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A un prince il est nécessaire d’avoir l’amitié du peuple. Machiavel

Publié le 19/03/2020

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«Je conclurai seulement qu’à un prince il est nécessaire d’avoir l’amitié du peuple : autrement il n’a, dans l’adversité, point de remède [...] Et que personne ne conteste cette mienne opinion en disant que qui se fonde sur le peuple se fonde sur la fange. »

« Dans toutes les républiques il y a deux parties : celle des grands et celle du peuple ; et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition [...] Rarement les désirs d’un peuple libre sont-ils pernicieux à la liberté. Ils lui sont inspirés communément par l’oppression qu’il éprouve ou par celle qu’il redoute. »

(Livre I, chapitre 4).

Il m’a paru plus pertinent de me conformer à la vérité effective de la chose qu’aux imaginations qu’on s’en fait [...] En effet, il y a si loin de la façon dont on vit à celle dont on devrait vivre, que celui qui laisse ce qui se fait pour ce qui se devrait faire, apprend plutôt à se détruire qu’à se préserver. »

« En outre, on ne peut honnêtement et sans faire tort à autrui contenter le désir des grands, mais oui certes le peuple : car le vœu du peuple est plus honnête que celui des grands, ceux-ci voulant opprimer et ceux-là ne pas être opprimés. »

« Mais si celui qui se fonde sur lui est un prince qui puisse commander, qui soit homme de cœur et ne se trouble pas dans l’adversité, qui ne néglige pas les autres préparatifs et qui [...] entretienne l’ardeur de la population, jamais il ne se trouvera déçu par le peuple, et il verra qu’il a bien placé ses fondements. »

« Car en toute cité on trouve ces deux humeurs opposées ; et cela vient de ce que le peuple désire de n’être pas commandé ni opprimé par les grands, et que les grands désirent commander et opprimer le peuple ; et de ces deux appétits opposés naît dans les cités un de ces trois effets : ou monarchie, ou liberté, ou licence. »

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« 210 / Peuple Cette phrase p.-étend à la fois viser à l'efficacité et dénoncer les illusions du« devoir être».

Qui se fie-aux discours moraux va à sa perte ; mieux vaut analyser la pratique politique effective, réelle.

Cela est d'autant plus frappant que le Prince, publié en 1513, est quasi­ ment contemporain de l'œuvre célèbre de Thomas More, L 'Utopie (1516), qui prétend, après avoir criti- ~ qué la société de son temps, proposer un « contre- modèle » aussi parfait qu'imaginaire.

Il est piquant de constater que, comme l'œuvre de Machiavel donnera le terme commun de «machiavélisme», l'œuvre de More donnera celui «d'utopie», qui est d'abord un nom propre: celui de l'île_ abritant la société parfaite, l'île de « nulle part».

Le but du Prince est d'étudier « comment les monar­ chies se peuvent gouverner et conserver».

En fait, le propos de Machiavel dépasse très largement ce projet initial: préoccupé par la faiblesse politique de l'Italie de son temps (déchirée en petits Etats rivaux, instables, menacés par les forces étrangères), notre auteur esquisse une théorie de l'action politique efficace visant à assurer la paix et la stabilité des Etats.

La question de la stabilité politique est un thème majeur du Prince.

Or une des clefs de la réussite, de la virtuosité du prince, du chef politique, consiste dans la capacité d'acquérir l'amitié du peuple.

« Je conclurai seulement qu'à un prince il est néces­ saire d'avoir l'amitié du peuple: autrement il n'a, dans l'adversité, point de remède[ ...

] Et que personne ne conteste cette mienne opinion en disant que qui se fonde sur le peuple se fonde sur la fange.

» Pour établir cette conclusion, Machiavel part d'un constat d'une portée universelle, qui concerne toute organisation politique.

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