Devoir de Philosophie

Agir par devoir est-ce agir librement ?

Publié le 27/02/2008

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Le seul principe qui puisse nous pousser à des actions contraires au devoir, c'est la recherche du bonheur personnel, qu'on doit supposer en tout être humain comme la loi la plus fondamentale qui dirige sa vie. Le plus souvent amoral, le bonheur s'oppose parfois au devoir ; à l'inverse, sitôt que quelque chose s'oppose à un devoir, le penchant en est l'origine. Le penchant est ce type de désir particulier qui prend sa source dans la recherche du plaisir, et du bien-être en général. Il peut s'emparer de la volonté comme le devoir. Le libre arbitre humain consiste ainsi en cette possibilité de choix entre deux contraires : le devoir et le bonheur, qui dans certaines situations tendent à motiver la volonté en sens inverse, impliquent ainsi un conflit. Quel parti choisir pour être le plus libre ? La liberté illimitée et la contrainte du devoir Nous nous identifions toujours plus volontiers à la recherche du bonheur qu'à l'impératif du devoir. Alors que le penchant nous semble toujours être l'expression la plus exacte de nous-mêmes, le devoir nous apparaît comme une contrainte imposée de l'extérieur, que nous avons cependant intériorisée. Suivre ses penchants c'est suivre sa propre nature, c'est très exactement faire ce que l'on veut, puisque nous sommes la source de nos penchants. À l'épanouissement des penchants s'oppose la contrainte des lois morales.

« [Le devoir est la condition de possibilité de la liberté.

Respecter son devoir, c'est se respecter soi-même et respecter autrui.

Le devoir est nécessaire à la survie de l'humanité.] J'accomplis librement mon devoirC'est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que jedois faire ou de vouloir les y réduire», dit Kant dans Critique de la raison pure.

La pression sociale ne sauraiten aucun cas me dicter mon devoir.

Je trouve celui-ci plutôt à l'intérieur de moi-même, librement, commeimpératif catégorique, comme loi universelle de la raison.Kant a souligné l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis àune loi dont je suis moi-même le législateur et tous les hommes, sujetsraisonnables, se trouvent soumis à la même loi.

«Agis toujours de tellesorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant unelégislation universelle.» La société idéale apparaît alors comme unerépublique d'hommes libres dont l'harmonie résulte de ce que chacunpose pour lui-même ainsi que pour les autres des règles universellementvalables.

Dans cette société démocratique le subordonné obéira auchef sans renier l'autonomie de la conscience parce que ce que sonchef lui commande est ce que sa propre raison (qui est la raisonuniverselle) lui dicte.

Lui-même s'il était chef donnerait doncexactement les mêmes ordres.

Ceci éclaire l'idée chère à Rousseau devolonté générale.

La volonté générale n'est plus ici le capricecontingent d'une majorité électorale, mais l'expression pure et simpledes exigences de la raison universelle.

Dès lors le chef n'est plus dedroit divin et s'il est un tyran qui trahit les exigences de la raison, lepeuple a le droit, mieux le devoir, de lui demander de renoncer à sonposte. Le devoir n'émane que de moi"Il y a au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu", ditRousseau.

Le devoir n'est donc pas une obligation extérieure, maisémane de ma propre conscience qui me dicte ce qui est bien et ce qui est juste.

Si je décide moi-même ceque je dois faire, ce qui est le propre de tout individu autonome et responsable, alors je suis libre.« L'impulsion du seul appétit, dit Rousseau, est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté.

» Le même raisonnement qui fait qu'obéir à la loi morale n'est obéir qu'à soi-même fait qu'obéir à la loicivile est être libre.

La liberté politique, en effet, ne consiste pas à faire tout ce que l'on veut, selon quoi, àl'époque des Grecs, seul le roi des Perses était libre, mais à être citoyen d'une république, c'est-à-dire avoir ledroit de poser les lois, et le devoir d'y obéir. Le devoir garantit la libertéLe devoir est une obligation sociale réciproque qui garantit la liberté et le bien-être de chacun.

Le devoir neserait injuste et contraignant que si certains y étaient soumis et d'autres non.

Or, dans une sociétédémocratique, le devoir, c'est aussi celui que les autres ont de respecter ma liberté.

Loin de s'y opposer, ledevoir est ce qui conditionne ma liberté.. »

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