la philosophie
Publié le 03/01/2016
Extrait du document
«
avoir coutume .
Si l'on considère les mot composés de la racine ph\
il- , on trouve que les sens suivants
peuvent apparaître en fonction du suffixe : ami, amitié, passion, \
plaisir, se plaire à, bienveilance (être
amical), servir, accueillir (un étranger par exemple).
D'autre par\
t, le verbe philosophein signifie chercher la
culture, philosopher, être philosophe, étudier à fond, médit\
er.
Et le mot philosophia signifie de même
recherche de la culture , étude profonde .
On attribue l'invention du\
mot philosophie à Pythagore , qui
refusait de se considérer comme un sage ( sophos ) car la possessio\
n de la connaissance est le privilège
des dieux.
Il préférait être appelé « amoureux de la conn\
aissance » ( philosophos ), c'est-à-dire amoureux
des réalités divines.
Mais, avant Pythagore, on appelait sophoi ce\
ux qui cherchaient à connaître les réalités
divines et humaines, sans que ce mot soit péjoratif.
Il y a donc, à\
l'origine de la philosophie, d'un côté ceux
que l'on appelle les sages (Thalès de Milet, etc.), et de l'autre c\
eux qui furent appelés philosophes.
Mais le
mot sophiste a pris un autre sens qui permet de cerner un peu mieux la f\
igure du philosophe : le
philosophe s'oppose au sophiste, au sens péjoratif donné par Plato\
n : le sophiste est un marchand de
connaissances frelatées, c'est un faux-monnayeur qui prétend dé\
jà détenir la sophia.
La philosophie,
d'après cette étymologie, n'est donc pas seulement l'amour de la c\
onnaissance, de la sagesse, du savoir ,
i.e.
une « recherche de la sagesse ou de la connaissance », c'est \
aussi, et peut-être essentiellement, une
recherche de ce qui cultive les facultés de l'esprit, par opposition \
à l'érudition.
En effet, la culture suppose
une éducation de l'esprit tournée vers la mesure et la droiture du\
jugement.
L'érudition est au contraire
(selon le mot de Kant) l'intempérance de l'esprit : on apprend au h\
asard des rencontres, et l'on mémorise
un grand 5 nombre de choses, mais l'on ne se forme pas l'esprit.
L'amour\
de la sagesse n'est donc pas
l'étude de l'histoire de la philosophie (ce que un tel a pensé à\
telle époque), mais l'exercice de l'esprit au
contact de certaines réalités (il n'est donc pas paradoxal d'affi\
rmer que l'esprit peut se développer au
contact de l'histoire, si ce contact ne se réduit pas à une accumu\
lation stérile de connaissances).
Platon a
analysé ce sens d'amour/recherche, c'est-à-dire de désir , en e\
n faisant le mobile de l'activité même de
philosopher (cf.
Le Banquet).
Le désir naturel excite la recherche \
de la beauté, mais cette recherche, quand
elle se veut spirituelle, est déçue par l'inconsistance de ses obj\
ets qui lui révèlent la vacuité du devenir.
Le
philosophe est alors conduit à un désir de posséder les vrais b\
iens, les véritables objets du désir, objets
dont le monde sensible n'est qu'un reflêt ou une manière d'être\
.
Ainsi Spinoza déclare-t-il, dans son Traité
de la réforme de l'entendement (§1.) : « Quand l'expérienc\
e m'eut appris que tous les événements
ordinaires de la vie sont vains et futiles, voyant que tout ce qui ét\
ait pour moi cause ou objet de crainte ne
contenait rien de bon ni de mauvais en soi, mais dans la seule mesure où\
l'âme en était émue, je me
décidai en fin de compte à rechercher s'il n'existait pas un bien \
véritable et qui pût se communiquer,
quelque chose enfin dont la découverte et l'acquisition me procurerai\
t pour l'éternité la jouissance d'une
joie suprême et incessante.
» L'étymologie nous a permis d'en a\
pprendre un peu plus sur les sens du mot ;
est-ce que cela nous apprend quelque chose sur la philosophie elle-mê\
me, nous verrons cela plus loin.
En
résumé : · la philosophie concerne la connaissance, mais pas au\
sens encyclopédique du terme, car la
philosophie est d'abord une activité intellectuelle , une activité\
de l'esprit et non une reception passive d'un
savoir déjà constitué.
En ce sens, la science, nous le disons d\
'après le témoignage de plusieurs scientifiques
sur le traditionalisme des institutions scientifiques - (Max Planck et \
Heisenberg) - la science est une activité
intellectuelle qui en elle-même n'est pas incompatible avec 6 certain\
es formes de conformismes (cette
remarque peut d'ailleurs très bien s'appliquer à la philosophie in\
stitutionnelle): « A nouveau je réalisais à
quel point il est difficile pour un physicien d'abandonner les idées \
qui ont jusque là constitué la base de sa
pensée et de son travail scientifique.
» Werner Heisenberg (à \
propos de Einstein) Un philosophe qui
n'accepterait pas d'interroger tous les dogmes et tous les préjugé\
s n'est sans doute pas digne de ce nom.
·
l'activité philosophique se rapporte aux choses divines, et celui qui\
s'y consacre par la méditation se
rapproche de l'état de dieu.
Nous dirions aujourd'hui que la philosop\
hie s'occupe des valeurs, des réalités
estimées les plus hautes par les hommes.
· la philosophie a aussi \
une finalité morale et pratique : elle est
un art de vivre , et le philosophe qui vit selon la raison s'efforce de \
vivre en sage et de suivre le bien pour
atteindre le bonheur.
On mesure mal aujourd'hui l'importance de cet art \
de vivre qui faisait souvent
comparer le philosophe à un dieu mortel, à un dieu vivant parmi le\
s hommes (c'est le cas, par exemple,
chez des philosophes aussi différents que Platon, Aristote, Epicure e\
t Sénèque).
Cet aspect pratique a
considérablement évolué, et est aujourd'hui étudié en phi\
losophie politique, en philosophie de l'action et
en éthique.
· en conséquence, le philosophe se propose comme mo\
dèle : il ne se contente pas d'inventer
des règles de vie, mais agit en conformité avec ses pensées, et\
se sculpte pour ainsi dire lui-même.
Le
philosophe veut vivre ce qu'il pense, il veut l'incarner, et non seuleme\
nt en avoir l'idée.
Le philosophe est
donc tout le contraire d'un intellectuel, car son propos n'est pas d'avo\
ir une opinion sur toutes choses (en
ce sens, l'intellectuel est un sophiste au sens péjoratif donné pa\
r Platon à ce mot).
7 Analyse d'expressions
courantes Les mots "philosophie" , "philosophe" , "philosopher" , ont pl\
usieurs sens dans notre langue, et.
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