A propos de l'Humain
Publié le 18/12/2013
Extrait du document
«
avec lequel on a justifié tant de trahisons envers l’être humain.
Par exemple : parce que les natifs
d’un endroit étaient différents des conquérants venus d’un autre endroit, on les a appelés les
« naturels » ou aborigènes; parce que les races présentaient quelques différences
morphologiques ou pigmentaires, elles ont été assimilées à différentes natures à l’intérieur de
l’espèce humaine; et ainsi de suite ...
De cette façon, on définissait un ordre « naturel » et changer cet ordre devenait un péché à
l’encontre de ce qui était établi d’une manière définitive.
Des races différentes, des sexes
différents, des positions sociales différentes étaient établis à l’intérieur d’un même ordre que l’on
supposait naturel et qui se devait d’être conservé de façon permanente.
Ainsi l’idée de nature humaine servit un ordre de production naturelle, mais il s’est fracturé
à l’époque de la révolution industrielle.
Aujourd’hui, il reste encore des vestiges de l’idéologie zoologique de la nature humaines,
par exemple dans la psychologie où l’on parle encore de certaines facultés « naturelles » telles
que la « volonté » ou d’autres choses du même genre, le droit naturel, l’Etat en tant que partie de
la nature humaine projetée, qui n’ont rien apporté d’autre qu’un quota d’inertie historique et de
négation de la transformation.
Si la coprésence de la conscience humaine travaille grâce à l’énorme faculté d’amplification
temporelle et si l’intentionnalité de celle-ci permet de projeter un sens, ce qui caractérise l’être
humain, c’est d’être et de faire le sens du monde :
« Nommeur de mille noms, faiseur de sens, transformateur du monde ...
Tes parents et les
parents de tes parents se perpétuent en toi.
Tu n’es pas un bolide qui tombe mais une brillante
flèche qui vole vers les cieux.
Tu es le sens du monde et quand tu éclaircis ton sens, tu illumines
la Terre.
Lorsque tu perds ton sens, la Terre s’obscurcit et l’abîme s’ouvre.
»
Bien, nous sommes très loin de l’idée de nature humaine.
Nous sommes même à l’opposé.
C’est-à-dire, si l’idée de permanence, à cause du naturel, a asphyxié l’être humain par un ordre
imposé, nous disons maintenant le contraire : ce qui est naturel doit être humanisé et cette
humanisation du monde fait de l’homme un créateur de sens, de direction et de transformation si
ce sens est libérateur des conditions de douleur et de souffrance soi-disant naturelles.
Ce qui est
véritablement humain, c’est ce qui va au-delà du naturel : c’est ton projet, ton futur, ton enfant, ta
brise, ton lever du jour, ta tempête, ta colère et ta caresse, c’est ta crainte et ton tremblement pour
un futur, pour un nouvel être humain, libre de douleur et de souffrance.
B - Le propre registre de l’humanité dans les autres
Tant que je ne tiendrai compte que de la présence naturelle de l’autre, l’autre ne sera
qu’une présence objectale, ou plus particulièrement animale.
Tant que ma perception de l’horizon
temporel de l’autre sera anesthésiée, l’autre n’aura de sens pour moi qu’en tant que « pour-moi ».
La nature de l’autre sera un « pour-moi ».
Mais en construisant l’autre dans un « pour-moi », je me constitue et je m’aliène dans mon propre
« pour-moi ».
Je veux dire : « Je suis pour moi » et avec ceci je ferme mon horizon de transformation.
Celui qui « chosifie » se « chosifie », et avec ceci il ferme son horizon.
Tant que je n’expérimenterai pas l’autre en-dehors du « pour moi », mon activité vitale
n’humanisera pas le monde.
L’autre devra être dans mon registre intérieur une chaude sensation de futur ouvert qui ne
finit même pas dans le non-sens chosifiant de la mort..
»
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