FRÈRES ET SOEURS
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Lecture - Christophe et ses petits frères.
C'est au moment où la situation de la famille devenait la plus difficile, que le petit Christophe commença à comprendre ce qui se passait autour de lui.
Il n'était plus seul enfant. Deux autres avaient trois et quatre ans. Le père ne s'en occupait jamais. Louisa, la mère, forcée de sortir, les confiait à Christophe.
Il en coûtait à Christophe, car il devait renoncer pour ce devoir à ses bonnes après-midi dans les champs. Mais il était fier qu'on le traitât en homme, et il s'acquittait de sa tâche gravement.
Il amusait de son mieux les petits en leur montrant ses jeux, et il s'appliquait à leur parler, comme il avait entendu la mère causer avec le bébé. Ou bien il les portait dans ses bras l'un après l'autre, comme il avait vu faire ; il fléchissait sous le poids, serrant les dents, pressant de toute sa force le petit frère contre sa poitrine, pour qu'il ne tombât pas. Les petits voulaient toujours être portés, ils n'en étaient jamais las ; et quand Christophe ne pouvait plus, c'étaient des pleurs sans fin.
Ils lui donnaient bien du mal, et il était souvent fort embarrassé d'eux. Ils demandaient des soins maternels. Christophe ne savait que faire. Ils abusaient de lui. Il avait envie, parfois, de les gifler ; mais il pensait : « Ils sont petits, ils ne savent pas » ; et il se laissait pincer, taper, tourmenter, avec magnanimité.
Ernest hurlait pour rien ; il trépignait, il se roulait de colère : c'était un enfant nerveux, et Louisa avait recommandé à Christophe de ne pas contrarier ses caprices. Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe ; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernest sur les bras pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles ; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard.
Si bien que, lorsque Louisa rentrait, au lieu de complimenter Christophe, elle lui disait, sans le gronder, mais d'un air chagrin, en voyant les dégâts :
« Mon pauvre garçon, tu n'es pas habile. »
Christophe était mortifié, et il avait le coeur gros.
D'après Romain ROLLAND - Jean-Christophe. L'Aube.
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