Devoir de Philosophie

A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

Publié le 13/08/2005

Extrait du document

[L'amour est un sentiment qui ne peut pas naître de la volonté, même si la volonté peut le contrôler. Aimer indifféremment tous les hommes est une exigence contraire à la nature humaine.]

Aucun devoir ne peut reposer sur le sentiment

Je ne décide pas d'aimer une personne. En revanche, je décide de ne pas lui causer du tort. Comme le dit Kant, l'amour renvoie à la sensation. Mon rapport à toute sensation est un rapport de passivité, ainsi que l'illustre bien l'expression «tomber amoureux«. Or, l'exigence morale n'a de réalité que si elle résulte d'un acte volontaire. Le devoir d'aimer est un commandement contre nature Bertrand Russell, dans Le Mariage et la morale, écrit: «L'amour ne peut fleurir que s'il reste libre et spontané. Nous dire que c'est notre devoir d'aimer telle personne, c'est le moyen le plus sûr de nous la faire haïr.« Contrôler nos sentiments ne veut pas dire les nier ou leur faire violence.

I) On a le devoir d'aimer autrui.

a) Les hommes n'ont qu'un père. b) Le prochain est celui qui pratique la miséricordre. c) L'amour est un devoir.

II) On ne peut pas avoir le devoir d'aimer autrui.

a) Aucun devoir ne peut reposer sur le sentiment. b) Le devoir d'aimer est un commandement contre nature. c) Il ne faut pas confondre amour et respect.

.../...

« Introduction Le commandement d'aimer suppose d'aimer en toutes circonstances, quelques soient nos résistances voire nosantipathies, lesquelles n'en sont pas moins légitimes.

On comprend certes que l'amour lui-même exige de passer par-delà nos tensions ou ces incompréhensions mutuelles qui sont l'effet de nos complexions propres.

Or, commentpouvons-nous nous obliger à faire comme si l'indifférence à certains autres, sinon l'antipathie naturelle que nouséprouvons à l'endroit de certains, cessait d'exister ? Car si l'amour choisit, s'il est la relation qui caractérise lesemblable (le même aime le même) comme une prescription de l'identique, peut-il s'imposer contre ce fait del'élection et la réalité de nos différences ? Comment l'amour, en tant que devoir impératif, peut-il compter sans leconcours de l'autre (par exemple, si ce dernier ne fait rien des efforts que nous sommes en droit d'attendre de lui),est-il seulement possible d'aimer autrui et pour ce seul motif qu'on le doit, contre lui-même ?Le devoir, forcément inconditionnel, d'aimer n'est-il pas en son principe ignorant des différences qui opposent lespersonnes, ne fait-il pas trop peu de cas de ce que l'on désigne par notre sentimentalité, c'est-à-dire des loissingulières propres à chaque subjectivité ? 1.

Au SENS COMMUN : L'AMOUR EST UN SENTIMENT, NON UN DEVOIR A.

La nature élective de l'amour L'amour est une adhésion à l'autre et à sa volonté, une adhésion au bien de l'autre.

Il y a là une forme d'obligation,du moins d'engagement vis-à-vis d'autrui.

Mais au moins s'agit-il d'un autrui que j'aurais choisi.

Cette adhésion aubien de l'autre réclame de moi une adhésion entière mais élective.

Le bien que je lui veux se borne à la spécificité del'autre en tant que tel.

Aimer n'est donc jamais vouloir pour autrui un bien vague et général, mais un bien particulier,le plus conforme à ce que je puis en connaître.La nature élective de l'amour exclut ainsi l'amour de tous et il semble que le devoir d'aimer tout le monde fassel'économie de ce qu'est vraiment aimer, c'est-à-dire du jeu de la préférence et de la différence. B.

L'amour, forme brutale de la sauvagerie affective On pourrait noter, même s'il s'agit d'un lieu commun dans la littérature, le comportement de l'amoureux rendu en sapassion insensible à la détresse de l'autre (Andromaque de Racine, par exemple).

Dans quelle mesure un tel amourne se construit pas uniquement dans la haine du rival (voyez Pyrrhus et le souvenir d'Hector) ? Un lien subtils'instaure entre l'amour et la jalousie.

L'amour interdit le devoir d'aimer, il semble se déjuger à ne jamais se déclarerni à emporter l'adhésion d'autrui contre son prétendant (vivant ou mort) rival.

Aussi bien l'amour s'inverse en haine,voire en haine de l'aimé(e) (cf.

l'analyse sartrienne du sadisme dans L'Être et le néant, IIe partie, ch.

III, pp.

439-453). C.

Le comportement égocentrique de l'amour Aime-t-on parce que la personne est aimable ou la trouvons-nous aimable parce que nous l'aimons ? II.

L'AMOUR EST UNE CONTRAINTE IMPOSSIBLE A.

Le non-sens du commandement d'aimer Si l'amour exige de répondre au moins à une stratégie de la similitude (aime ton prochain comme toi-même), est-ilpossible et sommes-nous autorisés à aimer autrui contre sa volonté d'autrui justement, sa volonté de ne pas êtreaimé de nous ? Son droit, et le respect qu'on veut lui témoigner, ne s'étendent-ils pas jusque-là ? Cela est plusqu'un droit du reste.

Il n'est pas en effet jusqu'au statut ontologique d'autrui qui ne nous impose déjà de délaisser l'autre.L'approche morale d'autrui implique une éthique de la distance, une philosophie de la politesse.

Cette philosophieexigerait ainsi du prochain « qu'il sache toujours aussi se comporter comme un lointain et se garde de toute intrusiondans la vie personnelle d'un individu (A.

Philonenko, Introduction à Kant, Métaphysique des moeurs, I, Vrin, p.

54).Le droit souverain qu'a autrui sur moi de me refuser mon amour (au nom de sa liberté, et de sa propriété ontologiqued'être un soi pour-soi, c'est-à-dire autre chose qu'un simple objet pour moi, un en-soi) ainsi que l'inter-dit moral qu'ilpourrait à tout moment me signifier de l'aimer contre son gré dresse le devoir d'aimer en antithèse de la libertéd'autrui.

Il y a là un conflit des commandements. B.

La problématique du pardon. »

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