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Humanisme et Éducation

Publié le 15/08/2012

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humanisme

Ce n'est pas purement du scientisme. Dans le modèle que propose Durkheim à la fin de L'EPF, les sciences n'ont pas pris toute la place des Humanités. C'est une culture à trois pieds, assise sur trois domaines d'études : celui de la nature, celui du langage, celui de l'homme. Trois domaines en rapport de complémentarité et de réciprocité. « L'enseignement humain suppose un enseignement de la nature «, et tous deux « se pénètrent mutuellement, agissent et interagissent l'un sur l'autre « (EPF, p. 398). Le langage occupe dans ce modèle et ce programme d'enseignement une place particulière, centrale et fondatrice. Il est à la fois du côté de l'humain, et du côté des choses. Il est bien en nous (subjectif), mais déjà en dehors de nous (objectif). Il nous fournit les bases de la logique qui nous sert à comprendre la nature. Il est aussi le premier objet des sciences humaines.   L'avis d'un pionnier de « l'éveil scientifique «, Victor Host : L'entreprise de rénovation des sciences a échoué. On doit reconnaître que perdurent les « déficiences de la culture scientifique «.

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« naturalistes.Les connaissances géographiques bénéficient d'une nouvelle cosmographie (1544, publication de la Cosmographia universalis de Sébastien Münster), qui remet enquestion Ptolémée et stimule l'invention d'outils plus performants.

Ainsi l'Atlas de Mercator (1569) change la vie des navigateurs.Dans le domaine de la mathématique, les Italiens sont les premiers à accomplir des progrès déterminants en algèbre, hissant cette science à un niveau jamais atteintpar les Grecs ou les Arabes.Enfin, l'astronomie copernicienne révolutionne la fin du XVIe siècle et ouvre la voie à la science moderne qui va reléguer à jamais dans leur Antiquité Aristote etPtolémée.Avec l'afflux de toutes ces connaissances nouvelles et l'augmentation de leur diffusion par l'imprimé, apparaît le désir de mettre en ordre.

On invente des instrumentspour mesurer le temps, l'espace, les astres.

Les villes sont soumises à la géométrie de plans rigoureux.

La vie religieuse, elle-même, est mise en règles.Mais, à côté de cette apparente austérité, l'homme de la Renaissance manifeste un goût très fort pour le romanesque.

C'est au XVIe siècle que l'on voit fleurir lesutopies (avec Thomas More, Rabelais et son « abbaye de Thélème ») et l'amour de la vie, de la beauté des choses, éclate dans la peinture ou la poésie.III_ L'humanisme et la « foi en l'éducation » 1.

Comenius, l'éducation comme « atelier de l'humanité » La formule de Comenius l'éducation comme « atelier d'humanité » est sans doute l'une des expressions les plus vives de l'idéal éducatif.

Elle a des accents qui ferontpenser à l'idéal kantien invitant l'éducateur à viser toujours une humanité future et meilleure.

Comenius (Jan Amos Komensky) est un écrivain et humaniste tchèque,professeur puis prêtre, né en 1592, mort en 1670 à Amsterdam.

La pensée humaniste chez lui est celle d'un humaniste chrétien.

La porte ouverte sur les langues estun ouvrage pédagogique publié en 1631 qui lui vaut une renommée mondiale.

La Grande Didactique publiée en 1632 peut être considérée comme l'un des grandstextes fondateurs de la pensée et de l'éducation pour le monde moderne.Source : La Grande Didactique, chapitre VI 2.

L'idée éducative : origine et spécificitéSelon Emile Durkheim, notre conception de l'éducation - la conception occidentale et humaniste - est un héritage chrétien.

Dans L'évolution pédagogique en France ils'attache à en retracer la généalogie.Source : E.

Durkheim, L'évolution pédagogique en France, chapitre 2 et 3.

Selon Durkheim, donc, l'idée éducative est indissociable du christianisme et des valeurs que le christianisme a inscrite dans notre civilisation.

C'est dans lechristianisme qu'il faut chercher selon Durkheim « le schéma abstrait du processus éducatif » (EPF, p.

38).

Au fond de toute éducation, il y a donc le modèlereligieux de la prédication, de la conversion : il s'agit toujours d'agir en profondeur sur la personne, conçue comme un tout, une unité, de la changer de l'intérieur, etde tout consacrer à ce but.

En langage moderne : l'éducation ne se contente pas des savoirs et des savoir-faire : elle vise l'être, le savoir être.

Ce que Durkheim appelle« une disposition générale de l'esprit et de la volonté » (EPF, p.

37).

Le processus éducatif est d'essence religieuse… Unité, intériorité, totalité, voilà la trilogieéducative.IV_ Jean-Jacques Rousseau, aux sources de l'éducation moderneLa pédagogie de Rousseau se présente sous la forme d'une conception d'apparence paradoxale et provocatrice : c'est la fameuse « éducation négative » :La première éducation doit donc être purement négative.

Elle consiste, non point à enseigner la vertu ni la vérité, mais à garantir le coeur du vice et l'esprit de l'erreur.Si vous pouviez ne rien faire et ne rien laisser faire; si vous pouviez amener votre élève sain et robuste à l'âge de douze ans, sans qu'il sût distinguer sa main droite desa main gauche, dès vos premières leçons les yeux de son entendement s'ouvriraient à la raison; sans préjugés, sans habitudes, il n'aurait rien en lui qui pût contrarierl'effet de vos soins.

Bientôt il deviendrait entre vos mains le plus sage des hommes; et en commençant par ne rien faire, vous auriez fait un prodige d'éducation.

"Source : Emile, Livre II., p.1131.

La relation adulte enfant et l'éducation à la libertéPour comprendre le sens de cette éducation paradoxale, le mieux est de partir du tout premier exemple, le tout début de la relation éducative : le premier rapport quise crée entre l'adulte et le bébé qui pleure.

Deux passages de l'Emile pour y réfléchir.Sources : Emile, Livre I, pp.

75/76 et pp.

50/51L'enjeu de ces deux textes ne laissent aucun doute : tout est perdu pour l'éducation si les pleurs se transforment en ordres, en d'autres termes si l'éducation quitte leterrain de la loi des choses pour entrer sur celui de la dépendance des volontés.

L'enfant sera bientôt perverti, la nature en lui étouffée, il sera bientôt un petit tyran,lui-même dominé et déchiré par ses colères et ses désirs insatiables.

Georges Snyders souligne que ce terme a une double signification :L'ordre naturel, c'est le refus les entraves, les contraintes artificielles qui aggravent le besoin.

Y recourir, c'est laisser librement se développer le besoin naturel deremuer, de jouer, de prendre possession de son corps.

Trop d'interdits ne reflètent que la crainte où le préjugé de l'adulte.Mais l'ordre naturel, c'est une loi de nature qui a fait le bébé faible et qu'il faut que le bébé reconnaisse : il y a mille objets hors de sa portée, mille actions qu'il ne peutaccomplir.

Nulle humiliation, nul abaissement dans cette soumission à l'ordre des choses.L'éducation négative ne vise que la négativité des volontés mais s'en remet à la positivité des choses.

2.

La loi des chosesIl faut que l'enfant se mesure directement avec le monde, personnellement : qu'il apprenne ainsi à lire les lois du réel, la résistance des choses, les limites qu'ellesimposent, les points d'appui qu'elles nous offrent : cette activité est activité libre.Là est le rôle du gouverneur, et le sens de sa paradoxale présence continuelle : mettre l'enfant devant le réel, faire en sorte comme dit Snyders que « la confrontationentre le monde et l'enfant ne soit pas esquivée » (p.

427), faire en sorte que l'enfant soit placé devant la conséquence de ses actes, bref, exprimer « la leçon deschoses ».

Cette direction est donc cadre pour la liberté de l'enfant.« L'adulte n'a plus à humilier, à abaisser l'enfant, puisque ce n'est pas lui qui doit prescrire ; l'enfant est pourtant transformer et pris en main » (Snyders, Idem).

Doncil n'y a pas de discours moralisateur, seulement la leçon des choses.

La soumission à l'égard des choses s'oppose à l'obéissance vis-à-vis des hommes.

Le gouverneurest là pour conduire jusqu'à la loi des choses, il ne doit pas apparaître comme une autorité, une volonté.

Sa rigueur, son inflexibilité prolonge la force des choses.

3.

La « ruse pédagogique »Etre éducateur, pédagogue, c'est donc du même coup entrer dans les arcanes et les paradoxes de la « ruse pédagogique ».L'Emile est célèbre pour toutes les ruses du gouverneur, mises en scène pédagogiques, stratagèmes didactiques par lesquels Emile est secrètement dirigé, non parl'action directe du maître, mais par les choses qu'il a ordonnées à selon ses fins.

Manipulations ? Beaucoup d'artifices, assurément, au nom d'une éducation selonl'ordre naturel !Jean-Jacques s'assurant la complicité du jardinier Robert pour saccager le potager qu'Emile protège depuis plusieurs mois… à seule fin de lui faire découvrir seul lesentiment de propriété (Livre second, p.

119 et suivantes).Jean-Jacques feignant de perdre Emile en forêt de Montmorency pour une leçon vivante d'astronomie (Livre trois, p.

233 et suivantes).De la leçon en chambre à la leçon en plein air.

Analyse du procédé.

(pp.233-235).

En s'inspirant de l'analyse de Michel Fabre (Penser la formation, Paris, PUF, 1994,p.

164 et suivantes), on retiendra quatre idées :· Le sens du savoir apparaît dans l'explication par les choses mêmes.

C'est la fameuse leçon de choses.· L'étude doit se borner à l'utile, à ce qui fait sens pour l'enfant, et correspond à un vrai besoin, par opposition à une vaine curiosité.· L'opposition se situe entre l'explication verbale et l'expérience sensible.

Entre les mots et les choses.· Dans la « situation-problème »crée par le gouverneur, l'élève se confronte à la réalité, aux choses et non au maître, à sa volonté et à son savoir.

L'éducation négativeappelle la pédagogie active.

Cette situation est bien une ruse puisqu'elle n'est pas un problème réel pour l'enfant mais un artifice pour le maître.Michel Fabre y décèle même « la duplicité constitutive de la relation formatrice « (p.

169).

Ruse du maître pour éduquer l'enfant sans compromettre sa liberté. »

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