Analyse "Pensées pour soi" de Marc Aurèle
Publié le 12/02/2024
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La notion de conscience, étymologiquement liée à l'expression
latine "cum scientia", invite à une réflexion approfondie sur les liens
entre la connaissance et la morale, impliquant la compréhension de
soi, du monde, du bien et du mal.
Depuis l'Antiquité, de nombreux
philosophes et penseurs se sont penchés sur cette question
cruciale.
Divers termes, tels que la conscience pratique ou
théorique évoquée par Hegel, ont été définis pour appréhender la
nature complexe de la conscience.
Certains auteurs, à l'instar de Spinoza, remettent en question la
causalité de nos actions, arguant que la conscience dicte nos
comportements.
Descartes, quant à lui, développe sa théorie de la
conscience en affirmant de manière célèbre "je pense donc je suis".
Notre analyse se portera sur le livre IV des "Pensées pour soi" de
Marc-Aurèle.
Le problème philosophique abordé ici concerne la
manière de faire face et de surmonter les adversités de la vie.
L'ancien empereur avance que la clé pour trouver une vie meilleure
réside dans le retrait en soi, dans la conscience et l'être intérieur.
Sa démarche auto-critique met en lumière l'importance de
l'émancipation des autres en tant que principe directeur de chaque
être humain
L'argumentation de Marc-Aurèle peut être divisée en trois moments
distincts.
Tout d'abord (1-6), il constate que la plupart des individus
ont à tort l'idée qu'il est nécessaire de se retirer dans un lieu
éloigné et isolé afin de mieux se comprendre et de retrouver la paix
intérieure.
Ensuite (6-9), Marc-Aurèle expose la voie à suivre et les
conséquences découlant de la quête de la connaissance de soi.
Finalement, il énonce ses deux grands principes de pensée qui
conduisent à un objectif recherché, à savoir le bonheur.
Dès le début, Marc-Aurèle met en lumière la tendance répandue de
rechercher la retraite.
Il s'adresse directement aux lecteurs avec un
ton familier, établissant ainsi une certaine proximité avec eux.
Cependant, étant donné que son ouvrage est intitulé "Pensées pour
soi", il est évident que sa réflexion lui est également destinée.
Les
êtres humains aspirent à un lieu empreint de sérénité, de repos et
de spiritualité, un refuge qui pourrait être leur havre de paix,
comparable à un paradis personnel.
Il devient évident que le
dessein de l'homme est ce désir de "retraite", une aspiration qui
surpasse toutes les autres, au-delà de toutes les attentes
humaines.
Cet appel à l'émancipation représente une priorité, un
objectif partagé.
Cependant, on peut distinguer deux sens étroitement liés mais
distincts.
Cela concerne l'utilisation du verbe "se retirer", qui peut
être interprété tant comme prendre sa retraite, mettre fin à une
pratique professionnelle, que comme une action de se retirer, de
s'extraire de son quotidien.
Marc-Aurèle insiste particulièrement sur
l'idée de quitter son lieu de résidence, de se rendre dans un endroit
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différent.
Il illustre cette notion avec trois exemples de lieux
propices à la retraite : la campagne, un endroit paisible où l'on peut
se reconnecter avec la nature, favorable à une profonde
introspection ; le bord de mer, un lieu de détente où le bruit des
vagues encourage également la concentration sur notre moi
intérieur ; et la montagne, offrant aux plus aventureux la possibilité
d'une retraite sportive ou l'occasion de se confronter à la grandeur
de soi-même.
Cette légère nuance renforce la thèse de Marc-Aurèle.
Ces endroits
partagent l'utilisation du pronom réfléchi "se", impliquant une
action de se replier en soi-même, de s'engager dans une
introspection.
Il s'agit essentiellement d'une forme d'étude, d'une
analyse psychologique de nos sentiments et de nos pensées.
L'auteur cherche à démontrer l'existence de deux formes de retraite
: l'une implique de sortir de soi-même, tandis que l'autre, au
contraire, encourage à se retirer en soi-même.
Une tension entre
"intériorité" et "extériorité" est ainsi mise en évidence.
Il réplique ensuite : "Mais c'est la chose la plus stupide qui soit,
alors qu'il t'est permis, au moment que tu veux, de te retirer en toimême." (1.2-3) C'est à partir de cette déclaration que la pensée de
Marc-Aurèle se révèle.
Il exprime son désaccord, s'opposant aux
"coutumes" liées aux moments où les hommes choisissent de se
retirer.
En utilisant l'expression "au moment que tu veux", il met en
avant la passivité des hommes dans leurs prises de décision.
Cette
inertie expose une sorte de boucle infinie dont les hommes
semblent incapables de se libérer.
C'est pourquoi l'emploi du terme
"stupide" est acceptable et compréhensible pour Marc-Aurèle, car
cela reflète le manque de confiance des hommes et leur peur
manifeste de l'émancipation.
Cette distinction crée une corrélation
avec les idées de Freud, notamment le concept du Surmoi, agissant
comme un "flic intérieur" où résident nos pulsions refoulées, c'està-dire des désirs en opposition avec la morale.
"Se retirer" serait alors synonyme de retraite tant de la société que
de l'homme ayant le pouvoir unique de se retirer en lui-même.
Ce
pouvoir exclusif représente une clé détenue uniquement par son
propriétaire, c'est-à-dire l'homme.
On peut également établir un
parallèle avec Jean-Jacques Rousseau et sa célèbre phrase
"Conscience ! Conscience! Instinct divin, voix immortelle et
céleste", où il évoque la conscience morale comme une voix
intérieure supérieure et infaillible qui guide vers le bien et oriente
nos actions.
Marc-Aurèle symbolise ici cette voix par le chemin de la
société, affirmant qu'il s'agit du seul et unique chemin à suivre.
En résumé, Marc-Aurèle souligne le désir répandu de retraite chez
les êtres humains, tout en faisant une distinction entre deux formes
de retraite : celle qui implique de sortir de soi-même et celle qui
invite à se retirer en soi-même.
Il critique l'attitude passive des
hommes qui suivent les coutumes sans discernement, arguant que
la possibilité de se retirer en soi-même est toujours présente.
À ses
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yeux, la tendance à rechercher la retraite à l'extérieur est jugée
stupide, car la paix intérieure peut être trouvée en se retirant en
soi-même.
L'idée exprimée est que l'homme ne devrait pas se rebeller contre
les normes établies par la société.
Marc-Aurèle soutient que nulle
part ailleurs l'homme ne peut trouver une retraite aussi paisible et
exempte de soucis que dans son propre esprit.
Il affirme clairement
que la seule possibilité de découvrir cette spiritualité et ce repos
réside dans l'introspection.
Selon lui, l'âme possède une capacité de
renouvellement supérieure à tout autre lieu, comme la campagne,
le bord de mer ou la montagne, qui ne peuvent pas véritablement
transmettre les sentiments et les pensées qui habitent notre
conscience.
En exposant ses valeurs, Marc-Aurèle met en avant la vertu,
inégalable par rapport à toute autre valeur, à condition que
l'individu possède les richesses intérieures nécessaires pour se
sentir à l'aise.
Cette source de bien-être, qu'il détaille
ultérieurement, renforce l'idée de se recentrer sur soi-même.
Il
encourage à découvrir ces "richesses intérieures" - la foi, la
croyance, la détermination inébranlable - qui permettront à
l'homme de se réconcilier avec lui-même.
Une telle conscience
facilitera la résolution des "soucis", éliminant tout ennui non
bénéfique pour l'exploration de soi et servant de source à une
infime euphorie....
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