ANALYSE DE « EXISTENCE ET ATTRIBUTS DE DIEU » DE FENELON.
Publié le 23/05/2009
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Le Traité de l'existence de Dieu est, après le Télémaque, l'ouvrage le plus important de Fénelon et probablement le plus beau qui ait été composé sur ce sujet.
La première partie, qui contient la preuve de l'existence de Dieu tirée du spectacle de la nature et de la connaissance de l'homme, est écrite avec une richesse d'imagination et de couleurs qui égale les richesses de la nature, dit Villemain, et souvent avec une logique lumineuse qui ne le cède point à l'éclat du style. Fénelon s'y était proposé la conversion du duc d'Orléans, qui avait le malheur de ne pas croire.
La seconde partie renferme la démonstration de l'existence de Dieu tirée des idées intellectuelles ; elle s'adresse aux esprits familiarisés avec les vérités métaphysiques. Elle n'est que l'ébauche d'un grand travail que Fénelon avait commencé dans sa jeunesse, mais qu'il n'acheva point.
Fénelon a complètement omis les preuves morales de l'existence de Dieu.
Presque tous les chapitres se terminent par d'admirables prières, dans lesquelles il laisse échapper de son coeur les sentiments les plus tendres et les plus purs envers la Divinité.
La première partie de ce traité fut publiée en 1712, par l'indiscrétion d'un copiste; la seconde ne parut qu'en 1718, après la mort de l'auteur. Cette dernière partie n'était pas encore complète; les chapitres qui y manquaient furent ajoutés en 1731.

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Fénelon, dans ce premier chapitre, procède par le doute méthodique et nous conduit pas à pas à la suite deDescartes.1 ° Tous les hommes, pendant le sommeil, les insensés, pendant tout le temps que dure leur folie, sont les jouets del'erreur : que sais-je si la vie présente n'est pas un long rêve, une folie perpétuelle ? Douter de tout me semble doncle parti le plus sage.2° Mais, pour douter, il faut penser; et, pour penser, il faut être : je doute et je pense, donc je suis.3° Cette vérité est certaine; je n'en puis douter en aucune manière, car elle est évidente l'évidence donne donc unecertitude; elle en est donc la raison suprême et dernière.4° Si j'étais le jouet d'un génie malfaisant? — Cette supposition est absurde; car je ne puis croire que l'auteur demon être prenne plaisir à me tromper, ou que rocs facultés intellectuelles soient viciées; d'ailleurs, il est Clair que, sije perçois, je perçois nécessairement ce qui est, et que l'erreur est impossible relativement à l'objet direct etimmédiat de ma pensée.
CHAPITRE II.
— Démonstration métaphysique de l'existence de Dieu.Trois preuves tirées de l'idée de l'Etre existant par lui-même, de l'idée de l'Etre infini, et de l'idée de l'Etre nécessaireet parfait sont successivement développées par l'auteur.1° J'existe; mais je ne me suis pas créé moi-même, car le néant ne produit pas l'être; je n'existe pas non plus par lanécessité de ma nature, car alors je serais nécessaire, éternel et parfait.J'existe donc par un autre être; et cet autre être qui me fait exister, ne peut être que Dieu.2° J'ai l'idée de l'infini; cette idée ne vient, ni de moi, ni d'aucune des créatures limitées qui m'entourent, car le finine saurait jamais représenter l'infini; elle provient donc d'un être réellement infini, c'est-à-dire de Dieu.3° J'ai l'idée de l'Etre nécessaire et de l'Etre parfait; or, cette idée exige absolument l'existence actuelle de l'Etrequ'elle représente : s'il est parfait, il a l'existence; s'il est nécessaire, il est nécessairement existant.
Supposer unêtre parfait privé de l'existence, et un Etre nécessaire seulement possible, c'est tomber dans une contradictionévidente.
CHAPITRE III.
— Réfutation du Spinosisme et du Panthéisme.
Suivant la doctrine de Spinoza, Dieu est l'ensemble de l'univers; chacune des parties de ce grand tout estchangeante, variable, imparfaite; mais le tout lui-même reste toujours immuable et parfait.1° Un principe évident, dit Fénelon, veut que nous affirmions du tout ce qui a été affirmé de chacune des partiesprises séparément; or, chacune des parties de l'univers est finie, changeante, imparfaite; donc l'univers lui-mêmeest changeant, fini, imparfait.2° Ou le tout est identique avec chacune des parties, ou il ne l'est pas : s'il n'est pas identique, il n'y a pas d'unité ;et l'univers n'est pas un être mais une multitude d'êtres.S'il est identique, 1° chaque partie est le tout, et, par conséquent, se trouve, comme lui, immuable, infinie, parfaite;2° le tout est chaque partie, et alors il est fini, changeant, imparfait; 3° les parties sont identiques entre elles, etalors, l'air est l'eau, la terre est le ciel, tous les hommes n'en font qu'un.
CHAPITRE IV.
— Preuve de l'existence de Dieu tirée de la nature des idées.
Fénelon commence par résumer ce qu'il a dit dans les chapitres précédents, afin de faire sortir une preuve nouvellede l'existence de Dieu de la nature même des idées, qui sont universelles, nécessaires, immuables, qui sont en noussans être nous, qui redressent et corrigent notre raison, et qui ne peuvent que provenir de la Divinité.Il explique, en second lieu, par la théorie de la vision en Dieu de Malebranche, comment il peut se faire que, Dieuétant simple et parfait, nos idées soient diverses et imparfaites; et comment il nous est possible de connaître lesautres créatures.
CHAPITRE V.
— Nature et Attributs de Dieu.
1° Dieu est la suprême perfection, l'Etre infini ou mieux, l'Etre, l'Etre simplement dit, l'Etre sans restriction et sanslimitation aucune.2° Dieu est un; deux ou plusieurs êtres infinis impliqueraient une contradiction évidente; un seul est nécessaire, unseul est possible, un seul existe.3° Dieu est simple; toutes ses perfections n'en font qu'une; c'est la faiblesse de notre esprit qui les multiplie.
Si Dieun'était pas simple, il ne serait pas un, car la composition constitue, non pas un être, mais plusieurs êtres.
4° Dieu est immuable; il est essentiellement tout ce qu'il est; il ne peut rien perdre, ni rien acquérir.
Il est éternel; ila toujours été et il sera toujours, ou mieux, il est toujours; car, pour Dieu, rien n'est passé, rien n'est futur, tout estprésent.5° Dieu est immense; il possède tout le positif de l'étendue, sans être étendu lui-même; il est présent à tout, sansêtre dans aucun lieu.6° La science est le seul des attributs moraux dont Fénelon ait parlé dans son livre : comment Dieu aurait-il accordéà l'homme la pensée, s'il ne pensait lui-même? Sa science est aussi infinie que son être; car le premier objet de sapensée, c'est lui-même, et c'est en lui-même qu'il connaît toutes les choses réelles et toutes les choses possibles,qu'il contemple toutes les existences passées, présentes et futures..
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- Clarke Samuel, 1675-1729, né à Norwich, philosophe anglais, membre du clergé anglican, auteur d'une Démonstration de l'existence et des attributs de Dieu élaborée entre 1704 et 1705.