Nécessité de la simplicité dans une institutrice

« RELATIFS A LA TENUE D'UNE ÉCOLE.

23 faut songer que vous voulez être institutrice, et que s'il n'est pas défendu à une institutrice de plaire, il ne lui convient pas cependant de chercher à briller.

J'ai vu des jeunes filles instruites, et d'ailleurs douées comme vous de toutes les qualités qui assurent le suc­ cès, entrer avec ardeur dans la carrière, et bientôt se laisser abattre par le découragement et l'ennui.

Elles s'étaient imaginé que l'institutrice, supérieure par ses lumières et son éducation à la plupart des femmes qui l'entourent, doit se distinguer d'elles, non­ seulement par son instruction et par son mérite, mais aussi par l'élégance de ses rr.anières et la recherche de ses ajustements.

Elles avaient peine à s'expliquer en­ suite comment un goùt qui leur paraissait si naturel pou­ vait nuire à leur considération, et comment, au lieu de l'admiration qu'elles attendaient, elles ne recueillaient que Je blâme.

C'est que, ma chère enfant, l'institutrice est faite en effet pour briller, mais pour briller à force de zèle, d'attachement à ses devoirs, et, ce qui n'est pas moins précieux, de simplicité.

Si vous avez des enfants pauvres à élever, serait-il convenable, serait-il généreux de leur rappeler incessamment leur gêne, en affichant devant elles et aux yeux de leurs familles un luxe de toilette excessif? Si ce sont des élèves aisées ou riches que vous recevez dans vos classes, n'est-il pas dangereux d'exalter et de développer en elles par votre coquelterie cette vanité aussi commune que fu­ neste, dont il est si difficile de préserver une jeune fille? Enfin, est-ce bien sur le goût, sur la nouveauté, sur la richesse des ajustements, que doit se fonder la. »