Agamemnon
Publié le 20/01/2013
Extrait du document
«
respectera même pas un époux.
Car, prête à se redresser un jour terrible, une intendante perfide garde la
maison, la Colère, qui n'oublie pas et veut venger une enfant.
» Tels furent les destins sinistres, joints à des
biens sans prix, qu'en face des présages du départ Calchas proclama pour la maison de nos princes.
Et,
d'accord avec ces présages, dis le chant lugubre, lugubre; mais que triomphe le sort heureux!
Zeus!...
quel que soit son vrai nom, si celui-ci lui agrée, c'est celui dont je l'appelle.
J'ai tout pesé : je ne
reconnais que Zeus propre à me décharger vraiment du poids de ma stérile angoisse.
Un dieu fut grand jadis,
débordant d'une audace prête à tous les combats : quelque jour on ne dira plus qu'il a seulement existé.
Un
autre vint ensuite, qui trouva son vainqueur et sa fin.
Mais l'homme qui, de toute son âme, célébrera le nom
triomphant de Zeus aura ta sagesse suprême.
Il a ouvert aux hommes les voies de la prudence, en donnant pour loi : « Souffrir pour comprendre.
» Quand, en
plein sommeil, sous le regard du coeur, suinte le douloureux remords, Ia sagesse en eux, malgré eux, pénètre.
Et c'est bien là, je crois, violence bienfaisante des dieux assis à la barre céleste! C'est ainsi qu'en ces temps-là
l'aîné des chefs de la flotte achéenne, plutôt que de critiquer un devin, se faisait le complice du sort capricieux.
Voiles pliées, ventres creux, les Achéens s'énervaient, arrêtés en vue de Chalcis, au milieu des brisants d'Aulis.
Les vents soufflaient du Strymon, portant avec eux les retards funestes, la famine, les mouillages périlleux, la
dispersion des équipages, l'usure des coques et des câbles, et, par des délais toujours renouvelés, déchiraient
dans l'attente la fleur des Argiens.
Et, quand le devin, se couvrant du nom d'Artémis, vint encore proclamer un
remède plus douloureux aux chefs que la tempête amère, à ce coup les Atrides, frappant le sol de leurs bâtons,
ne continrent plus leurs larmes.
Et l'aîné des rois parle ainsi : « Cruel est mon sort, si je me rebelle; mais cruel
est-il aussi, si je dois sacrifier mon enfant, le joyau de ma maison, et, près de l'autel, souiller mes mains
paternelles au flot sanglant jailli d'une vierge égorgée.
Est-il donc un parti qui ne soit un malheur? Puis-je,
déserteur de ma flotte, manquer à mes alliés? Si ce sacrifice, ce sang virginal enchaîne les vents, avec ardeur,
ardeur profonde, on peut le désirer sans crime.
Qu'il tourne à notre salut! »
Et, sous son front une fois ployé au joug du destin, un revirement se fait, impur, impie, sacrilège : il est prêt à
tout oser, sa résolution désormais est prise.
Car, à la source de tous les maux, la funeste démence aux
desseins honteux est là pour souffler l'audace aux mortels.
Il osa, lui, sacrifier son enfant! - pour aider une.
»
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