Antonio MACHADO : Poésies

« Le lecte ur fran çais devrait av oir pour Ma chado autant d 'é gards que celui- ci eut pour la littérature fran çaise .

Il fut en effet , to ute sa vi e, professeur de fran­ çais , fit plu sie urs séjours à Paris où il suivit notamm ent les c ours de Berg son au C oll ège de Fran ce.

Sans compt er qu 'il c ho is it d e 1nourir à Colli o ure et qu 'il y es t ent err é.

lllu slmtio n de Gustave Doré.

Le livre Le poète de la terre D ans son premier recueil, Solitudes, paru en 1903, Machado décrit déjà avec une émotion retenue cette terre espagnole qui est au centre de sa poésie, même si l'on dénote encore l'influence de la rhétorique moderniste ou symboliste.

Qu'il évoque le paysage andalou, avec ses o liviers, ses vergers, ses vi llages pittoresque s, ou celui , plus âpre, de Casti lle, le poète apparaît volontiers comme un , sensible aux détails les plus concrets de la campagne et à la mélancolique grandeur qui en émane.

De cette contemplation, le poète acquiert -diffici lement -la conviction qu'un Dieu d'amour existe.

Dans Champs de Castill e ( 1912) , la poésie de Machado touche à sa plénitude.

Le ton a gagné en sobriété et en profondeur.

A Soria , où il a été nommé professeur de français, son talent s'est épanoui au spectacle quotidien des paysages du nord de la Castille .

Le recueil contient aussi les élégies poignantes composées à la mort de sa jeune femme , en 1912, drame qui a profondément affecté le poète.

En 1924 , le recueil Nouv elles Chansons marque l'évolu­ tion de Machado vers une poésie plus et son souci de l'avenir de l' Espagne , qu ' il partage avec la ; il contient également de petits poèmes philosophiques ou burlesques qui repré sentent un aspect mineur de sa poésie .

Enfin , sa liaison amoureuse avec une mystérieuse femme mariée et le drame de la guerre civile- Machado était répub licain -lui inspirent les beaux chants des Chansons à Guiomar ( 1929) et des Poésies de la Gu erre ( 1936-1939).

U ne poésie sobre et intimi ste D ès son premier recueil, Antonio Machado fut sa lué comme J'un des plus grands poètes de langue espagnole.

Sa poésie , rompant avec la rhétorique symboliste en vogue autour de 1900, fait entendre un son nouveau, austère et intimiste, dans le s lettres espagnoles .

A va nt Garcfa Lorca, qui 1' admirera , i 1 a su se nourrir du folklore des romances traditionnelles pour évoquer les couleurs particulière s de la terre et de l'âme espagnoles.

Mais c 'est surtout à sa profonde sensibilité, à son caractère méditatif et lyrique que Machado ,- qui fut aussi un homme de lettres cultivé , lié aux plus grands artistes espagnols de son époque ,- doit cette qualité d'émotion qui est le propre de sa poésie .. »