A-t-on raison seul?
Publié le 10/03/2005
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« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée « dit Descartes. Mais pense-t-il ce qu'il dit ? Cette phrase se trouve au début du Discours de la méthode dans lequel Descartes essaie de se défaire de tous les préjugés hérités des autres et refonder à lui seul l'édifice de la science.
Ce n'est peut être pas la même chose lorsque les autres nous donnent raison et lorsqu'on a réellement raison. Dans un cas, on a raison vis-à-vis de la société, par un conformisme, dans l'autre, on a raison vis-à-vis de la réalité.
L'histoire nous montre assez de savants martyrs (comme Galilée qui fut sommé d'abjurer son système par l'inquisition) pour que nous sachions qu'on a raison seul. La raison se confronte aux idéologies dominantes, aux opinions courantes, elle ne peut s'étendre librement que dans la solitude. Penser par soi même est le premier précepte de la philosophie rationaliste.
Pourtant, ce que cherche la raison, c'est l'accord des consciences. Contre les opinions qui divisent, elle cherche des vérités universelles, valables pour tous. Dans ce sens, la raison s'oppose à la solitude, elle est le terrain de l'accord, de l'union.
La raison se trouve prise dans une étrange tension : elle requiert la solitude de la pensée pour se protéger des préjugés, mais elle vise en même temps l'accord avec autrui.
«
d'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin.
Tous les objets desinclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas,leur objet serait sans valeur.
Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absoluequi leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être lesouhait universel de tout être raisonnable.
Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujoursconditionnelle.
Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ontcependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoion les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur natureles désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplementcomme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui estun objet de respect) ". (" Fondements de la métaphysique des mœurs ").
En sommant l'homme de sortir des nimbes d'un sommeil que l'on pourrait qualifier de dogmatique, les " Lumières " affirme le primat de la détermination pratique (5) sur le savoir théorique (5) .
Passage de la contemplation à laresponsabilisation.
2) Platon oppose l'opinion à la science.
La science est le domaine de la raison, c'est-à-dire de la partie intellectuelle de l'âme, elle consiste à formuler des définitions universelles et à contempler des idéeséternelles.
L'opinion n'est en revanche qu'une connaissance sans fondements et instable.
N'a accès à lascience que celui qui réfléchit par opposition à celui qui se contente des opinions que les autres lui donnent.Dans ce sens, on a raison seul. 3) Pour donner un exemple concret, on peut évoquer le procès de Socrate que rapporte Platon dans l'apologie de Socrate : Socrate représente la raison, il est inculpé pour corruption de la jeunesse.
Ce qui s'exprime dans ce procès, c'est l'opinion de presque tous les citoyens d'Athènes qui ne veulent pas entendreraison et qui condamnent un innocent, Socrate, par ce qu'il va contre les opinions courantes. II : La raison comme faculté universelle.
1) La raison est une faculté de l'esprit humain.
Tout homme en est doté.
Descartes l'appelle la « lumière naturelle », elle est « naturelle » au sens où tout le monde en est pourvu, elle se distingue par là del'intelligence qui admet des degrés.
La raison est peut être une faculté psychique universelle. C'est par cet énoncé fracassant que Descartes ouvre le « Discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». Ce texte est le premier livre de philosophie en langue vulgaire, cad en français.
Ecrire en françaisun ouvrage de philosophie et de science, que « même les femmes pourraient comprendre », manifeste une volonté de démocratisation du savoir ; c'est vouloir que le plus grand nombre delecteurs possible soit touché par la véritable révolution qu'il prépare.Nous oublions souvent que le « Discours » n'est qu'une petite préface à trois gros essais scientifiques qui intéressaient les contemporains beaucoup plus que le « Discours ». Cet ouvrage paraît en 1637, à peine quatre ans après le procès de Galilée .
Galilée fut traduit devant un tribunal de l' Inquisition pour avoir confirmé l'hypothèse de Copernic selon laquelle « ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne autour du Soleil, etsur elle-même ». Or, cette révolution scientifique, qui signe une révolution dans la façon de voir le monde et d'ydéfinir la place de l'homme.
Descartes en est partie prenante.
Il pratique la physique comme Galilée et aboutit à des thèses aussi « dangereuses ».
Les résultats scientifiques et philosophiques auxquels il est parvenu, Descartes veut les livrer au public, en français. Le « bon sens » est synonyme de « raison », cela veut dire que « la raison est naturellement égale en tout homme », que chacun possède « la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux ».
Car cela signifie, après tout, que si ma mémoire ou mon imagination sont moins étendues que celles de Descartes ou d' Einstein , ils n'ont pas plus de raison que moi ! Cependant, un lecteur scrupuleux du « Discours » est assez vite désarçonné par la justification que Descartes donne de sa thèse : la preuve que la raison est égale en tout homme, c'est que si l'on désire être plus riche, ou avoir plus de mémoire, personne ne désire avoir plus de raison.
C'est notre orgueil qui fournit la preuve.En fait, ce qui intéresse Descartes , n'est pas cette égalité de la raison.
Ce thème est déjà à l'époque un lieu commun.
Ce n'est pas avec cette thèse que commence le cartésianisme, mais avec le problème suivant : « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres » ; ou encore, si la raison est égale en chacun, comment se fait-il que « autant de têtes autant d'avis », que certains se trompent et d'autres pas ? La vraie question est là, la véritable thèse de Descartes suit : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. »
L'essentiel réside donc dans la méthode.
« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.
Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.
Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.
Pour un savant ou un philosophe qui,.
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