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1 LA LIBERTE Introduction : - la liberté est une idée que tout le monde connaît bien.

Publié le 20/05/2021

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1 LA LIBERTE Introduction : - la liberté est une idée que tout le monde connaît bien. Mais qui est moins claire qu’il n’y paraît. C’est très difficile de la définir objectivement. On a un lien affectif avec l’idée de liberté. Paul Valéry disait que c’est « un mot qui chante plus qu’il ne parle ». Il faut comprendre que c’est une idée séduisante, qui plaît, mais qu’on ne comprend pas forcément très bien. - exemple de difficulté à la définir : si on pose la question, la plupart des gens définiraient la liberté comme « faire ce qu’on veut ». Mais ce n’est pas forcément une bonne définition. Si on fait ce qui nous plaît, on fait ce qui déplaît aux autres. Et comment être sûr qu’on fait réellement ce qu’on veut ? N’est-on pas plutôt en train de satisfaire un désir ? Exemple : si j’ai envie de m’acheter un pain au chocolat en passant devant une boulangerie, est-ce parce que j’en ai réellement envie, ou n’est-ce pas plutôt parce qu’il y a ce diffuseur de parfum artificiel qui répand une forte odeur de viennoiserie ? - difficulté supplémentaire : la liberté est-elle réellement quelque chose ? Ne faut-il pas plutôt la définir de façon négative comme l’absence d’autre chose, l’absence d’obstacle ? La liberté est-elle encore quelque chose si on ne peut pas la définir de façon positive ? I. Questions préliminaires : quelques fausses conceptions de la liberté 1) la liberté consiste-t-elle à « faire ce qu’on veut » ? On dit souvent qu’être libre, c’est faire « ce qu’on veut ». Et c’est vrai que si on fait ce qu’on ne veut pas, on n’est pas libre. Mais la question se pose de savoir s’il suffit pour autant de faire ce qu’on veut pour être libre ? a) Contre-argument : parfois, on fait ce qu’on veut (l’alcoolique qui boit, le fumeur qui est dépendant, le junkie qui se pique), mais on est en réalité « esclave de ses désirs ». On n’est alors jamais réellement libre, tout ce qui change, c’est la longueur de la chaîne. Il ne faut donc pas confondre l’impression de facilité quand on fait quelque chose avec la liberté. Ni le plaisir que cela donne. C’est peut-être la société de consommation qui nous pousse à croire que c’est en dépensant et en consommant, en s’accordant de vulgaires et menus plaisirs qu’on est libre. b) Un texte qui permet de réfléchir dessus… La discipline empêche que l'homme soit détourné de sa destination, celle de l'humanité, par ses penchants animaux. Elle doit par exemple lui imposer des bornes, de telle sorte qu'il ne se précipite pas dans les dangers sauvagement et sans réflexion. La discipline est ainsi simplement négative ; c'est l'acte par lequel on dépouille l'homme de son animalité ; en revanche, l'instruction est la partie positive de l'éducation. [...] Cependant, l'homme, par nature, a un si grand penchant pour la liberté, que, s'il commence par s'habituer à elle quelque temps, il lui sacrifie tout. C'est pourquoi, comme on l'a dit, il faut avoir très tôt recours à la discipline, car s'il n'en est pas ainsi, il est par la suite très difficile de transformer l'homme. Il suivra alors tous ses caprices. [...] Aussi bien l'homme doit-il de bonne heure être habitué à se soumettre aux prescriptions de la raison. Si en sa jeunesse on laisse l'homme n'en faire qu'à sa volonté et que rien ne lui est opposé, il conserve durant sa vie entière une certaine sauvagerie. [...] Un des plus grands problèmes de l'éducation est alors le suivant : comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se servir de la liberté ? Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment puis-je cultiver la liberté sous la contrainte ? Je dois habituer mon élève à tolérer une contrainte pesant sur sa liberté, et en même temps je dois le conduire luimême à faire bon usage de sa liberté. Sans cela, tout n'est que pur mécanisme et l'homme privé d'éducation ne sait pas se servir de sa liberté. KANT, Propos sur l’éducation Résumé du texte : - l’éducation comporte deux parties : l’instruction (importer des connaissances), et la discipline (« imposer des bornes » pour « dépouiller l’homme de son animalité »). - ce qui veut dire que la discipline consiste à faire régresser la liberté animale (= faire ce qu’on veut, suivre ses désirs, suivre tous ses caprices ») pour augmenter la liberté proprement humaine (« se soumettre aux prescriptions de la raison ») - le maître qui impose de rester assis, qui force l’élève à se discipliner n’est pas un tyran. En quelque sorte, il apprend à l’élève à obéir, pour que plus tard, quand il sera devenu son propre maître il soit capable de s’obéir à lui-même. 2 C’est facile de donner des ordres. C’est beaucoup plus difficile d’y obéir, cela doit s’apprendre. Et la liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est prescrites, pas à suivre ses caprices. La liberté, ce n’est pas l’arbitraire. → dans le deuxième paragraphe, Kant montre que la liberté est compatible avec la contrainte, qu’elle suppose une contrainte. Sans cette contrainte qu’est la discipline qui apprend à se contraindre soi-même, il n’y a pas de liberté possible. Remarques : ce texte de Kant montre qu’on peut être libre ET obéir. Etre libre ne consiste pas à ne pas avoir de maitre, mais à être son propre maitre. De toute façon, on obéit à quelque chose, mais dans un cas, c’est à des impulsions sensibles (les désirs),et dans l’autre, à sa propre raison. 2) la liberté consiste-t-elle en l’absence de limites ? A partir du moment où je vis dans un monde qui ne dépend pas de ma volonté, est-ce que je peux être encore libre ? il est inévitable que je vais rencontrer un jour un obstacle, quelque chose qui ne dépend pas de moi. Il y aura donc comme une limite à ma liberté… Le simple fait que mon corps soit soumis à la pesanteur, que la réalité ne se plie pas à ma volonté, cela ne suffit-il pas pour faire de la liberté un simple rêve ? Réponse : - il y a ici une illusion qui consiste à penser que si la liberté n’est pas absolue et totale, elle n’est pas du tout. - la liberté ne consiste pas en l’absence de limites. Elle consiste plutôt à affronter ces limites. Un exemple : la colombe pourrait penser qu’elle volerait bien mieux s’il n’y avait pas l’air qui la freine… Mais en réalité, elle ne se rend pas compte que voler consister précisément à s’appuyer sur l’air. Que serait une liberté absolue, sans aucune limite, sans aucune contrainte ? Ce serait le néant. Conclusion : la liberté n’est pas dans l’absence de limite (ce serait l’arbitraire, la liberté du caprice), ni dans le fait comme on dit de « dépasser ses limites », mais plutôt la liberté se joue à ses limites. Elle s’appuie sur son contraire… Come le vol de la colombe. II. Qu’est-ce qui peut empêcher la liberté ? 1) l’existence des autres Les autres hommes aussi sont doués de liberté → ils peuvent m’empêcher de faire ce que je veux ! La liberté serait donc l’ennemi de la liberté ! D’où une (fausse) conception de la liberté qui consiste à croire que la liberté consiste à avoir le pouvoir, pour imposer sa volonté. Cf Calliclès : la liberté est dans la force… 2) la simple existence de règles Pour que la liberté des uns et des autres soient compatibles, il faut des règles… Mais est-ce que cela ne revient pas à limiter la liberté, voire à la faire disparaître ? Il existe des lois politiques et morales qui m’empêchent de faire certaines choses. Pour la politique : voir le cours sur l’Etat. En particulier l’opposition Hobbes/Rousseau, résumée dans l’annexe 1. Pour Hobbes, on est vraiment libre dans l’état de nature, mais cette liberté se détruit elle-même dans la guerre de chacun contre tous. Le seul moyen d’être libre, c’est de limiter cette liberté. Elle est alors très restreinte par rapport à l’état de nature, mais elle est assurée (je suis protégé des autres par la puissance du Léviathan). C’est pour cela que l’Etat est un mal nécessaire. 3 Pour Rousseau, on n’a jamais été libre dans l’état de nature. Ce que Hobbes appelle liberté, c’est simplement de la force. La liberté commence avec l’état de société, elle consiste à exercer ses droits légitimes. La liberté est alors inséparable de la loi. « Pas de liberté sans loi ni là où quelqu’un est au-dessus de la loi ». Et c’est parce qu’on obéit aux lois qu’on n’obéit à personne. Pour la morale : on pourrait penser que la morale est une sorte de conditionnement. C’est ce qui limite la liberté de l’intérieur, me fait renoncer volontairement à certaines choses. Par la morale, je deviens mon propre gendarme. On reviendra dessus plus loin. 3) le déterminisme naturel On appelle « déterminisme » la doctrine qui dit que, dans la nature, tout ce qui arrive est déterminé par une cause antécédente. Et cette cause à son tour est déterminée par une autre cause, et ainsi de suite. Les choses s’entrainent donc mécaniquement, dans des « chaînes causales » (le mot chaîne est révélateur). Il n’y a plus de place alors pour la liberté. Cette doctrine a été exprimée le plus nettement par un certain Laplace (physicien et astronome du début du 19ème). C’est ce qu’on appelle « l’hypothèse de Laplace », qu’on peut résumer ainsi : Si un esprit pouvait connaître la position de tous les corps de l’univers (du plus petit atome à la plus vaste planète), et les forces qui s’exercent sur eux, il pourra en déduire quel va être l’état de l’univers à l’instant suivant, puis à l’instant suivant et ainsi de suite pour l’éternité. Autrement dit, il saura ce qui va arriver, avant même que ça n’arrive. Il n’y donc plus de place possible pour le hasard, ni pour la liberté. Ce qu’on appelle liberté est simplement dû au fait qu’on ne connaît pas toutes les causes. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Ce qu’on appelle « liberté » (dans l’homme), ou « hasard » (dans la nature) est simplement de l’ignorance. Problème qui se pose : on dirait bien que les événements physiques sont régis par le déterminisme. Mais est-ce que l’homme y est soumis également ? Peut-on dire, en parodiant une formule de Spinoza, que « ...
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« 2 C’est facile de donner des ordres.

C’est beaucoup plus difficile d’y obéir, cela doit s’apprendre.

Et la liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est prescrites, pas à suivre ses caprices.

La liberté, ce n’est pas l’arbitraire. → dans le deuxième paragraphe, Kant montre que la liberté est compatible avec la contrainte, qu’elle suppose une contrainte .

Sans cette contrainte qu’est la discipline qui apprend à se cont raindre soi -même, il n’y a pas de liberté possible. Remarques : ce texte de Kant montre qu’on peut être libre ET obéir.

Etre libre ne consiste pas à ne pas avoir de maitre, mais à être son propre maitre.

De toute façon, on obéit à quelque chose, mais dan s un cas, c’est à des impulsions sensibles (les désirs),et dans l’autre, à sa propre raison. 2) la liberté consiste -t-elle en l’absence de limite s ? A partir du moment où je vis dans un monde qui ne dépend pas de ma volonté, est -ce que je peux être encor e libre ? il est inévitable que je vais rencontrer un jour un obstacle, quelque chose qui ne dépend pas de moi.

Il y aura donc comme une limite à ma liberté… Le simple fait que mon corps soit soumis à la pesanteur, que la réalité ne se plie pas à ma volont é, cela ne suffit -il pas pour faire de la liberté un simple rêve ? Réponse : - il y a ici une illusion qui consiste à penser que si la liberté n’est pas absolue et totale, elle n’est pas du tout.

- la liberté ne consiste pas en l’absence de limites.

Elle consiste plutôt à affronter ces limites. Un exemple : la colombe pourrait pen ser qu’elle volerait bien mieux s’il n’y avait pas l’air qui la freine… Mais en réalité, elle ne se rend pas compte que voler consister précisément à s’appuyer sur l’air.

Que serait une liberté absolue, sans aucune limite, sans aucune contrainte ? Ce sera it le néant. Conclusion : la liberté n’est pas dans l’absence de limite (ce serait l’arbitraire, la liberté du caprice), ni dans le fait comme on dit de « dépasser ses limites », mais plutôt la liberté se joue à ses limites.

Elle s’appuie sur son contrair e… Come le vol de la colombe .

II.

Qu’est -ce qui peut empêche r la liberté ? 1) l’existence des autres Les autres hommes aussi sont doués de liberté → ils peuvent m’ empêcher de faire ce que je veux ! La liberté serait donc l’ennemi de la liberté ! D’où une (fausse) conception de la liberté qui consiste à croire que la liberté consiste à avoir le pouvoir, pour imposer sa volonté.

Cf Calliclès : la liberté est dans la force… 2) la simple existence de règles Pour que la liberté des uns et des autres soient compatibles, il faut des règles… Mais est -ce que cela ne revient pas à limiter la liberté, voire à la faire disparaître ? Il existe des lois politiques et morales qui m’empêchent de faire certaines choses. Pour la politique : voir le cours sur l’Etat.

En particulier l’opposition Hobbes/Rousseau , résumée dans l’annexe 1. Pour Hobbes, on est vraiment libre dans l’état de nature, mais cette liberté se détruit elle -même dans la guerre de chacun contre tous.

Le seul moyen d’être libre, c’es t de limiter cette liberté.

Elle est alors très restreinte par rapport à l’état de nature, mais elle est assurée (je suis protégé des autres par la puissance du Léviathan).

C’est pour cela que l’Etat est un mal nécessaire.. »

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