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Aimer peut-il être une obligation morale ?

Publié le 22/01/2020

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morale

Levinas que la dimension de l’amour comme devoir se manifeste le plus clairement et immédiatement ? S’il est vrai qu’autrui m’est toujours étranger, au sens où il est précisément ce que moi, je ne suis pas, alors mon frère ou mon père m’est aussi étranger qu’un Aborigène d’Australie ou un Papou : ils manifestent, les uns comme les autres, des présences qui ne sont pas la mienne. C’est alors, on le sait, que peuvent naître des réactions de méfiance ou d’hostilité. Sauf, considère Emmanuel Levinas, si je perçois la signification immédiatement éthique du visage de l’autre : regarder ce dernier, être en particulier attentif à ce qu’indique son regard, c’est y lire ou y deviner la loi : « Tu ne tueras pas », qui peut être considérée comme la formulation complémentaire de l’amour comme devoir.

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« 42 L'HOMME ET LE MONDE exploit pour l'être aimé ..

Peut-on cependant concevofr l'amour comme parti­ cipant de l'obligation qu'implique un devoir? La question.

paraît paradoxale.

Elle n'en mérite que davantage d'être examinée.

[I.

L'am9ur d'autrui n'est pas immédiat] Concevoir l'amour comme un devoir semble d'abord possible dans le cas de relations affectives entre parents et enfants.

À ceci près cependant que les liens familiaux n'ont rien d'obligatoire, et qu'ils sont toujours défi­ nis en· fonction de conventions culturelles.

Rousseau considérait bien que la famille ne se.

maintient que par convention, dès que les enfants devien­ nent autonomes pour obtenir ce qui est nécessaire à leur survie ; dans cette optique, l'amour maternel n'est pas plus obligatoire que l'amour filial.

Bien qu'on aille fréquemment jusqu'à le considérer comme un« instinct», sa variabilité, tant historique (il n'y a pas si longtemps qu'en Occident les mères s'occupaient elles-mêmes de leurs enfants et que, pendant des siècles, celles qui en avaient les moyens s'en débarrassaient volontiers en les confiant à des noumces) que géographique, suffit à indiquer qu'il ne j.

correspond à aucune obligation, naturelle ou même sociale.

Pourrait-on alors concevoir comme un devoir la réciprocité de la passion amoureuse? Si quelqu'un m'aime, suis-je obligé de l'aimer en retour? Concevoir une réciprocité obligatoire serait faire de l'amour une sorte de chantage permanent- si je t'aime, c'est de ta faute (parce que tu es comme tu es), et tu dois en quelque sorte expier cette faute en t'obligeant à m'aimer.

Loin d'être exaltation, l'amour serait l'équivalent d'une condamnation.

On doit donc admettre que ce n'est pas dans le cadre de relations senti­ mentales entre deux personnes que l'amour peut prendre l'aspect d'un devoir.

Ce pourrait être alors dans un contexte plus général, en quelque sorte «anonyme» ou moins personnel - lorsqu'il s'agit d'aimer autrui, ou les autres.

On rencontre aussitôt une objection : les relations avec autrui ne sont guère de nature à favoriser son amour.

Elles participent plu­ tôt de la méfiance, sinon de l'hostilité ..

[Il.

Du conflit au devoir] Si l'on analyse ce que peut être la relation entre ma conscience et celle d'un autre, le modèle hégélien que propose le début de la dialectique du maître et de l'esclave enseigne qu'elle est nécessairement conflictuelle : ..

dans l'autre, je perçois nécessairement un reflet et un piège - un piège parce qu'un reflet.

Si je me retrouve en lui, c'est aussi pour qu'il confirme que je diffère de lui : la forme essentielle de ma liberté est à ce prix, et ·;· l'issue de cette exigence de reconnaissance - qui se manifeste dans l'autre en même temps qu'en moi - est obligatoirement conflictuelle.

De cette situation radicale, les différentes gênes que produit l'autre ': 1. »

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