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Aimer est ce naturel ?

Publié le 27/02/2008

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 » À telle demande nous savons bien qu'aucun d'eux ne dirait non et ne témoignerait qu'il veut autre chose : il croirait tout bonnement qu'il vient d'entendre exprimer ce qu'il désirait depuis longtemps, c'est-à-dire de se réunir et de se fondre avec l'objet aimé et de ne plus faire qu'un au lieu de deux.   Et la raison en est que notre ancienne nature est telle et que nous étions un tout complet : c'est le désir et la poursuite de ce tout qui s'appelle amour. Jadis, comme je l'ai dit, nous étions un ; mais depuis, à cause de notre injustice, nous avons été séparés par le dieu, comme les Arcadiens par les Lacédémoniens. Aussi devons-nous craindre, si nous manquons à nos devoirs envers les dieux, d'être encore une fois divisés et de devenir comme les figures de profil taillées en bas relief sur les colonnes, avec le nez coupé en deux, ou pareils à des moitiés de jetons. Il faut donc s'exhorter les uns les autres à honorer les dieux, afin d'échapper à ces maux et d'obtenir les biens qui viennent d'Eros, notre guide et notre chef. Que personne ne se mette en guerre avec Eros : c'est se mettre en guerre avec lui que de s'exposer à la haine des dieux. Si nous gagnons l'amitié et la faveur du dieu, nous découvrirons et rencontrerons les garçons qui sont nos propres moitiés, bonheur réservé aujourd'hui à peu de personnes. »   Une première hypothèse, permettant d'ailleurs de proposer une réponse très nette au sujet, et s'intéressant à la question de la raison d'être de l'amour, consisterait à affirmer que la propension à aimer résulte de la nature même de l'homme. Le récit mythique que fait Platon des origines du phénomène de l'amour entre les hommes va dans ce sens. Sa lecture pourra s'adjoindre d'une autre hypothèse faisant de l'amour érotique une sorte de ruse de l'espèce pour assurer sa préservation.

« « C'est l'imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, soit en bien soit en mal, et qui, par conséquent,excite et nourrit les désirs par l'espoir de les satisfaire.

Mais l'objet qui paraissait d'abord sous la main fuit plus vitequ'on ne peut le poursuivre ; quand on croit l'atteindre, il se transforme et se montre au loin devant nous.

Nevoyant plus le pays déjà parcouru, nous le comptons pour rien ; celui qui reste à parcourir s'agrandit, s'étend sanscesse.

Ainsi l'on s'épuise sans arriver au terme ; et plus nous gagnons sur la jouissance, plus le bonheur s'éloigne denous.Au contraire, plus l'homme est resté près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à ses désirsest petite, et moins par conséquent il est éloigné d'être heureux.

Il n'est jamais moins misérable que quand il paraîtdépourvu de tout ; car la misère ne consiste pas dans la privation des choses, mais dans le besoin qui s'en faitsentir.

Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini ; ne pouvant élargir l'un, rétrécissons l'autre ; car c'est deleur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux.

» Une seconde partie de la réflexion pourra s'intéresser à la manière dont on aime : dans ce phénomène semblent eneffet entrer une importante part d'élaboration mentale, d'imagination, qui dépassent de beaucoup le caractèresimplement naturel du phénomène.

On pourra se servir, pour appuyer cette hypothèse, du texte que Rousseauconsacre au phénomène du désir, en en retenant la complexité du phénomène de l'imagination.

Cela pourracontribuer à asseoir la richesse culturelle du phénomène amoureux, que l'on pourra interroger en s'intéressant àl'ampleur de la place de l'amour dans la culture littéraire, cinématographique, etc.

* L'insuffisance du couple nature/culture pour caractériser l'amour « Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour qued'appeler table une table.

Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots.

Même ceuxqui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité des institutions.Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait naturels etun monde culturel ou spirituel fabriqué.

Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire,en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et quien même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, parune sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme.

» Cette dernière partie pourra interroger les termes mêmes du sujet, en constatant d'abord que les deux versants,naturel et culturel, de l'homme, semblent également convocables lorsque l'on s'interroge sur le fonctionnement dufait d'aimer.

Aimer semble bien en effet naturel et culturel, cela ne met au jour aucune contradiction, mais, bien aucontraire, une essence complexe de l'homme qui demande, pour qu'on la saisisse, de passer outre cette distinctiontraditionnelle entre nature et culture.

Conclusion On peut proposer une réponse très tranchée au sujet : il est naturel d'aimer.

Mais cette réponse est insuffisante,tant l'amour et la culture sont liés entre eux.

Plutôt que de maintenir l'opposition entre nature et culture, on peutalors se servir d'elle pour affirmer la complexité de l'essence de l'homme, complexité particulièrement révélée par lesinterrogations sur ce qui provoque le fait d'aimer et sur les manifestations de ce phénomène, pour finalementdissoudre cette opposition au profit d'une mise en valeur de la singularité de l'homme.. »

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