Aimer la nature, est-ce éprouver un sentiment ou agir ?
Publié le 12/08/2005
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NATURE (lat. natura; de nasci, naître)
Terme équivoque qui connaît deux grandes acceptions selon qu'il désigne la nature d'un être ou la nature en général. Désignant la nature d'un être, le terme renvoie d'abord à l'idée d'une existence qui se détermine d'elle-même, sans l'intervention d'une cause étrangère : 1. s'oppose à ce qui résulte de l'art ou de la technique : « La nature est principe dans la chose même » (Aristote); 2. est synonyme d'essence d'un genre dès lors qu'il désigne l'ensemble des propriétés qui le définissent : « La nature d'un gouvernement est ce qui le fait être tel » (Montesquieu); 3. désignant ce qui est inné, s'oppose à l'acquis, c.-à-d. chez l'homme à la culture ; désignant ce qui est spontané, s'oppose à ce qui est réfléchi. Désignant la nature en général, le terme renvoie à l'idée d'un ensemble organisé et régi par des lois : 1. ainsi la nature comme ensemble des choses qui présentent un ordre et réalisent des types s'oppose pour Aristote au hasard : « La nature ne fait rien en vain » ; 2. la Nature en tant que s'y exprime une Absolue nécessité s'oppose au Monde - humain soumis à la contingence; 3. la nature où toute cause est elle-même l'effet d'une cause extérieure s'oppose pour Kant à la liberté qui suppose l'autonomie morale de l'agent.
SENTIMENT (lat. sentire, sentir)
Gén. Soit action de sentir, soit ce qui est senti. Phi. État affectif, le sentiment par opp. à la connaissance est source d'émotions. Ainsi Malebranche établit avec netteté la différence qui existe « entre la lumière de nos idées et l'obscurité de nos sentiments », et donne à cette distinction sa couleur philosophique. Par son immédiateté, le sentiment s'oppose au raisonnement. S'il peut alors être conçu paradoxalement comme une forme de connaissance, ce sera pour désigner un savoir donné sans médiation, sans analyse ni justification autre que cette impression même dont le caractère vague n'implique pas nécessairement la faiblesse de notre conviction. Ainsi, pour Pascal, le coeur sent ce que la raison est impuissante à prouver. C'est pourquoi Hegel définira le sentiment comme l'élément même du religieux. Mor. Inclination altruiste, préréflexive et spontanée, par opp. à l'égoïsme qui procède d'un calcul de la raison. On appelle morale du sentiment des doctrines comme celle de Rousseau ou d'Adam Smith qui considèrent que les distinctions morales du bien et du mal ne sont pas connues par la raison, ou acquises par réflexion, mais dérivent des sentiments immédiats de plaisir ou de douleur communs à tous les êtres vivants.
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