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Analogies et différences entre l analyse et la synthèse en philosophie

Publié le 04/09/2015

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B. Diverses formes d’analyse et de synthèse expérimentales. — Le sociologue, l’historien, le psychologue, tout aussi bien que l’anatomiste, le chimiste et le physicien recourent constamment à l’analyse et à la synthèse. On entrevoit dès lors les différences que présentent ces procédés quand on passe de l’un à l’autre. Nous devons nous restreindre à quelques observations,

 

Dans certains cas privilégiés de physique ou de chimie, l’analyse et la synthèse sont réelles : l’opération aboutit à des éléments effectivement séparés ou part de ces éléments pour refaire le composé : c’est ainsi que le prisme décompose la lumière blanche et la recompose. Le plus souvent, bous l’avons dit, on ne parvient pas d’un seul coup à dissocier un corps en ses éléments simples; ceux-ci doivent d’abord entrer dans d’autres systèmes avant de pouvoir être isolés; l’expérimentateur sait néanmoins qu’ils existent et présentent une individualité bien précise; aussi peut-il les suivre comme pas à pas dans les combinaisons successives par lesquelles ils passent.

 

II n’en est pas de même en psychologie et dans les sciences morales, pour lesquelles il est essentiel de recourir à des méthodes psychologiques. Non seulement on ne peut pas isoler les sentiments ou les raisons et les observer en quelque sorte à l'état pur, mais dans les états complexes qui seuls nous sont donnés, les composants n’apparaissent pas nettement individualisés comme l’atome du chimiste : mobiles et motifs restent, sous le Tegard d’un esprit critique, essentiellement imbriqués les uns dans les autres. Analyse et synthèse sont donc, dans ce domaine, non seulement purement mentales ou imaginaires, mais encore imprécises et conjecturales.

 

Si elles présentent pour nous tant d’intérêt, c’est que nous expérimentons en nous-même les situations envisagées; mais cela même différencie l’analyse et la synthèse psychologique de l’analyse et de la synthèse effectuées dans les laboratoires des sciences de la nature.

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« 200 LOGIQUE Les termes .mêmes d'analyse et de synthèse évoquent Epontanément à notre esprit les e:x;périences chimiques dans lesquelles ces opérations peuvent être ·effectuées réemement et non pas seulement mentalement, comme dans la plupart des autres sciences.

~fais, outre que les opérations réeliles d'ana­ lyse et de •synthèse sont pré,parée.s par des opérations.

mentales, il ne faudrait pas croire que la chimie procède toujours et même habituellement du t{)ut aux éléments effectivement isolés ct de ces éléments à un tout nouveau.

I~e plus souvent, l'élément n'est atteint ou donné que dans un cümpoo.é où, d'après des recherches antérieures, on .sait qu'il se trouve.

Ainsi, même en chimie, l'analy•se et la synthèse restent dans une grande mesure mentales : c'est l'esprit, plus que -les sens, qui suit les éléments dans les diverse& transformations qu'ils subissent, les dissocie ou le-s associe.

L'analyse et la synthèse s•ont essentiellement des proce8sus mentaux.

B.

L'analyse et la synthèse, p·rocessus généraux de l'esprit.

~ L'esprit restant toujours identique à lui-même, on ne sera pas étonné de retrouver dans toute& ses activités les mêmes démarches essentielles.

Ces démarches, RE:"!A:'! les a ainsi schématisées dans un chapitre célèbre de L'avenir de la science (XVI) : Le fait Je plus simple de la connaissance humaine s'appliquant à un objet complexe se c·ompose de trois actes : 1° vue générale et confuse du tout: 2° vue distincte et analytique des partie&; 3° recomposition synthétique du tou"t avec la connaissance que l'on a !.fus partieB.

Le travail d'intellection, dit-on plus brièvement, 'se ramène à UII!e analyse entre deux synthèses : la premii~re, confuse; la seconde éclairée par l'ana­ lyse qui la précède.

Il.

est facile de montrer ce processus de la connais&ancc dans des exem­ ple€ aussi divers que les suh·ants : une machine, un individu, une ville, une entreprise industrielle, un line.

l'l~ous ne retiendrons que le dernier, l'exemple du liHe, pour y retrom·cr le schéma de RE:"! AN.

I~a simple vue du titre, s'il est bien choi&i, ou, à son défaut, un coup d'œil sur la table des matières et quelques sondage•s dans la préface, me donnent cette vue globale, mais incertaine, qui constitue une synthèBe obscure et fort conjecturale.

Ensuite, je lis l'ouvrage cha­ pitre par chapitre ct alinéa par alinéa : c'est l'analyse.

Enfin, une foi& terminée la lecture de l'ouvrage ou d'une de ses parties, je tiiche de voir comment ces divers éléments s'organi-sent entre eux ct de me donner une vue •synthétique, claire cette fois, et fondée sur des données positives, du contenu du volume.

La lecture intelligente d'un livre comporte bien une analyse entre deux synthèse&.

C.

L'analyse et la synthèse dans les diverse-s science-s.

~ Il n'en reste pas moins qu'il paraît quelque peu osé de réduire toute l'activité scienti­ fique à ce ,simple couple analyse-synthèse.

On admettra sans doute sans difficulté que dans les sciences de fait&, depuis la physique et la chimie jusqu'à l'histoire et la sociologie.

les diffé­ rentes opérations de ,Ja recherche se ramènent au schéma indiqué par RE!'!A:"! : le fait, de que,] que nature qu'il soit, est d'abord donné dans- sa complexité massive (c'est la synthèse première); ensuite l'analyse désagrège ce fait, détermine les faits élémentaires qui le constituent, ses liens avec ceux qui lt> précèdent ou le suivent; enfin, dans la synthèoo finale, l'esprit recons­ titue mentalement le fait dissocié et s'en donne une vision cohérente.

C'est. »

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