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HÉRODOTE : Histoires (Dossier pédagogique)

Publié le 17/01/2022

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Hérodote vit aux environs de 490 à 420 avant Jésus-Christ. Quand il naît, une partie de la Grèce se heurte à l'énorme puissance des rois de Perse. Quand il meurt, les Grecs se battent entre eux pour l'hégémonie, les uns sous la direction d'Athènes, les autres sous celle de Sparte.  Dans la deuxième moitié du Ve siècle avant Jésus-Christ, l'empire perse, sous la conduite de ses rois Cyrus (557-529), Cambyse (529-522) et Darius (522-486) s'est considérablement accru : depuis l'Indus jusqu'à la mer Égée, d'innombrables peuples lui paient tribut et ses armées ont pénétré profondément en Arabie, en Égypte, en Libye, mais aussi, vers le nord, en Scythie (voir la carte de l'empire perse, p. 10). Or, au début du Ve siècle, les cités grecques de la côte d'Asie Mineure, sujettes du « Grand Roi «, se révoltent. Darius mate cette révolte, brûle la plus belle ville d'Ionie, Milet (voir pp. 101-106). Puis il décide de punir les Athéniens, qui avaient voulu soutenir les Ioniens révoltés. Cette expédition punitive, menée en 490 et appelée première guerre médique aboutit à la conquête par la Perse des île de la mer Égée, mais les Athéniens repoussent les troupes ennemies à la bataille de Marathon (récit d'Hérodote, pp. 109-117). Dix ans plus tard, le successeur de Darius, Xerxès, dirige personnellement la seconde guerre médique, en 490, expédition beaucoup plus importante, à la fois terrestre et navale, qui avait cette fois pour but la soumission de la Grèce entière. Xerxès ambitionnait même d'aller vers l'ouest jusqu'aux limites du monde. La résistance grecque, et en particulier celle de deux cités, Sparte (l'État le plus puissant de la Grèce d'alors) et Athènes (qui venait, grâce aux revenus tirés de mines d'argent récemment exploitées, de s'équiper d'une flotte considérable), oblige la flotte, puis l'armée de terre du Grand Roi, à retourner en Asie (bataille navale de Salamine, 480 ; bataille terrestre de Platées, 479) : l'indépendance des cités grecques est désormais assurée (récit d'Hérodote, pp. 119-176).

« (voir la façon dont procède Xerxès, p.

135).

Mais, tout en employant très fréquemment la première personne dansson oeuvre, il reste tout à fait silencieux sur les conditions matérielles de son enquête, comme sur les événementsde sa vie (qu'on ne connaît, en fait, que par des témoignages très postérieurs).C'est ainsi qu'il ne dit mot de son installation à Thourioi à la fin de sa vie, non plus que de l'Italie et des régions del'Ouest.

Peut-être son oeuvre était-elle alors déjà publiée.

Qu'il ait participé à la fondation de cette colonie a entout cas pour nous une valeur au moins symbolique.

Thourioi fut fondée à l'instigation de Périclès, sous la directiondu célèbre devin Lampon, avec des contingents issus de plusieurs cités grecques et les lois de la cité furent faites,dit-on, par le sophiste Protagoras : l'influence d'Athènes, le panhellénisme, le respect de la religion traditionnelle, laconnaissance des débats introduits par la sophistique, tout cela est assez caractéristique d'Hérodote. 2.

L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages 1.

La composition de l'oeuvre Citons la préface de J.

de Romilly (p.

6) :« On admet que c'est une histoire de ces guerres médiques, qui venaient tout juste de changer le monde pour lesGrecs.

Mais une surprise nous attend.

Car cette histoire, suivie et réfléchie, n'occupe en fait que la deuxième moitiéde l'oeuvre.Jusqu'à :Non seulement il fonde par là l'histoire, mais on a l'impression d'assister à cette création de façon de plus en plusnette au fur et à mesure que l'oeuvre avance.

»Peu à peu se dégagent les grands thèmes dans toute leur ampleur : la liberté des cités grecques, défendueparticulièrement par Sparte et plus encore par Athènes (VII, 139), l'impérialisme perse qui s'étend à l'univers entieret rivalise même avec le pouvoir des dieux (« Nous rendrons la terre persique limitrophe du ciel de Zeus », VII, 8).On comprend alors que dès le premier livre Hérodote, dans une sorte de grand prélude, ait situé Athènes et Sparte,ait décrit le destin tragique du roi Crésus, le premier à avoir asservi des Grecs, et ait opposé à sa démesure lesleçons du sage homme d'État athénien Solon.

Cette thématique double, politique et tragique, accompagne l'histoiredes rois de Perse successifs.

Elle n'a rien de forcé ni de contraignant : Hérodote le dit lui-même, « mon récit depuisle début recherche les digression » (IV, 30), mû qu'il est par un étonnement sans cesse renouvelé. 2.

Les étonnements de l'enquêteur a/ L'ethnographe et l'historienHérodote fait son enquête « afin que les événements humains ne disparaissent pas avec le temps et que les grandset merveilleux exploits accomplis par les Grecs et les Barbares ne perdent pas leur renommée » (c'est la premièrephrase de l'oeuvre).

Ajoutons quelques remarques à nos « Commentaires » sur ce point (voir pp.

188-193).Sur le sens des mots grecs d'abord.

Le mot traduit par « merveilleux » est thaumasta (cf.

français « thaumaturge»), il signifie aussi « étonnants » ; sans cesse, Hérodote le reprend dans son oeuvre : « je m'étonne que...

», «j'admire que...

» Le mot traduit par « exploits », erga, signifie aussi « travaux, œuvres » : Hérodote s'intéresseautant aux monuments, aux cités, aux institutions, aux coutumes, qu'aux faits d'armes.Hérodote se limite aux oeuvres des hommes.

Précisons la comparaison avec son prédécesseur Hécatée sur ce point.Tous deux cherchent la « vérité » (voir la citation d'Hécatée, « Commentaires », p.

187).

Hécatée croit pouvoirl'établir en rationalisant les récits légendaires et poétiques.

Voici comment il comprend par exemple l'histoire du chiendes Enfers, Cerbère : « selon lui, un serpent monstrueux était né au Ténare, qu'on appela le chien de l'Hadès parceque son venin faisait mourir sur le coup celui qu'il avait mordu ; c'est ce serpent qu'Héraclès ramena à Eurysthée »(Hécatée, fragt.

27 Jacoby).

Hérodote, lui, tout en acceptant de raconter parfois des histoires peu croyables(toujours elles aussi rationalisées, avec le moins de merveilleux possible), refuse de parler du temps des dieux et deshéros (une exception : la guerre de Troie, sur laquelle il a sa théorie, mais fondée sur une enquête en Égypte, voirpp.

78-79).

C'est justement en limitant son enquête au temps des hommes qu'il devient le premier ethnographe et lepremier historien. b/ Hérodote et Montaigne, penseurs des lois et coutumesL'enquête conduit à admirer la diversité des nomoi, « lois et coutumes » des hommes.

Au XVIe siècle, Montaigne(pp.

188 et 214) utilisa, parmi beaucoup d'autres sources antiques, Hérodote.

La comparaison est éclairante.Montaigne' cite III, 38 : « il n'est rien que la coutume ne fasse ou qu'elle ne puisse : et avec raison l'appellePindarus, à ce qu'on m'a dit, la reine et emperière du monde » (Essais, I, 23, « De la coutume et de ne changeraisément les lois reçues ») ; et il traduit tout l'apologue.

A nouveau, dans l'« Apologie de Raymond Sebon », ilreprend le thème et la citation, pour abattre l'orgueil humain (un peu plus tôt, à un moment décisif, il a aussi cité engrec l'aphorisme de VII, 10 : « La divinité ne permet pas que d'autres qu'elle se glorifient ») : « Quelle vérité que cesmontagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? » et « Les lois prennent leur autorité de lapossession et de l'usage ; il est dangereux de les ramener à leur naissance » (Essais, II, 12).

D'où Montaigne tire laconclusion qu'il ne faut pas changer les lois et coutumes : « C'est la règle des règles et générale loi des lois quechacun observe celle du lieu où il est je suis dégoûté de la nouvelleté » (Essais, I, 23).

Hérodote est bien loin de. »

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