A quoi reconnaît-on l'humanité en chaque homme ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
A quels signes peut-on identifier, par la pensée, le jugement ou quelque autre fonction de l'esprit, l'ensemble spirituel global présent en chaque individu considéré dans sa particularité ?
«
C.
L'infini du visage de chaque homme donne â voir son humanité.
En chaque homme, en définitive, comment reconnaître l'humanité tout entière? En chaque subjectivité, je rencontreun ordre de signification transcendant où s'incarne l'humanité: n'est-ce point, ici, le visage qui signifie,simultanément, subjectivité et humanité universelle? Le visage est manifestation de l'infini : il donne à voir uneréalité transcendante, ce qui dépasse le monde empirique, un ordre d'existence supérieur: à la fois le sacré etl'humanité comme champ éthique.
Le visage signifie autre chose que la simple subjectivité.
Sinon, il ne m'inviteraitpas au respect.
À quoi reconnaît-on l'humanité en chaque homme? Par la médiation d'un visage signifiant l'universel.Je reconnais l'humanité par la médiation du visage, qui est d'emblée éthique et, dès lors, présence axiologiqueuniverselle.
« On peut dire que le visage n'est pas " vu ".
Il est ce qui ne peut devenir un contenu, que notre penséeembrasserait ; il est l'incontenable, il vous mène au-delà.
C'est en cela que la signification du visage le fait sortir del'être en tant que corrélatif d'un savoir.
Au contraire, la vision est recherche d'une adéquation ; elle est ce qui parexcellence absorbe l'être.
Mais la relation au visage est d'emblée éthique.
Le visage est ce qu'on ne peut tuer, oudu moins ce dont le sens consiste à dire : « Tu ne tueras point ».
Le meurtre, il est vrai, est un fait banal : on peuttuer autrui ; l'exigence éthique n'est pas une nécessité ontologique.
L'interdiction de tuer ne rend pas le meurtreimpossible, même si l'autorité de l'interdit se maintient dans la malignité du mal accompli [...].
Le « Tu ne tueraspoint » est la première parole du visage.
» (Emmanuel Lévinas, Éthique et infini).
« Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.
C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.
Lameilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observela couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.
La relation avec le visage peut certes être dominéepar la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas.
Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.
La peau du visage est cellequi reste la plus nue, la plus dénuée.
La plus nue, bien que d'une nudité décente.
La plus dénuée aussi: il y a dansle visage une pauvreté essentielle.
La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant desposes, une contenance.
Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.
En même tempsle visage est ce qui nous interdit de tuer.
»
Lévinas , « Ethique et infini ».
Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.
Quand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface àobserver et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.
Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablementautrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité dudonné.
En posant autrui comme objet, je reste seul.
La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté.L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique detuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.
Autrui nous est livré dans unedimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer.
En bref, devant le visage humain, je puis identifier une réalité universelle.
Je reconnais l'humanité en chaque hommeà travers l'expérience du visage manifestant l'infini.
Conclusion.
Faut-il voir dans l'homme une réalité purement individuelle ou le représentant d'une espèce universelle? C'estl'universalité d'un genre qui qualifie l'homme, cet accès à l'humanité se manifestant par le discours, l'exigenceesthétique et la précarité du visage exigeant l'ordre éthique.En affirmant que le privilège d'humanité est inscrit en l'homme, on laisse ouverte, dans son caractère énigmatique, laquestion de l'inhumain.
Que faire de ce qu'il y a d'inhumain en nous et comment le comprendre, si l'humanité est aufond de chaque individu ? Comment l'être humain (individuel) peut-il être dépossédé de son humanité profonde etuniverselle ? Ainsi, la question posée dans l'intitulé nous ouvre-t-elle à un champ de questionnement indéfini..
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