A quoi reconnaît-on qu'un problème est philosophique
Publié le 21/03/2004
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C'est un sujet difficile qui ne porte sur aucun secteur particulier du programme mais sur la réflexion philosophique elle-même. Qu'est-ce qui distingue un problème philosophique d'un autre problème, non philosophique? Le problème philosophique n'existe pas tout fait. Il ne précède pas la réflexion. C'est à la réflexion qu'il appartient de le constituer : quelle est donc la manière proprement philosophique de poser un problème ? La réflexion doit réfléchir sur elle-même. Le sujet de cette dissertation n'est autre que : comment faut-il s'y prendre pour faire une dissertation de philosophie? (!) L'utilisation des auteurs est ici délicate : les auteurs ne sont que des exemples de réflexion philosophique. Vous ne pouvez prétendre qu'un auteur particulier a vu, contre tous les autres, ce qu'est un problème philosophique, car ce serait exclure les autres de la philosophie. Il faut donc, au lieu d'opposer les auteurs, chercher ce qui fait l'unité de leur démarche. C'est seulement à un certain degré de profondeur, lorsqu'il s'agira de découvrir le fondement dernier du problème philosophique, que des différences pourront réapparaître entre les auteurs.
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Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison.
Le rationalismefait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de laconnaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et sesprétentions abusives.
C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raisonprétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer deschoses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomènesensible (le Moi, le monde, Dieu).L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer (Platon, Descartes), maiselle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouveempêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'unethèse et de son antithèse).
La « Dialectique transcendantale » est donccette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment laraison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà del'expérience.Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusiontranscendantale est inévitable, incorrigible, à l'inverse de l'erreur.
L'illusiontranscendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effortd'attention ne peut y remédier.La connaissance est unification.
Pas de connaissance sans données sensibles; mais les formes a priori de la sensibilité (espace et temps) unifient déjà lesdonnées de l'expérience.
Puis cette expérience sensible est unifiée sous lescatégories de l ‘entendement.
La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en un système sous des idées, le moi, le monde et Dieu.
Ces idées ne sont donc que desformes organisatrices, ou des « principes régulateurs ».
Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par sonessence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie dessciences à part entière, alors que nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucunefaçon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeurobjective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priorid'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.
L'illusion se révèleà travers les quatre antinomies qui permettent, concernant quatre « propriétés » du monde, de soutenir à la fois lathèse et l'antithèse.• Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'a pasde commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace.• Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans le monde(divisibilité à l'infini).• Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il existe une causalité libre / il n'existe pas decausalité libre.• Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou cause du monde / il n'existe pas d'êtrenécessaire, ni dans le monde, ni en dehors.
En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.
Surgit alors le fantômedu scepticisme.
Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme, qui fait glisserd'une idée de la raison à son existence comme chose en soi objective.
La raison est à elle-même son propre remède: c'est la démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existence de Dieu,preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative..
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