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Alain: technique et outil

Publié le 01/10/2013

Extrait du document

alain

Alain

« Il est remarquable que le monde animal ne fasse point voir la moindre trace d'une action par outil. Il est vrai aussi que les animaux n'ont point de monuments ni aucun genre d'écriture. Aucun langage véritable ne lie une génération à l'autre. Ils ne reçoivent en héritage que 5 leur forme; aussi n'ont-ils d'autres instruments que leurs pattes et mandibules, ou, pour mieux dire, leur corps entier qui se fait place. Ils travaillent comme ils déchirent, mastiquent et digèrent, réduisent en pulpe tout ce qui se laisse broyer. Au contraire, l'outil est quelque chose qui résiste, et qui impose sa forme à la fois à l'action et à la chose faite. Par 10 la seule faux, l'art de faucher est transmis du père à l'enfant. Lare veut une position des bras et de tout le corps, et ne cède point. La scie de même ; les dents de fer modèrent l'effort et réglementent le mouvement ; c'est tout à fait autre chose que de ronger. Tel est le premier aspect de l'outil. J'en aperçois un autre, qui est que l'outil est comme une armure. 15 Car le corps vivant est aisément meurtri, et la douleur détourne ; au lieu que l'outil oppose solide à solide, ce qui fait que le jeu des muscles perce enfin le bois, la roche, et le fer même. Le lion mord vainement l'épieu, le javelot, la flèche. Ainsi l'homme n'est plus à corps perdu dans ses actions mais il envoie l'outil à la découverte. Si le rocher en bas- 20 culant retient la pioche ou le pic, ce n'est pas comme s'il serrait la main ou le bras. Lhomme se retrouve intact, et la faute n'est point sans remède. D'où un genre de prudence où il n'y a point de peur. On comprend d'après ces remarques la puissance de l'outil. «

Questions

1. Dégagez les principales étapes de l'analyse de l'outil.

2. Expliquez les phrases :

a. « Par la seule faux, l'art de faucher est transmis du père à l'enfant « ;

b. « la faute n'est point sans remède «.

3. Dans un développement argumenté, vous examinerez en quoi il n'y a de technique qu'humaine.

Le propre de l'outil est d'être un médiateur, un intermédiaire entre l'agent et son milieu. Il rompt la continuité du corps à l'instrument. Il fait déjà partie du monde extérieur auquel l'agent doit s'adapter. En effet, un outil ne s'utilise pas n'importe comment. Sa configuration, son volume, le matériau sur lequel il s'applique exigent une attitude du corps, une manière de faire, un tour de main, en un mot un certain art, condition de l'efficacité de l'acte. Toutefois, ce que l'outil impose à l'homme n'est pas tant une nécessité naturelle que culturelle : l'acquisition d'un savoirfaire relève toujours d'un processus d'apprentissage au cours duquel l'expérience des uns se transmet à d'autres. Cultiver la terre, apprendre à manier une charrue, c'est aussi se cultiver soi-même, hériter d'une culture.

alain

« D Les clés du sujet PRÉSENTATION DU TEXTE ET ANALYSE DE SES ENJEUX .,..

La longueur du texte ne doit pas décourager l'élève.

Le propos d'Alain (1868-1951) est en effet très clair et son contenu n'est pas si dense.

Par ailleurs, le travail d'analyse (thèse et composition) réclamé par la question n° 1 ne porte pas sur l'ensemble du texte mais seulement sur l'analyse de l'outil (à partir de « Au contraire ») .

.,..

L'essai, exceptionnellement, n'invite pas à un développement pro­ blématique.

Il propose de revenir sur l'opposition faite par l'auteur entre le travail animal et le travail humain afin de la préciser et surtout de la justifier.

Il ne s'agit donc pas de discuter l'idée de technique humaine (n'y a-t-il de technique qu'humaine 7) mais seulement d'examiner et de préciser les raisons permettant d'établir le caractère nécessairement humain de la technique.

D Corrigé (commentaire de texte) Question 1 Alain, dans les premières lignes du texte, présente le travail animal en en faisant ressortir les caractéristiques qui le distinguent du travail humain.

En particulier, l'animal n'a pas recours à des outils mais seu­ lement à des instruments, qu'il trouve le plus souvent en son propre corps (dents, pattes, mandibules ...

).

L'instrument fait donc corps avec son utilisateur.

Même lorsqu'il est extérieur à l'agent, il n'est qu'un pro­ longement, une sorte de « prothèse » du corps : il amplifie ou élargit sa sphère d'action naturelle.

Ainsi l'instrument de musique fait corps avec le musicien : il n'agit pas sur le milieu mais forme un tout avec l'instrumentiste.

L'auteur va jusqu'à rapprocher l'instrument de l'organe (« ils travaillent comme ils ( ...

) digèrent »).

Le texte va insister par la suite sur la discontinuité qui sépare l'outil de son utilisateur.

L'analyse de l'outil progresse en deux temps : sa première caractéris­ tique est la résistance qu'il offre autant à celui qui l'utilise qu'au milieu qu'il modifie; sa seconde caractéristique (à partir de« J'en aperçois un autre ») est sa fonction protectrice.. »

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