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Analysez combien L’avare de Molière est fondée sur la représentation théâtrale d’une imperfection de la nature humaine, mais aussi combien elle respecte les préceptes édictés par Boileau.

Publié le 28/05/2011

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boileau

 

            L’Avare est une comédie classique écrite par Molière au XVIIème siècle. L’auteur s’est inspiré pour l’écrire d’une pièce antique de Plaute, et de quelques autres pièces plus contemporaines. Notons également qu’il s’agit d’une pièce écrite en prose, en 1668, année de la création de la pièce, ce détail désarçonna le public car la plupart des pièces étaient alors en vers. Notre étude consistera a identifié le sujet principal de la pièce, ainsi que le caractère classique de celle-ci au travers des préceptes édictés par Nicolas Boileau. Nous étudierons  le vice sur lequel Molière a fondé sa pièce pour ensuite nous intéresser aux règles classiques selon lesquelles elle a été construite.

            Tout d’abord, L’Avare raconte l’histoire d’un riche bourgeois nommé Harpagon, et de ses deux enfants Cléante et Elise. Chacun d’eux tente de se marier. Harpagon avec une jeune femme nommée Marianne qui est déjà l’amante de son propre fils. Quant à Elise, elle projette de se marier avec Valère, un noble qui l’aurait sauvé de la noyade et qui depuis se fait passer pour un domestique, afin de s’attirer les faveurs d’Harpagon. De cette situation de départ va découler une série de péripéties, directement induites du défaut majeur d’Harpagon qui est l’avarice. En effet, l’avarice est cette « imperfection de la nature humaine « sur laquelle est fondée la pièce, elle est omniprésente. Dans les deux premières scènes, Harpagon n’est pas présent, mais il est déjà présenté comme avare. Il fait son entrée dans la troisième scène et se montre particulièrement abjecte avec La Flèche, un valet, persuadé qu’il a dérobé quelque chose. Cette scène est particulièrement comique puisqu’en plus du caractère d’Harpagon la situation prête à rire : il finit par fouiller le valet au corps : « La Flèche : Je dis que vous fouillez bien partout […].//Harpagon : C’est ce que je veux faire «. Tout au long de la pièce le caractère d’Harpagon va jouer des tours aux uns et aux autres provoquant un grand nombre de situations très drôles autour de l’avarice caricaturé par Molière. On en trouve un exemple flagrant dans la scène 5 de l’acte I lorsqu’Harpagon répète 3 fois « sans dot ! « ou dans la scène 5 de l’acte V lorsqu’il dit à sa fille « […] il fallait bien mieux pour moi qu’il te laissât noyer que de faire ce qu’il a fait* « (*voler son argent), cela montre que rien ne compte plus que son argent. Les traits comiques de cette pièce montrent le jugement de Molière, c’est d’ailleurs le cas dans la plupart de ses pièces. Il a pour habitude de se moquer pour critiquer mais aussi pour prévenir et corriger ses contemporains. On prendra pour exemple Les femmes savantes et Tartuffe, dans l’un il se moque des femmes trop obsédées par la science, dans l’autre il se moquera des faux dévots. Ou encore ici dans L’Avare, même si ce n’est pas le sujet principal de la pièce, une réplique de Valère dans la scène 5 de l’acte I est une critique des médecins : « Vous moquez-vous ? Y connaissent-ils quelque chose ? Allez, allez, vous pourrez avec eux avoir quel mal il vous plaira, ils vous trouveront des raisons pour vous dire d’où cela vient. «. Molière n’épargne personne, il met en exergue les imperfections de la nature humaine en forçant les traits de ses personnages jusqu’à la caricature.

           

Molière, auteur de théâtre au XVIIème siècle, appartenait au mouvement classique, dont le premier théoricien fut Aristote dans l’antiquité, celui-ci  servi de bases aux autres théoriciens du XVIIème siècle, dont notamment Nicolas Boileau. En 1674, N. Boileau dans son Art poétique entièrement écrit en vers, édicte les principales règles du théâtre classique. Ainsi l’on s’aperçoit que L’Avare est une pièce purement classique, selon ces règles : Premièrement, la règle des trois unités : Elle est sans doute la plus importante du théâtre classique, dans L’Art poétique, N. Boileau l’exprime ainsi : « Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli.//Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. «. En effet dans L’Avare, on a bien une unité de lieu, on se situe dans la maison d’Harpagon, tout ce qui se passe à l’extérieur nous est raconté, dans la scène 1 de l’acte II par exemple, La Flèche raconte à son maître son entrevue avec maître Simon mais on n’y assiste pas. On constate également une unité de temps car la pièce se termine au cours de la visite de Marianne qui devait avoir lieu le soir même du jour ou la pièce commence, le temps passé dans la pièce ne doit pas excéder une journée donc L’Avare respecte également cette règle. Quant à l’unité d’action, c’est un peu ambigu car deux intrigues amoureuses ce déroulent en parallèle. Toutefois on peut considérer qu’il y a unité d’action car celles-ci se déroulent entre deux familles (même si on ne l’apprend qu’à la fin) : le frère et la sœur d’une famille aiment respectivement la sœur et le frère d’une autre famille. Et ces deux intrigues sont résolues d’un même coup grâce à l’apparition d’Anselme, père de Valère et Marianne. Tout ceci montre que L’Avare respecte bien la règle des trois unités.

Deuxièmement, la règle de bienséance : c’est une règle également très importante qui vise à supprimer les éléments choquants (tels que la folie ou la mort sur scène), N. Boileau l’exprime ainsi : « Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose://Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ; //Mais il est des objets que l'art judicieux//Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux «. Notons que, malgré son importance elle a parfois été transgressée notamment dans Don Juan de Molière ou le personnage principal termine la pièce sous l’emprise de la folie. Cependant, on peu considérer que dans l’Avare cette règle est respectée, au travers par exemple de l’accident quasi mortel d’Elise ou elle manque de se noyer qui est simplement cité.

Enfin la catharsis est la dernière grande règle du théâtre classique, dans L’Art poétique N. Boileau la décrira ainsi : « Que dans tous vos discours la passion émue//Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue. «. Dans L’Avare, elle se traduit par le caractère très cru et très fort des sentiments  amoureux entre Cléante et Marianne ainsi qu’entre Elise et Valère : Dans l’acte I, scène 2, la tirade de Cléante qui décrit sa passion pour Marianne en est une illustration.

En conclusion, nous avons montré que L’Avare de Molière était une pièce basée sur une imperfection de la nature humaine, à savoir l’avarice, mais aussi qu’il s’agissait d’une pièce classique par excellence selon le modèle de N. Boileau. Molière suivra ce modèle pour la plupart de ces pièces sauf quelques exceptions dont notamment Don Juan qui se situe plutôt dans le Baroque. 

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