A quoi sert la philosophie ?
Publié le 03/02/2005
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la philosophie. 2) Le passage à la philosophie · Une question étrangère = la philosophie est donc essentiellement une façon de s'interroger les fondements et la cohérence de contenus de pensée, aux antipodes d'unefoi aveugle et définitive dans ces idées.
La philosophie demeure une forme de pensée, uneattitude qui a souvent reçu le nom d'esprit critique.
Elle est avant tout une expérience quiagit en retour sur l'esprit qui s'y exerce. · La philosophie ne peut répondre à un besoin de philosophie dans la mesure exacte où elle ne constitue pas essentiellement une réponse.
Cette mise au point nous ramène àl'inutilité de la philosophie. · Aussi, est-il probable que la question de l'utilité de la philosophie est une question qui lui est étrangère, une question qui ne peut lui être posée que de l'extérieure.
Il semblenécessaire de prendre du recul par rapport à cette question, pour se demander commenton peut être amené à ne plus s'interroger sur le pourquoi de la philosophie.
Commentpasse-t-on du non-philosophique au philosophique, comment dépasse-t-on l'obstacle del'inutilité de la philosophie ? · Faire de la philosophie / sortir de l'opinion = Le problème épineux du passage à la philosophie s'exprime avec clarté dans l'opposition classiquement admise entre opinion etphilosophie.
La philosophie se caractérise dès sa naissance par une critique et unedénonciation de l'opinion au nom d'une exigence de vérité et de fondement plus haut. · Mais pour comprend l'abandon de l'opinion au profit de la philosophie, pour mettre eu jour la nécessité du passage à la philosophie, il faudrait encore que fussent établiesl'insuffisance, la contradiction interne, l'absence de viabilité de l'opinion.
Or, le propre del'opinion est d'être satisfaite elle-même, de s'accommoder fort bien de l'absence defondement des propositions qu'elle fait siennes.
En effet, être dans l'opinion, c'estprécisément ne pas se poser la question du fondement, et ainsi, ne pas comprendre lesreproches adressés par la philosophie.
De la doxa à la philosophia, le chaînon restemanquant. 3) Figures du paradoxe de la philosophie : mort, étonnement, doute · De nombreux philosophes ont ainsi marqué la solution de continuité qu'implique tout passage à la philosophie, notamment à travers le motif de la mort.
« Philosopher, c'estapprendre à mourir », nous dit Montaigne, marquant par là que le fait de philosopher a àvoir avec une certaine forme de relation entre le corps et l'âme, mais aussi combien c'estun acte plein de mystère. · « Apprendre à mourir » reste une formulation bien énigmatique pour celui qui n'est pas initié.
Elle marque l'impossibilité de rationaliser et d'expliquer le passage à la philosophie.
Ils'agit de vivre une autre vie, de mourir à une vie non philosophique.
C'est une expériencequi a un effet sur celui qui la vit, et non la conclusion d'une démonstration.
Socrate ditainsi que « s'appliquer à la philosophie », c'est « mourir et être mort » (Phédon, 64a).
Onpeut voir dans cette formulation étonnante le signe de la difficulté du passage à laphilosophie, il faut déjà être mort. · La notion d'étonnement représente chez Platon la tentative d'expliquer la naissance de la philosophie.
Elle permet en effet d'exprimer le renversement d'attitude face au monde quise produit lorsque, délaissant l'opinion, on se tourne vers la philosophie.
Cette conversionconsiste à poser, à propos de quelque chose que le monde connaît et a toujours connu(par exemple la vertu dans le Ménon) la fameuse question socratique : qu'est ce quec'est ? De même, l'idée que la philosophie commence par une mise en doute radicale detoutes nos connaissances implique pour Descartes un travail sur soi qu'il faut sans cesserenouveler.
La démonstration ne suffit pas, il faut parvenir à une transformation du moipensant.
La volonté de douter se heurte constamment à la menace d'un retour à noshabitudes de pensée. · De l'extérieur de la philosophie, la nécessité du passage à la philosophie ne peut jamais être démontrée définitivement.
C'est seulement une fois que l'on est dans cette expérienceque l'on peut comprendre après-coup le sens et la nécessité de cette décisionphilosophique.
Le passage à la philosophie s'appuie, bien plus que sur la démonstration deson utilité pour la vie de chacun, sur l'existence d'un désir irréductible à tout autre.
Il estainsi intéressant de noter que cette démarche d'explication et de fondation qu'est laphilosophie repose sur l'existence sans raison d'un désir vécu et partagé de philosopher. Conclusion * L'utilité de la philosophie est toujours une question qui lui est étrangère, sinon on fait un usage non philosophiquede la philosophie..
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