Analyse picturale et philosophique de La Joconde ou Mona Lisa par Léonard de Vinci
Publié le 27/02/2008
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Vin 1
La Joconde, 1503
Vo us avez dit « déclin de l'aura » ? Celle de La Joconde a encore de beaux jours devant elle ! Car, même
si on connaît le tab leau plus par ses reproductions, par les tee-shir ts à son effigie, par les pubs, posters,
sacs de toutes sortes que par l'original, en 2005 de 20 000 à 40 000 visiteurs par jour se pressent au
Louvre pour la voir .
Aura telle que, quand elle est volée, on vient admirer le clou servant à
l' accrocher , que Duchamp l'aff uble de moustaches iconoclastes,
que Daniel Arasse doit dire que « finalement »La Jo conde est son tableau
préféré pour pouvoir en parler .
Tr op d'admir ation tue-t-elle l'admiration ?
Foin des mythes, fantasmes, « mystères » : on connaît, aujourd'hui
les conditions de la commande.
En 1503, Léonard de Vinci, sans emploi,
accueille favorablement la proposition de Francesco del Giocondo, notable de
Florence.
Il s'agit de peindre un portrait de sa femme Lisa Gherardini, qui lui a
donné deux héritiers mâles, pour orner l'intérieur de leur nouvelle demeure.
Léonard tarde, comme
touj ours, à l'a chever et l'emporte, pour y travai ller (notamment sur la position des mains) ...
pendant
vingt ans.
Et le tableau s'éloigne du portrait plus ou moins réaliste pour atteindre à l'universel.
Que l'on regarde attentivement ce chef-d'œuvre qu'on aurait tellement vu, et l'on découvrira une scène
encadrée par deux colonnettes peu visibles dont la présence est rendue évidente par deux renfleme nts
en bas du tableau.
Détail ? Non : ces colonnes reposent sur un parapet situé de manière inaccoutumée
derrière le modèle installé, de ce fait, dans l'espace du spectateur, le regard qui nous fixe instaurant
une relation de proximité inhabituelle elle aussi.
Le paysage, fait de rochers de terre et d'eau, est également, inhabituel.
Pas un arbre, pas une maison.
Il ne s'agit pas d'un de ces paysages aimables comme en peignent les peintres de ce temps derrière les
figures mais d'un paysage primordial.
Inachevé.
Transitoire.
Fluide.
Comme l'esquisse du sourire.
Comme la beauté qui est éphémère.
C'est ce que dit Ovide et c'est ce que dit Léonard dans ce tableau
apparemment si serein où tout est mouvant, incertain, insta ble.
Lumineux et inquiet.
Ce tab leau mythique, devenu pièce maîtresse du patri moine français, servant, à l'occasion, d'outil
diplomatique, a été déplacé récemment devant l'affl ux des visiteurs.
On doit passer désormais dans un
entonnoir fermé par des barrières de protection pour espérer entr'apercevoir un instant l'icône au milieu
des bras, des têtes d'Asiatiques qui lèvent leur appareil photo numérique ou qui tournent le dos au chef
d'œ uvre pour se faire photogra phier devant, ou qui vérifient si elle ressemble à sa reproduction.
Dans
son caisson climatisé, derrière tous ses vitrages de protection antireflets qui vous tiennent à distance,
sans compter une barrière de bois en arc de cercle et encore une console avec matériel électronique
incorporé, on ne voit plus rien.
Alors, direction la librairie :c'est en carte postale qu'on la voit le mieux.
Léonard de Vinci.
né à Vinci en 1452, Italie, mort à Amboise en 1519, France.
La Joconde, peinture sur panneau de peuplier.
53 x 77 cm.
1503.
Conservé au Musée du Louvre, Paris, France..
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