout d'abord, la raison de l'acte libre semble bien, à première vue, n'être autre que le vouloir lui-même. Or, le « je veux parce que je veux « ne se ramène-t-il pas à la reconnaissance du caractère irrationnel de la décision qu'on attribue à la liberté ? Dès lors, comment admettre que le vouloir propre à l'être doué de raison puisse être indépendant des motifs rationnels d'agir ?
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