A quoi sert la technique ? Technique et utilité
Publié le 23/03/2015
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La neutralisation due au développement effréné de la technique et surtout au déploiement de son essence affecte aujourd'hui l'être même de l'homme. A partir de Descartes, l'homme devient le sujet par excellence et les choses qui lui font face sont désormais des objets. Or, nous assistons maintenant à une restriction du couple sujet-objet qui nous fait passer de sa neutralité objective à la neutralisation. A notre époque, c'est-à-dire à l'époque où l'esprit de la technique commence à prédominer, les objets ne sont plus pour l'homme que ce qui est disponible en vue d'être utilisé. Dans la mesure où cette restriction du couple sujet-objet revêt la forme d'une sorte de dilatation (l'accélération du progrès technique), on ne considère en général que celle-ci en oubliant de remonter jusqu'à son origine. Une telle situation fait naître maints discours sur la « qualité de la vie «. Mais opposer une perspective qualitative à une perspective quantitative — laquelle aurait peut-être été nécessaire mais serait en tout cas dépassée — est non seulement une attitude superficielle mais surtout une position parfaitement adéquate à l'esprit de la technique. Nous pourrions dire en résumé que la technique se situe ainsi a priori dans la sphère de l'utilisation et de l'exploitation.
«
La technique 115
Sur les rapports de la science et de la technique vus par un grand physicien, on lira
La Nature dans la physique contemporaine, de Werner Heisenberg («Idées»,
Gallimard; cf.
surtout le premier texte de ce livre).
En
ce qui concerne la technique à proprement parler, l'on peut fort bien se
rafraîchir la mémoire en consultant une histoire des techniques.
Il en existe une dans
la collection «Que sais-je?»: Histoire des techniques(« Que sais-je?», P.U.F.
n° 126).
Mais pour ce qui est
du fond même de la technique, nous conseillons aux élèves
d'aller droit à la question, c'est-à-dire au texte de Heidegger qui s'intitule
«Laques
tion de la technique » (in : Essais et Conférences, Gallimard).
Nous recommandons
de compléter la lecture de ce texte par celle de deux autres textes du même volume
(Essais et Conférences), à savoir « Science et méditation » et le « Dépassement de la
métaphysique
».
Mais on peut aussi se reporter avec fruit à un texte que l'on a traduit
sous le titre de
« Sérénité », ainsi qu'au Commentaire à« Sérénité » » (tous deux dans
le volume
Questions Ill (Gallimard).
Indiquons encore, toujours dans Questions Ill la
« Lettre sur l'humanisme ».
Heidegger nous donne également de précieuses indica
tions sur la signification profonde de la technique dans
Qu'appelle-t-on penser?
(P.U.F.) ainsi que dans deux textes de Chemins ...
(Gallimard) : «L'époque des
conceptions du monde
» et « Pourquoi des poètes ? » On lira enfin.
dans Questions IV
(Gallimard), «la fin de la philosophie et la tâche de la pensée», «Le tournant», les
trois séminaires du Thor et celui de Zahringen.
Dans le tome II de
Dialogue avec Heidegger (éd.
de Minuit), Jean Beaufret
cherche à préciser le
« dialogue avec le marxisme » et la « question de la technique »,
(pp.
143 à 181).
On lira aussi, dans le tome III du même ouvrage, le texte intitulé
« philosophie et science » (pp.
28 à 51 ).
A propos de ce qu'implique la technique dans notre type de société, nous suggé
rons aux élèves de se reporter à certains textes de Herbert Marcuse ou de Léopold
Flam.
Pour le premier, citons L'Homme unidimensionnel (éd.
du Seuil, collection
«Points » ; cf.
en particulier les chapitres 6 et 7) et Vers la libération (Gonthier
Denoël,
«Méditations»).
Les élèves qui lisent l'anglais trouveront le texte original
dans une collection de poche sous le titre
An Essay on Liberation (a Pelican Book).
Pour le second (Léopold Flam), citons également deux textes : Démocratie et
Marxisme (P.U.B., P.U.F.) -cf.
le chapitre X intitulé« la pensée poétique»-, et
La Philosophie au tournant de notre temps (P.U.B., P.U.F.)- cf.
le chapitre IX qui a
pour titre
« L'éros technicien ».
Signalons enfin trois textes d'écrivains contemporains qui, à des titres et à des
degrés divers, ont trait à la technique :
- Ernst Jünger :
Passage de la ligne, in : Essai sur l'homme et le temps, tome III
(éd.
du Rocher) ;
- André Malraux:
La Tentation de l'Occident (Le Livre de Poche);.
»
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