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Alain, Définitions : la conscience

Publié le 22/02/2012

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              « [La conscience] est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de se juger. Ce mouvement intérieur est dans toute pensée; car celui qui ne se dit pas finalement : "Que dois-je penser?" ne peut pas être dit penser. La conscience est toujours implicitement morale; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement intérieur. On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question d'eux-mêmes à eux mêmes. Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaitre et de se juger; et cela est proprement la conscience. Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu'on l'interroge. Exemple : ai-je été lâche en telle circonstance? Je le saurai si je veux y regarder. Ai-je été juste en tel arrangement? Je n'ai qu'à m'interroger; mais j'aime bien mieux m'en rapporter à d'autres.» (Alain, Définitions, p.1045 collection bibliothèque de la pléiade)
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« L'extrait du texte d'Alain, Définitions (des arts et des dieux) porte sur la conscience.

L'homme est sujetconscient.

Mais, c'est aussi parce qu'il est sujet conscient qu'il est sujet pensant.

La conscience est synonyme deréflexion.

Telle est la thèse d'Alain. Reprenant l'étymologie latine du terme (cum-scientia, avec ou accompagné de science, de savoir), Alain nous rappellece qu'est la conscience réflexive.

Elle se saisit elle-même en tant que conscience qu'en faisant retour sur elle-même.Mais, elle ne peut effectivement le faire qu'au moyen d'une pensée qui s'impose à elle-même comme objet deconscience ! L'acte de penser est dans ce mouvement qui le sépare de la pensée, entendue ici comme objet à penser.La distance maintenue entre l'un et l'autre permet de comprendre de qu'est véritablement penser, voire penser par soi-même.

Elle accrédite le fait que nous devions sortir du monde de l'opinion. Il ne suffit pas d'avoir des pensées pour penser.

En conséquence de quoi, refuser de penser est une faute morale.

Unepensée irréfléchie est illégitime.

Elle n'a pas été soumise à l'examen de la Raison.

C'est là que s'impose notre devoirde conscience.

Le rapport à la vérité est inscrit dans l'acte de conscience qui en fait une réflexion critique, pardéfinition. C'est pourquoi le problème consiste toujours pour l'homme à définir ce qu'est véritablement penser.

Puisqu'il y a despensées sans conscience et qu'il n'y a, d'autre part, de réelle pensée que consciente d'elle-même, quels lienss'établissent entre l'une et l'autre ? Enfin, définir ce que n'est pas penser n'est-ce pas le meilleur moyen decomprendre ce qu'est cet acte au-delà de tout ce que je crois qu'il puisse être ? N'est-il pas, en soi, un caractèreirréductible de la conscience ; et, en ce sens, ne doit-on pas admettre que si certains hommes n'en peuvent pas êtredits penser, seul l'homme toutefois pense car seul il en a le pouvoir ? Alain souligne ce qu'est la conscience lorsqu'il affirme qu'elle « est savoir revenant sur lui-même ».

C'est par le retourde la pensée sur elle-même que la pensée se saisit comme pensée.

Ce qui est proprement penser.

En d'autres termes,Alain désigne la conscience réflexive ou conscience réfléchie.

L'homme est « pensée », voire « sujet pensant » : c'estdans la conscience des pensées qui sont les siennes qu'il se découvre tel un être pour qui il y a de la pensée.

Le savoirvéritable se réalise alors dans ce qui lui permet de saisir de ce savoir.

Et, l'acte de penser se définit alors dans l'actede conscience qui pose chacune de mes pensées comme objet de ma pensée.

Certes, toute pensée est déjà en soi unsavoir qui porte sur une conscience particulière : « je sais que deux plus deux font quatre, je sais que la terre tourneautour du soleil.

», etc.

Toutefois, c'est aussi un ensemble de jugements que je peux admettre vrai que parce qu'ilconstitue uns avoir commun que je partage avec les autres sur le mode de l'opinion.

La conscience réfléchie ne s'arrêtepas à cette première forme de connaissance, sinon pour s'en saisir comme une connaissance à interroger, àquestionner ou « à décider », voire à « juger ».

C'est ce mouvement intérieur qui fait de moi un sujet pensant, c'est-à-dire un sujet questionnant ses pensées à la recherche de la véracité.

Je ne peux être dit pensant que dans ce face àface où mes pensées cessent d'êtres immédiates pour être résultats d'un véritable acte de penser ; ce en quoi il y a enmoi des pensées qui ne sont pas pensées ! C'est le propre de l'opinion ou du préjugé (son synonyme ici !) que d'être posé avant l'acte de juger et de restersubjectif et irréfléchi.

« Deux et deux font quatre » est-elle une proposition vraie parce que mon professeur demathématiques me dit que c'est vraie ou parce que j'ai des raisons susceptibles de l'accepter (si par ailleurs j'admetsle système décimal) ? Interroger et décider pour soi de la validité du contenu d'une pensée, c'est penser.

En ce sens,penser, c'est effectivement juger, pace que c'est établir des relations entre nos représentations et les ramener àl'unité.

Le jugement manifeste alors notre activité d'analyse et de synthèse.

Mais, juger, c'est aussi peser, parce quece n'est pas donner son assentiment avec crédulité ou simplement être persuadé, mais c'est encore peser la «justesse» des raisons qui la soutiennent.

Je décide de l'adhésion qui sera la mienne par l'ordre des raisons qui la fondeobjectivement.

Mon engagement n'a pas à être seulement persuasion ou conviction personnelle dans la croyance, maiselle doit certitude parce qu'elle est savoir de ce que je sais.

Ma «mesure » pour être objective se soumet auxexigences de la raison qui seule la légitime.

C'est pourquoi Alain nous rappelle le sens de cette question : « Que dois-je penser ? » et affirme que celui qui l'ignore « ne peut être dit penser ».

Assurément, pour Alain, avoir des pensées, cen'est pas encore penser parce que je peux ne pas être le sujet de mes propres pensées.. »

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