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a) «des progrès soit en bien soit en mal». b) «Celte seule distinction paraît mener loin».

Publié le 24/12/2014

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«Ceux d'entre les animaux qui travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles ont quelque langue naturelle pour s'entre-communiquer, je n'en fais aucun doute. Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlent seulement aux yeux. Quoi qu'il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant, ils les ont tous, et partout la même : ils n'en changent point, ils n'y font pas le moindre progrès. La langue de convention n'appartient qu'à l'homme. Voilà pourquoi l'homme fait des progrès soit en bien soit en mal, et pourquoi les animaux n'en font point. Cette seule distinction paraît mener loin.» Rousseau QUESTIONS I) Dégagez l'idée essentielle du texte ; montrez comment elle est mise en oeuvre dans ce passage. 2} Expliquez l'expression : — «Des progrès soit en bien soit en mal». — «Cette seule distinction paraît mener loin». 3) Une langue humaine sert-elle, essentiellement et uniquement, à communiquer ? C'est dans les mots, écrit Hegel, que nous pensons. Nous n'avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et par suite nous les marquons d'une forme externe, mais d'une forme qui contient aussi le caractère de l'activité interne la plus haute. C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée. Et il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot. On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable. Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car, en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.- (Philosophie de l'esprit) 5. Le langage structure et organise le monde n La médiation du langage Mais si penser, c'est «manier les signes de la langue », celle-ci est -une structure informée de signification» (Benveniste, id., p. 74). C'est pourquoi en tant que condition de la pensée, le langage jouera donc un rôle fondamental dans la constitution même de ce réel que la pensée prend pour objet. Comme le fait observer Cassirer, «le langage n'entre pas dans un monde de perceptions objectives achevées, pour adjoindre seulement à des objets individuels donnés et clairement délimités les uns par rapport

« SUJET 4 •Cette idée est mise en œuvre de la manière suivante.

a) Un constat : certains animaux, parce qu'ils travaillent et vivent en commun, usent d'un certain langage.

b) Or, ces langages animaux, parce qu'ils sont instinctifs (non acquis), se caractérisent par leur fixité, leur immuabilité (ils ne changent pas).

d) Donc, ces langages, n'admettant aucun changement, n'autorisent aucun progrès, ni du point de vue du langage lui-même, ni par conséquent du point de vue des idées, lesquelles sont liées au langage.

e) En revanche, le langage humain, parce qu'il est non pas instinctif mais conventionnel, et donc susceptible de toutes les variations (il laisse par exemple la possibilité d'inventer constamment de nouvelles expressions, de nouveaux mots pour désigner des réalités nouvelles, pour introduire des précisions, etc.), permet un progrès (tant du langage lui-même que des idées, de la pensée).

Question 2 Expliquez l'expression : a) «des progrès soit en bien soit en mal», Pris absolument, on entend le plus souvent par "progrès" un développement en bien.

Mais ce n'est pas nécessairement le cas.

Au sens large, le progrès est un processus de développement quelconque, une suite de changements orientés vers quelque chose, consistant en un passage à un degré supérieur.

On peut donc progresser aussi bien vers le mal (on passe à un degré de mal supérieur) que vers le bien.

Ainsi, en permettant le développement des idées quelles qu'elles soient, le langage humain peut-il conduire aussi bien à un accroissement du mal (l'homme a des idées de plus en plus mauvaises, perverses) que du bien (l'homme à des idées de plus en plus bonnes, utiles, etc.).

b) «Cette seule distinction paraît mener loin», Cette «Seule distinction», fondamentale, entre le langage non­ conventionnel des animaux et le langage conventionnel des hommes "paraît» évidemment "mener loin», puisque l'on peut faire reposer sur elle toute la différence entre le monde naturel, dans lequel reste enfermé l'animal, et le monde culturel propre à l'homme, monde essentiellement ouvert (c'est-à-dire toujours susceptible d'être modifié, d'accepter des innovations, de nouvelles inventions, etc.) que l'homme crée lui-même grâce à l'ouverture même de son langage, dans la mesure où sa pensée dépend de ce langage (cf.

ci-dessous).

37. »

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