Les adieux d'une maîtresse

« RELATIFS A LA TENUE D'UNE ÉCOLE.

69 ces jeunes filles, dont je m'étais fait autant d'amies, et qui, par leur affectueuse gratitude, me récompen­ saient si généreusement des peines du passé et m'en­ courageaient à supporter les fatigues du présent.

Je ne vous oublierai jamais, vous, mes enfants, qui formiez autour de moi une si charmante famille, et me rendiez mes fonctions à la fois moins pénibles et plus agréables.

Je ne vous oublierai jamais et, j'en suis bien sûre, vous garderez aussi mon souvenir; d'ailleurs, je laisse auprès de vous, pour vous Je rappeler, une de mes bonnes amies, avec laquelle je suis liée depuis longtemps et dont j'ai su apprécier les vertus et les ta­ lents.

Elle vous connaît toutes d'avance, car je lui ai parlé de vous bien souvent.

Si je n'avais été aussi sûre de celle qui devait me succéder, la séparation eût été pour moi plus pénible; mais je la connais, et je puis dire que je l'estime autant que je l'aime.

Aimez-la aussi, mes enfants, aimez-la, car elle est bonne, dé­ vouée et digne de tout votre amour; aimez-la en sou­ venir de moi, car l'affection que vous lui porterez me sera un gage précieux de celle que vous me témoi­ gnez aujourd'hui.

Quand nous étions ensemble comme sous- mai­ tresses dans le même pensionnat, avant que je vinsse ici, nous avons reçu le même enseignement.

Vous retrouverez ainsi les mêmes méthodes et le même langage, rien ne sera changé pour vous, c'est une autre moi- même qui vous instruira; mais, hélas! pour moi en sera-t-il de même, et rencontrerai-je là­ bas toutes les jouissances et toute la tendresse que je. »