André Chénier a dit : « De toutes les nations de l'Europe, les Français sont ceux qui aiment le moins la poésie et qui s'y connaissent le moins. » Renchérissant sur ce jugement, Baudelaire écrivait : « La France éprouve une horreur congénitale de la poésie ». Enfin un critique contemporain, Gustave Lanson, déclare : « Le lyrisme n'est qu'un accident chez nous, la création en a été tardive et laborieuse : la source du lyrisme s'ouvre en effet assez rarement au fond de l'âme française. »
Publié le 30/03/2009
Extrait du document
Début. — Trois jugements qui étonnent par leur sévérité. Essayons de voir ce qui a pu les motiver aux yeux de leurs auteurs et de déterminer la nature de la poésie en France, d'après quelques exemples.
- 1. André Chénier, à une époque de décadence de la poésie, essaie de la renouveler (« sur des pensers nouveaux «...).
- 2. Baudelaire n'aime pas la poésie souvent oratoire des romantiques. Il veut rendre à la poésie son mystère. Il apporte « un frisson nouveau «.
- 3. Lanson juge le lyrisme : a) tardif. Mais le Moyen Age et Villon ? — b) rare Mais la floraison de la Pléiade ? Racine et La Fontaine à l'âge classique ? — c) laborieux. Mais qu'importe si l'œuvre d'art aboutit au chef-d'œuvre? D'ailleurs, quoi de plus spontané que le lyrisme abondant du romantisme?
Plus tard viennent la poésie savante du Parnasse et la subtilité du symbolisme.
Conclusion. — Savante ou spontanée, la poésie française est bien de l'authentique poésie.
Liens utiles
- On lit dans les notes d'André Chénier : « De toutes les nations de l'Europe, les Français sont ceux qui aiment le moins la poésie et qui s'y connaissent le moins. La langue française a peur de la poésie. » Vous expliquerez et vous discuterez cette opinion, en vous rappelant qu'elle a été exprimée sous le règne de Louis XVI.
- Loin d'être un initiateur, André Chénier est la dernière expression d'un art expirant. C'est à lui qu'aboutissent le goût, l'idéal, la pensée du XVIIIe siècle. Il résume le style Louis XVI et l'esprit encyclopédique. Il est la fin d'un monde. Ce jugement d'un critique contemporain vous , paraît-il définir exactement la poésie d'André Chénier ?
- Un critique contemporain définit ainsi la poésie d'Apollinaire : « [La poésie d'Apollinaire] opère un agencement sur le langage plutôt que sur les thèmes ; d'où une victoire sur la contingence et un espoir de faire du poème, plutôt qu'un reflet de l'âme, une sorte de mouvement perpétuel, source d'une énergie nouvelle, tremplin de sauts dans l'inconnu et d'un accroissement des pouvoirs de l'esprit. » Vous commenterez et discuterez ce jugement en l'appliquant au recueil Alcools
- André Gide rapporte dans sa préface à une Anthologie de la Poésie française (Pléiade) qu'un poète anglais lui a déclaré : « La France n'a pas de poésie... Entre Villon et Baudelaire, quelle longue et constante méprise a fait considérer comme poèmes des discours rimés où Ton trouve de l'esprit, de l'éloquence, de la virulence, du pathos, mais jamais de la poésie? » Que pensez-vous de ce jugement ?
- Loin d'être un initiateur, André Chénier est la dernière expression d'un art expirant. C'est à lui qu'aboutissent le goût, l'idéal, la pensée du XVIIIe siècle. Il résume le style Louis XVI et l'esprit encyclopédique. Il est la fin d'un monde. Ce jugement d'un critique contemporain vous paraît-il définir exactement la poésie d'André Chénier ?