Devoir de Philosophie

Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs?

Publié le 11/01/2005

Extrait du document

Nous faisons tous l'expérience courante d'un conflit entre une envie et un interdit moral. Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs? Doit-on considérer que morale et désir s'opposent sans conciliation possible ? Faire son devoir est-ce nécessairement refouler ses désirs ? N'entretiennent-ils pas plutôt une relation dialectique, dynamique et progressive ?

  • I. Opposition apparente entre moralité et désirs
  • II. Du besoin immédiat au désir (de l'autre) grâce à la morale
  • III. Difficile et fragile équilibre entre désirs et moralité

 

« [III.

Le désir satisfait, au prix du conformisme] L'insistance de Kant sur l'universalité de la loi morale comme seul mobile de l'action est telle, et aboutit à uneconception si rigoureuse, que lui-même a dû reconnaître qu'au sens strict, une conduite purement morale n'avait,peut-être jamais existé...

C'est que sa réflexion cherche à mettre en lumière les fondements de la moralité tellequ'elle existe et se trouve déjà pratiquée, et non à réformer la vie morale en proposant aux hommes des règlesnouvelles.

Là est aussi ce qui le distingue des épicuriens – pour ne rien dire de la différence des contexteshistoriques et sociaux dans lesquels ils travaillent – qui, pour leur part, avaient bien l'intention de modifier les moeursde leurs contemporains.

Aucun projet de ce genre chez Kant : les moeurs lui paraissent globalement suffisantes,même si elles ne permettent pas à l'homme d'être purement moral.En d'autres termes, on doit aussi retenir des analyses kantiennes la différence établie entre la conduite « par devoir» et celle qui n'est que « conforme au devoir ».

La première serait donc trop pure pour être réalisable.

La secondeau contraire est fréquente, et elle permet une sorte de rencontre entre l'apparence de la « bonne conduite » et lasatisfaction de quelques désirs.

L'homme n'est donc pas condamné à balayer ses désirs et à ne jamais chercher àles satisfaire, pourvu que cette satisfaction n'entre pas en contradiction avec la moralité régnante, qui permet auxêtres humains de vivre à peu près en harmonie.Ainsi, selon un exemple célèbre, rien ne nous permet d'affirmer que le commerçant qui rend honnêtement la monnaieà toute sa clientèle agit de la sorte par pur respect de la loi.

Tant que nous ne pourrons pas « sonder son coeur »(et cela est bien impossible), nous pouvons aussi penser qu'il n'agit que par intérêt personnel, pour conserver saréputation d'honnêteté et du même coup sa clientèle : peu importe dans le quotidien ! De même, nous ne pouvonsêtre assurés qu'un mari se dévoue pour son épouse malade par pur respect de la loi : peut-être trouve-t-il làl'occasion de satisfaire son désir d'être bien vu par ses voisins.

ou de s'attacher encore davantage son épouse.

Iln'en reste pas moins que sa conduite semble morale (ne serait-ce que dans la mesure où elle est universalisable).L'homme n'est pas purement rationnel, ses désirs sont présents pour le lui rappeler.

Et la rigueur de la morale doit enquelque sorte, être accommodée avec les désirs, leur donner périodiquement l'occasion de trouver quelques objetssatisfaisants, au prix d'une ambiguïté de la conduite apparente, dont il devient impossible de qualifier à coup sûr lavaleur morale. [Conclusion] Puisqu'on peut ainsi constater que même la conception la plus exigeante de l'action morale laisse place à l'éventuellesatisfaction de certains désirs, pourvu qu'elle ne vienne pas mettre en cause l'apparence sociale de la moralité, onpeut admettre qu'il n'est pas nécessaire, au sens strict, de lutter contre ses désirs pour agir moralement.

Encorefaut-il considérer que, parmi tous les désirs possibles, certains sont incontestablement impossibles à satisfaire enrespectant les apparences de la moralité : dans de tels cas, la censure semble s'imposer.

Il resterait à savoir si elleest toujours possible.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles