A quoi servent les artistes ?
Publié le 07/08/2005
Extrait du document
«
De ce qui a été dit il résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ceà quoi on peut s'attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité.
En effet, ladifférence entre l'historien et le poète ne vient pas du fait que l'un s'exprime en vers ou l'autre en prose (onpourrait mettre l'oeuvre d'Hérodote en vers, et elle n'en serait pas moins de l'histoire en vers qu'en prose); maiselle vient de ce fait que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce à quoi l'on peut s'attendre.
Voilà pourquoi la poésie estune chose plus philosophique et plus noble que l'histoire: la poésie dit, plutôt le général, l'histoire le particulier.
Legénéral, c'est telle ou telle chose qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire, conformément à la vraisemblance ou àla nécessité : c'est le but visé par la poésie, même si par la suite elle attribue des noms aux personnages.
Leparticulier, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé.
Aristote
b.
Cette fonction donne à l'artiste un pouvoir, une influence, qui peut être morale, politique ou religieuse, sur les membres d'une société.
(...) La tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans unlangage relevé suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyend'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation, propre à pareilles émotions.
ARISTOTE
c.
Cependant, définir le travail artsitique à travers le prisme de l'utilité de la représentation, c'est trouver l'essence de l'art hors de ce dernier.
Cette conception ne semble d'ailleurs pas opérative pourpenser la musique ou l'art non représentatif.
2) L'art pour l'art
a.
Il est pourtant possible de définir le travail de l'artiste en partant d'une fin interne à l'oeuvre d'art, à savoir l'expression de la beauté comme cohérence interne.
«C'est la perception des rapports qui a donné lieu à l'invention du terme beau.»Diderot
b.
Dès lors, le travail artistique se définit dans sa gratuité puisqu'il n'a d'autre fin que l'oeuvre d'art elle-même dans sa cohérence interne.
C'est ce que les Parnassiens ont désigné par la maxime « l'artpour l'art ».
L'art en tant qu'habileté humaine est distinct de la science (le savoir-faire est distinct du savoir), comme unefaculté pratique est distincte d'une faculté théorique, comme la technique de la théorie (de même l'arpentage dela géométrie).
C'est pourquoi précisément on ne qualifiera pas d'art ce qu'on est en mesure de faire dès qu'il s'agitde savoir ce qui doit être accompli, et que donc l'on se contente de connaître suffisamment l'effet recherché.
Cepour l'exécution de quoi nous manquons de l'habileté immédiate, bien qu'on en ait la connaissance la plus complète,cela seul, comme tel, s'appelle art.
Peter Camper dit très exactement comment devrait être faite la meilleurechaussure, mais il était certainement incapable d'en faire une.
L'art se distingue aussi de l'artisanat; l'art est ditlibéral, l'artisanat peut être appelé art mercantile.
On considère le premier comme s'il ne pouvait être orienté parrapport à une fin qu'à condition d'être un jeu, c'est-à-dire une activité agréable en soi; le second comme untravail, c'est-à-dire comme une activité en soi désagréable, attirante par ses seuls effets.
KANT
Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt.L'objet d'une semblable satisfaction s'appelle beau.
Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objetd'une satisfaction universelle.
Cette définition du beau peut être tirée de la précédente, qui en fait l'objet d'unesatisfaction dégagée de tout intérêt.
En effet, celui qui a conscience de trouver en quelque chose une satisfactiondésintéressée ne peut s'empêcher de juger que la même chose doit être pour chacun la source d'une semblablesatisfaction.
Car, comme cette satisfaction n'est point fondée sur quelque inclination du sujet (ni sur quelqueintérêt réfléchi), mais que celui qui juge se sent entièrement libre relativement à la satisfaction qu'il attache àl'objet, il ne pourra trouver dans des conditions particulières la véritable raison qui la détermine en lui, et il laregardera comme fondée sur quelque chose qu'il peut aussi supposer en tout autre ; il croira donc avoir raisond'exiger de chacun une semblable satisfaction.
Ainsi parlera-t-il du beau comme si c'était une qualité de l'objetmême, et comme si son jugement était logique (c'est-à-dire constituait par des concepts une connaissance del'objet), bien que ce jugement soit purement esthétique et qu'il n'implique qu'un rapport de la représentation del'objet au sujet : c'est qu'en effet il ressemble à un jugement logique en ce qu'on peut lui supposer une valeuruniverselle.
Mais cette universalité n'a pas sa source dans des concepts.
Car il n'y a pas de passage des conceptsau sentiment du plaisir ou de la peine.
(...) Le jugement de goût, dans lequel nous avons tout à fait conscienced'être désintéressé, peut donc réclamer à juste titre une valeur universelle, quoique cette universalité n'ait passon fondement dans les objets mêmes ; en d'autres termes, il a droit à une universalité subjective.
KANT
Il existe deux espèces de beauté : la beauté libre (pulchritudo vaga) ou la beauté simplement adhérente(pulchritudo adhaerens).
La première ne présuppose aucun concept de ce que l'objet doit être ; la secondesuppose un tel concept et la perfection de l'objet d'après lui.
Les beautés de la première espèce s'appellent lesbeautés (existant par elles-mêmes) de telle ou telle chose ; l'autre beauté, en tant que dépendant d'un concept(beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d'une fin particulière.
Des fleurs sont delibres beautés naturelles.
Ce que doit être une fleur peu le savent hormis le botaniste et même celui-ci, quireconnaît dans la fleur l'organe de la fécondation de la plante ne prend pas garde à cette fin naturelle quand il enjuge suivant le goût.
Ainsi au fondement de ce jugement il n'est aucune perfection de quelque sorte, aucunefinalité interne, à laquelle se rapporte la composition du divers.
Beaucoup d'oiseaux (le perroquet, le colibri, l'oiseau.
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