Quand on est instruit et que l'on sait enseigner, que pensez- vous qu'il faille encore pour faire un bon instituteur ?

« ~- : 260 RECUEIL quoique, à vrai dire, savoir enseigner représente déjà une somme considérable de talents et de qualités : pa­ tience, bon sens, élocution facile, science des méthodes, expérience, etc.

Mais à ces dons de l'intelligence doi­ vent se joindre d'autres qualités physiques ou morales qui se rapportent, les unes à la vie extérieure de l'ins­ tituteur, les autres à la tenue de sa classe.

Si l'instituteur veut exercer une autorité réelle dans son école, il faut qu'il jouisse d'une réputation sans tache dans la commune où il exerce ses fonctions : si les parents de ses élèves le respectent, ceux-ci le res­ pecteront également.

Pour mériter l'estime générale que l'instituteur doit moins rechercher comme une sa­ tisfaction d'amour-propre, que comme un moyen d'as­ surer le succès de son enseignement, il s'astreindra à une vie de retraite, dont l'étude, la promenade, la cul­ ture de son jardin seront les distractions ordinaires.

Ce n'est pas qu'il doive éviter "toute relation avec les ha­ bitants de la localité, il est même nécessaire qu'il visite de temps en temps les parents de ses élèves, mais la prudence et la plus grande réserve lui sont recomman­ dées; il doit surtout ne jamais se mêler aux luttes po­ litiques ou religieuses, ou aux divisions locales.

On lui prodiguera des éloges quelquefois intéressés, il n'en restera pas moins modeste; pénétré de la di­ gnité de ses fonctions, il ne concevra pas à cause de cela une trop haute idée de sa personne ; il ne mon­ trera jamais de mépris pour les paysans peu instruits au milieu desquels il vit.

Est-il nécessaire d'ajou~er que l'instituteur doit être un homme vertueux, un bon citoyen? S'il ne remplissait pas ces deux conditions, il lui faudrait recourir à l'hy­ pocrisie, c'est-à-dire à la plus misérable des ressources.. »