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À quoi reconnaît-on un instant de bonheur ?

Publié le 25/03/2015

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Un instant d'éternité

S'il faut se garder de confondre bonheur et plaisir, peut-on pour autant satisfaire la demande de la conscience en ne situant le bonheur qu'à l'échelle de l'existence entière, voire de l'éternité ?

Le bonheur fragile

 

Une des justifications du carpe diem est d'abord la fragilité du bonheur, la fragmentation du temps humain : même si nous ne recherchons pas que le plaisir d'un instant, le bonheur est souvent interrompu brutalement et il faut donc savoir l'apprécier dès le premier instant.

Une rencontre se transforme-t-elle en relation durable, un flirt en mariage ? Alors s'installe bien souvent non pas un bonheur continu mais l'ennui de l'uniformité. C'est souvent cette crainte de ne pas réussir la conver­sion à la durée qui fait dire qu'il n'y a de bonheur que dans l'instant. L'ins­tant serait alors non seulement le « lieu « (si l'on peut dire) privilégié du bonheur, mais même le seul. C'est ici l'image de Don Juan qui s'impose : le catalogue qu'il tient de ses amours est celui des instants de bonheur qu'il collectionne et oppose à l'ennui du mariage légitime.

·     La joie comme instant d'éternité

« bonheur.

On cherchera ici à préciser le rôle des notions de plai­ sir, d'émotion, d'événement.

La fête, événement ponctuel et riche en émotions, peut-elle symboliser le bonheur dans l'ins­ tant? Pourquoi n'y aurait-il de bonheur que dans l'instant ? Il faut à présent se demander pourquoi on pourrait dire que le bonheur se concentre dans des instants privilégiés mais ne s'étend pas dans la durée.

On peut faire valoir ici deux types de raisons.

D'une part, les raisons extérieures: le cours des choses est changeant et la vie est souvent une alternance de bonheurs et de malheurs.

D'autre part, une raison propre au tempéra­ ment humain : avec la permanence, la stabilité, vient souvent l'ennui.

C'est ainsi que le mariage ou une relation durable sont parfois présentés comme /es pires ennemis d'un amour intense.

Comment penser le bonheur dans la durée ? Cette démarche correspond à l'idéal grec de l'eudaimonia, la vie heureuse ou réussie : nous sommes des êtres conscients, c'est-à-dire capables de penser une unité des divers instants de l'existence.

Peut-on juger l'existence tout entière comme un acte unique que l'on pourrait qualifier d'heureux ou malheureux ? Peut-il y avoir un bonheur intérieur plus fort que les aléas du destin ? (Voir à ce propos, dans ce manuel, le commentaire du texte de Descartes sur les passions.) Le christianisme reprendra cette réflexion en situant l'idée du bonheur humain en tension entre le simple plaisir instantané et la félicité, la béatitude qui accompagnent la découverte de la vérité divine et qui nous font toucher l'éternité.

Mobiliser des références Les références philosophiques ne manquent pas sur un tel sujet Citons-en quelques-unes : - Platon critique déjà la conception du bonheur fondée sur la recherche du plaisir corporel et le place dans une contempla­ tion spirituelle de l'éternel.

-Les épicuriens (Épicure, Lucrèce) sont un cas intéressant car, d'un côté ils disent que le bonheur se situe dans le plaisir, mais d'un autre côté ils disent que le bonheur est l'absence perma­ nente de douleur, qu'on peut obtenir en ne recherchant que des plaisirs extrêmement modérés.. »

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