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MOLIÈRE : Le Misanthrope (Dossier pédagogique)

Publié le 17/01/2022

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Molière conçoit, écrit et met en scène Le Misanthrope dans des conditions si difficiles qu'on s'étonne qu'il ait réussi à mener son projet à bien. L'homme est malade et, depuis la fin de l'année 1665 au moins, se sait gravement atteint ; l'époux ne peut guère s'aveugler sur le comportement de sa jeune femme ; le, directeur de troupe, responsable de ses comédiens, a dû fermer son théâtre du 29 décembre 1665 au 21 février 1666 ; le dramaturge se bat enfin pour imposer Le Tartuffe. Une première version de la pièce a été interdite en mai 1664. Ouvertement hostile à Molière depuis L'École des femmes (1662), le parti dévot s'est déchaîné, et sa puissance est telle que Louis XIV, pourtant favorable à Molière, ne peut ni ne veut lever l'interdiction, de crainte de heurter sa mère et d'aggraver des conflits religieux, par ailleurs aigus durant la période 1664-1668. C'est dans ce contexte tourmenté où Molière se bat sur tous les fronts que, le 4 juin 1666, il fait jouer Le Misanthrope, qui marque le « couronnement de sa carrière littéraire ».

« d'avoir toute la Cour chez elle », qu'elle ménage les marquis (II, 3, y.

542-548) indique qu'elle est curieuse d'unmilieu qui n'est pas tout à fait le sien, qu'elle n'a pas les protections qu'elle aurait normalement si elle fréquentait lepalais.

Célimène reçoit la Cour, mais la Cour ne la reçoit pas.

D'où la- possibilité de l'intégrer au milieu de Cour auquelelle appartient par ses relations, non par son rang ou par sa naissance.

Ce que Donneau de Visé admet implicitementlorsqu'il écrit de la pièce : « On ne peut la trouver bonne sans faire voir que l'on n'est pas de ce monde et que l'onignore la manière de vivre de la Cour et de celle des plus illustres personnes de la ville ».A ces personnages présents sur scène, il convient enfin d'ajouter les personnes dont ceux-ci s'entretiennent.

Troisd'entre elles sont de véritables courtisans : Cléonte qui, avec Clitandre, assiste au lever du Roi (II, 5, v.

567) ;Dorilas (I, 1, v.

86-87) et le « pied plat », ennemi d'Alceste. 3.

Le style de l'écrivain La langue du Misanthrope reflète la situation sociale des personnages.

Bien qu'elle recèle des tours populaires oudéjà vieillis à l'époque, les provincialismes, le style bas et les équivoques en sont dans l'ensemble bannis.

Cettelangue illustre la « définition de l'usage » selon Vaugelas : « C'est la façon de parler de la plus saine partie de laCour, conformément à la façon d'écrire de la plus saine partie des auteurs du temps ». Le comique ou le « rire dans l'âme » Le fait d'être étranger à l'actualité du temps rend difficile d'apprécier à sa juste valeur le comique de la pièce.

Cecomique ne se comprend qu'en fonction de l'idéal mondain de l'honnêteté qui s'impose dans les années 1660 et queSaint-Evremond analyse, par exemple, en ces termes :Si le chagrin de ceux qui pestent contre la Cour est extravagant, la prostitution de ceux qui lui sacrifient jusqu'àleurs amis est infâme.

Il y a une juste situation entre la bassesse et la fausse générosité, il y a un véritable honneurqui règle la conduite des personnages raisonnables.

Il n'est pas défendu à un honnête homme d'avoir son ambition,et son intérêt, mais il ne lui est permis de les suivre que par des voies légitimes.

Il faut de l'habileté, de la dextéritésans fourberie et de la complaisance sans flatterie.L'idéal de l'honnête homme est de se plier aux moeurs du temps, d'observer un « juste milieu », une « justecomplaisance », tout en refusant une dégradante soumission.Aussi, aux yeux du public de 1666, le caractère « atrabilaire » d'Alceste, ses emportements, sa jalousie, sescontradictions sont-ils ridicules et, à défaut de provoquer le rire franc de la farce, engendrent-ils le sourire.Le décalage permanent qui se manifeste par ailleurs entre les déclarations d'intention et le comportement d'Alceste,l'amour même qu'il porte à une coquette provoquent également le sourire.

Le comique naît dans Le Misanthrope dedifférences subtiles entre un idéal mondain répandu, admis (et incarné dans la pièce par Philinte) et les excèsd'Alceste.

Le rire sanctionne, ici, une transgression morale. Les tons et les registres de langue Essentiellement « mondaine », la langue du Misanthrope sait être aussi riche et souple.1.

Le registre précieuxL'écho de la préciosité retentit dans au moins trois passages : le sonnet d'Oronte (I, 2), la scène des portraits (II,5, v.

567-706) et l'éloge de l'amour (II, 5, v.

711-730).2.

Le registre satiriqueLa satire, dans Le Misanthrope, est double : elle vise l'hypocrisie mondaine (Passim) et la fausse dévotion, en lapersonne d'Arsinoé (III, 4).

Dans ce dernier cas, la satire prend le ton de l'ironie et s'exprime parfois par la techniquedu pastiche (voir III, 4, v.

913-960), où Célimène procède à une véritable caricature d'Arsinoé.3.

Le registre du portraitDeux scènes constituent des galeries de portraits : II, 4 et V, 4.

Chaque portrait obéit à une composition précise :un titre (le plus souvent), une caricature soutenue par le rythme, un trait final, généralement fort piquant. 4.

Les thèmes principaux Alceste et la CourAu nom de la sincérité, Alceste décline par deux fois l'offre d'Oronte et d'Arsinoé de lui faire obtenir une charge à laCour (I, 2, v.

290-294 et surtout III, 5, v.

1087-1090).

Son exigence de sincérité ne se situe pourtant pas àl'origine de son raisonnement, mais à la fin.

Elle n'est pas un postulat à partir duquel il construit un art de vivre, elleconstitue la conclusion, traduite sur le plan moral„ d'une série de refus, qu'il finit par prendre pour une convictioninnée (III, 5, v.

1083.1084).Alceste n'en est pas moins habité par un; violent désir d'être remarqué.

Ne refuse-t-il pas d'être mêlé « avec toutl'univers » ? Sa prétention se fonde sur la reconnaissance du « mérite » de chacun.

Mais le mot possède alorsplusieurs sens.

Dans le vocabulaire mondain, utilisé par presque tous les personnages de la pièce, il désigne lacapacité de plaire.

C'est ce mérite-là, tel que l'entend Arsinoé, qu'Alceste récuse (III, 5, v.

1071-1072).

Pour lui, le. »

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