Aimer est-ce connaître ? L amour permet-il d accéder à la connaissance ?
Publié le 04/09/2015
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Il fallait plutôt conclure, dans l’esprit de Maine de Birax : Le grand fait négligé par les empiristes et par Kant, c’est que nous avons conscience, non seulement de sensations passivement reçues ou d’une unification purement formelle de ces éléments-, mais de l’activité que nous exerçons. Seul la saisie d’une activité, qui s’exerce sur les données actuellement présentes, mais les dépasse sans cesse, peut expliquer la conscience d’un sujet intemporel et libre.
Or, cette connaissance du sujet par lui-même constitue un type de connaissance tout nouveau. Ce n’est plus une représentation au-delà de laquelle il faudrait chercher l’être représenté. C’est l’être même qui, dans la mesure où il devient actif, devient lumineux pour lui-même. La connaissance ne porte plus sur des contours, mais sur un dynamisme. L’activité constitutive d’un être, en atteignant un certain niveau, accède confusément mais réellement à la conscience.
Et cependant, ici encore, il y a une connaissance réservée à l’amour. Celle qui repose sur la haine, la crainte ou une mise en garde quelconque, signale une autre personne, mais ne la pénètre pas. Si je passe de la mise en garde à l’accueil, si je fais tomber les barrières pour m’offrir à la liberté d’autrui, j’éprouve d’une toute autre façon la richesse positive.
Enfin, s’il y a une certaine connaissance de l’infini incluse nécessairement dans la conscience que nous prenons de notre propre activité, Dieu n’apparaît encore que comme une abstraction, un point de fuite irréel. Là aussi, il faut se confier à l’appel de l’infini pour éprouver la réalité de celui qui appelle. On pourrait dire qu’avant la conversion du cœur l’idée de Dieu n’a rien de positif, elle n’est que propulsive, et donc penser véritablement à Dieu n’est pas une opération purement intellectuelle. Saint Jean de la Croix n’écrit-il pas : « L’action qui enveloppe et achève toutes les autres est de penser vraiment à Dieu. «
On peut donc dire qu’une certaine conversion du cœur transforme immédiatement, directement, la conscience que nous prenons des sujets spirituels. En ce sens, il y a bien une connaissance réservée à l’amour et produite par lui.
«
!44 PSYCHOLOGIE
J.
- Thèse : L'üiOUR N'EST PAS U:'i ~IODE DE CONNAISSANCE.
Exposé.
- La conception classique du mécanisme psychique est assez simple et ass-ez connue pour que nous n'ayons pas besoin de nous attarder à son analyse.
Au point de départ du psychisme, il y aurait un fait de
conna1ssance : par exemple, je vois Pierre et je porte un jugement sur l'ensemble de sa personne, phys-ique ou morale.
Des perceptions et de6 jugements résulte une attitude affective : attitude négative d'indifférence,
lorsque rien dan& l'individu qui se présente n'excite mon intérêt; attitude positive de symp(lthie ou d'antipathie, d'amour ou de haine, suivant que
le jugement est favorable ou défavorable.
Enfin, l'idée que je me fais
de Pierre et les ·sentiment•s que j'éprouve pour lui déterminent ma conduite à son égard.
Ainl'li, la C•onnaissance détermine l'affectivité et l'amour: ensuite, connaissance et affectivité déterminent l'action volontaire.
Si nous en tenons à la conception classique, 1 'amour ré&ulte de la connaissance; il n '·est pas lui-même une connaissance.
Dis·cussion.
- Ce ·schéma parfaitement clair nous fournit une analyse eatisfaisante du mécanisme théorique du psychisme élémentaire; il est nécessaire de pass-er par lui, mais on ne saurait s'y arrêter comme à la description exacte de la vie psychologique réelle.
En effet, la réalité est beaucoup plus complexe.
Le psychisme ne commence pas par une véritable connaissance et on ne saurait appeler de ce mot les impre€sion.
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