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A quelles conditions un jugement peut-il à la fois répondre àune exigence universelle et exprimer une personnalité ?

Publié le 01/04/2009

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L'illusion la plus commune, en matière d'affirmation personnelle, est celle du spontanéisme. S'exprimer sans normes ni contraintes, opiner sans exigence de vérité ou d'universalité, semblent fournir la formule du libre épanouissement de soi. Faux-semblant cependant. De fait, la spontanéité recouvre bien souvent l'expression directe, et aveugle à ce qui la détermine, d'influences ou de déterminismes divers. Le préjugé, par exemple, n'acquiert-il pas dans bien des cas l'apparence d'un jugement spontané ? D'où la question d'un dépassement des limites en jeu. A quelles conditions un jugement peut-il à la fois répondre à une exigence universelle et exprimer une personnalité ?

A) L'éducation et l'instruction, à travers le langage et le discours, sont les conditions de la synthèse requise.

B) L'élimination ou la mise à distance par l'intelligence des éléments irrationnels, passionnels, etc.

C) L'esprit critique et le doute.

« particuliers, un acquis issu de ma personnalité, de mon expérience, de mes lectures, etc., à des normes beaucoupplus universelles, ici l'idée de mal, celle de société, etc.

Un jugement valable doit à la fois répondre à une exigenceuniverselle et exprimer une personnalité, c'est-à-dire renvoyer à un moi un et identique, à une conscience de soi.

Siun jugement demeure entièrement marqué par la personnalité, sans aucune référence à l'universel, il est limité et, enun sens, vain.

Il n'est même pas promesse de communication entre les hommes.À quelles conditions la synthèse souhaitée - avec accès à l'universel - est-elle possible ? À la condition, d'abord,qu'une véritable instruction et une authentique éducation modèlent l'homme, comme Alain le montre si bien dans cetexte.

La véritable instruction a vocation universelle : elle conduit l'homme dans des sphères variées, elle met enmesure de juger en se référant à des normes universelles.

Elle actualise donc, à travers le langage, l'exercice d'unjugement adéquatement formulé, jugement naissant de notre moi et, en même temps, le dépassant.

Sans uneéducation conduisant l'individu hors d'une sphère limitée et particulière, la synthèse des éléments particuliers(personnalité) et universels ne peut s'effectuer.Nous avons donc ici la première condition requise. B) L'élimination ou la mise à distance par l'intelligence des éléments irrationnels, passionnels, etc. Mais pourquoi, en profondeur, l'éducation représente-t-elle cette condition nécessaire à la synthèse entre l'universelet le particulier ? Parce qu'elle assure la mise à distance des éléments irrationnels ou trop subjectifs présents ennous : passions, sentiments, affections diverses, affects marqués par un excès de subjectivité, etc., nuisent àl'universalité du jugement.

À quelles conditions un jugement ré-pondra-t-il à une exigence universelle ? La mise àdistance des éléments irrationnels ou trop subjectifs nous apparaît comme une condition nécessaire.

En d'autrestermes, est exigé ici tout un travail de l'intellect (ou de l'entendement), travail qui dissoudra l'irrationnel desaffections diverses pour que l'emporte l'exigence universelle.

Néanmoins, le jugement, même purgé d'un excèsd'affectivité peut porter la marque de la personne, du moi un et identique.

Dans le domaine moral, politique, etc., lejugement adéquat est à la fois purifié, par l'intelligence, de son irrationalité, et en rapport avec le moi et lapersonnalité.Éducation, travail de l'entendement : autant de conditions permettant l'exercice d'un jugement universel etpersonnel.

Distinguons, enfin, une troisième condition. C) L'esprit critique et le doute. Enfin, pour qu'un jugement puisse s'effectuer sous le double signe de l'universel et du personnel, de ce qui estvalable pour tous et de ce qui est en rapport avec un moi, il doit être soumis, comme à une condition nécessaire, autravail de l'esprit critique et du doute.

L'esprit critique désigne cette attitude d'esprit n'admettant aucuneaffirmation sans avoir reconnu sa légitimité rationnelle.

Le doute (méthodique) désigne cette suspension dujugement conduite jusqu'à la certitude ou à la vérité, jusqu'à la certitude absolue.

Un jugement issu de la personneméritera d'être dit universel s'il a été soumis préalablement à l'esprit critique et au doute.

Dans le cas contraire, ilrisque fort d'être subjectif {et non point personnel) et d'échapper à l'universalité.Éducation, instruction, travail de l'entendement et du doute-, autant de conditions permettant l'exercicesynthétique du jugement, personnel et universel à la fois. Conclusion La synthèse de l'universel et du particulier semble donc possible, au niveau du jugement.

Ainsi la communicationest-elle généralement assurée entre les hommes.. »

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