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A toute chose malheur est bon. ?

Publié le 11/08/2005

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Le problème qui consiste à déterminer d'une façon sure et générale quelle action peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble (...) parce que le bonheur est un idéal non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques. » Puisque le bonheur est un idéal de l'imagination, le malheur n'est-il pas aussi fondé sur une illusion ? Nous nous croyons malheureux lorsque nous sommes privés de ce à quoi nous aspirons, mais puisqu'on ne peut jamais rien savoir certainement du bonheur, alors il en est de même pour le malheur : nous n'en savons rien. Le malheur se trouve alors être « bon » pour deux raisons : d'une part, il permet de relativiser les représentations que nous nous faisons du bonheur, et d'autre part, il nous permet de relativiser sa propre nature, qui, elle aussi, est illusion.               III/ Le malheur peut s'avérer moteur.               Cependant, peut-on affirmer pour autant que le malheur ne constitue qu'une illusion ? La souffrance qu'il provoque , par exemple, ressemble à tout sauf à une illusion. De même, si nous admettons que le malheur est bon à quelque chose, il faut bien lui conférer une réalité pour que ses effets aient un sens. Ou encore , si nous faisons du bonheur un objet de la pensée et que la pensée nous libère de nos illusions, alors il faut bien conférer à cette idée une réalité. Disons plutôt que la pensée représente d'abord un avantage.

Ne paraît-il pas surprenant ici d’unir les deux termes de « malheur « et de bon « en une formule ? La simple étymologie ou même la logique suffirait à rapprocher le malheur du mal, et à l’inverse, d’unir les termes de bon, de bien, avec le…bonheur. Il peut donc paraître assez stupéfiant de dire que le malheur est bon à quelque chose. Cela reviendrait à dire que le mal est utile… De plus, il peut également paraître déconcertant que l’on parle ici de « chose «. En effet, il se peut qu’une chose soit bien faite ou mal faite, mais que pourrait bien signifier…le malheur d’une chose ? Pour qu’il y ait malheur, il faut bien qu’il y ait une conscience ou un être qui ait conscience du mal , qui le reconnaisse, et qui s’en afflige lorsqu’il en est atteint. Ce serait donc l’homme et sa condition qui seraient ici implicitement visé par la question posée. Nous pouvons en effet parler de malheur lorsque nous nous souvenons de moments désagréables par exemple, ou alors quand nos projets ont été accidentellement bouleversés par un imprévu.  Pire encore, notre propre recherche d’une chose que nous croyons être ce qui nous conférera le bonheur peut également nous attirer le malheur. Nous serions alors illusionné par une image du bonheur que nous imaginerions atteindre et nous trouver entièrement déçu une fois cette chose obtenue.  Dès lors, en quoi le malheur pourrait-il bien nous être utile ? Nous devons d’abord établir qu’il réside au sein même de notre existence temporelle, finie et consciente de sa finitude. Nous pourrons alors montrer que cette conscience purement théorique de notre condition ne révèle sa profondeur que dans l’adversité et les difficultés. Il sera ainsi nécessaire de conclure que nous ne prenons conscience théoriquement (par la pensée) et pratiquement (par l’existence) de nous-mêmes que lorsque nous donnons du sens à cette volonté d’échapper au malheur.

« C'est ainsi que Kant explique, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , que le bonheur ne peut pas être conceptualisé.

« L'homme est incapable de déterminer avec une entière certitude quelque principe qui lerendrait véritablement heureux.

: pour cela, il lui faudrait l'omniscience.

(…) Ilsuit de là que les impératifs de la prudence, à parler exactement, ne peuventcommander en rien, c'est à dire représenter des actions d'une manièreobjective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut plutôt les tenir commedes conseils que comme des commandements de la raison.

Le problème quiconsiste à déterminer d'une façon sure et générale quelle action peutfavoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble(…) parce que le bonheur est un idéal non de la raison, mais de l'imagination,fondé uniquement sur des principes empiriques.

» Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la raison pratique » (1788). On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notreexpérience externe), et de Dieu (considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous ne pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les limites de l'expérience effective possible.

Un savoirmétaphysique transcendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est impossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, quis'interroge sur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travail accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action morale. C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainementqu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT .

On sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui dela culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de lanature mais bien plutôt selon leur volonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres deculture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à cequ'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entrela loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.

Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonneou non.

Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelleest déterminé l'action) est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.

Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le système de KANT .

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant à une fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, […] un but qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représente la nécessité pratique de l'actioncomme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE. » L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, mais seulement un impératifhypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheur propre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pas absolument, mais seulement comme moyen pour un autre but. » Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne« non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique. « Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITE .

» Ainsi, selon KANT , y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée vers le rationnel et l'universel, le bonheur est de l'ordre de l'empirique et du particulier : « malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et ilveut.

» Et de se moquer longuement des alternatives où il est impossible de trancher.

L'homme veut la richesse ? Mais quede soucis, d'envies, de pièges cela ne va-t-il pas provoquer ! L'homme veut la connaissance ? Cela risque de luidonner une vue plus claire des maux qui le menacent ! L'homme veut une longue vie ? Ne sera-ce pas un cortège de. »

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