Souvenirs d'école (rédaction, collège)
Publié le 17/02/2023
Extrait du document
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L’ÉCOLE
Le tout premier souvenir ancré au fond de moi est celui d'une école, ma
première école.
Mamé Félicie (madame Besson), mon arrière grandmère paternelle, y gardait les enfants de deux à trois ans, l'institutrice
éduquait et instruisait les plus grands, jusqu'à six ans.
En 1922, j'étais la fillette privilégiée qui pouvait, en compagnie de sa
bonne grand- mère se rendre à l'école maternelle quand elle le désirait,
y arriver avant l'heure, y demeurer après la classe, y venir le jeudi.
La grande porte s'ouvrait sur ce monde merveilleux qui était à moi
seule : la petite cour aux deux minuscules jardinets, le grand préau aux
hirondelles, la classe joliment décorée et là-haut, sur l'étagère, parmi
d'autres objets, une poupée, une belle poupée de chiffon, l'unique
poupée de l'école à laquelle une maîtresse habile avait donné vie en la
peignant et l'habillant avec amour.
Pourquoi me plaisait-elle autant cette
poupée alors que j'en avais deux biens plus beaux à la maison! C'est
tout simplement que celle-là, il fallait la
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mériter, la partager ; convoitée par tous elle n'en avait que plus de
valeur à mes yeux.
Avait- elle un nom ? Je ne crois pas.
C'était la
poupée, celle que la maîtresse prenait à témoin pour gronder ou
récompenser ses petits élèves : Poupée, regarde ces vilaines mains, ces
ongles noirs! Est-il beau ce "piquage" poupée? À elle seule elle pouvait
consoler de pauvres petits malheureux, les gros chagrins fondaient
lorsqu'elle passait de bras en bras.
Elle était la récompense suprême que
le plus sage espérait toujours.
Moi, j'attendais mon heure.
Les enfants
envolés, après la classe , je courais vers l'étagère, figée devant mon
idole.
Alors, devançant mon désir grand-mère s'approchait.
Tiens, la
voilà la poupée et prends-en bien soin.
Mon coeur sautait de joie.
Enfin
elle était, à moi, à moi seule...J'étais comblée.
Je me souviens aussi des
soirées agréables chez Mademoiselle Laporte, la maîtresse d'école.
Durant les quelques heures passées ensemble, elle demandait à papa de
lui solfier quelques nouveaux refrains qu'elle avait dénichés dans des
revues pédagogiques.
La leçon de musique commençait, j'étais très
sage, tout ouie.
C'était
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si amusant de voir les grandes personnes s'intéresser à l'histoire d'un
petit lapin ou d'un joli papillon et chanter comme les petits enfants.
Ça
te plaît Jeannette? Alors on va l'apprendre.
En somme, on me faisait
juge, j'étais très fière de mon rôle, je le prenais très au sérieux et si à la
dernière séance je reprenais au refrain, la partie était gagnée, le test
concluant.
Un certain "petit lapin des champs" a eu ainsi les faveurs de
tous et a conquis toute l'école.
On ne prenait pas la retraite à soixante ans en ce temps-là et mamé
Félicie, décorée de la médaille du travail par Monsieur l'Inspecteur
primaire Dussuel ne désirait pas le moins du monde quitter ses petits.
À soixante-dix ans bien sonnés, elle était toujours....
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