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« L’Albatros » de Baudelaire, explication linéaire

Publié le 20/01/2020

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                                                            « L’Albatros » de Baudelaire, explication linéaire
 
INTRODUCTION :
Ce texte se rattache à l’objet d’étude intitulé « La poésie du XIXe au XXIe siècle ». Il s’agit du deuxième poème de la section « Spleen et Idéal » figurant dans le recueil poétique Les Fleurs du Mal de C. Baudelaire, poète français du XIXe s, précurseur du symbolisme.
Le recueil Les Fleurs du Mal a été publié une 1ère fois en 1857 et une 2ème fois en 1861.
Ce poème, intitulé « L’Albatros », figure dans la 2ème édition du recueil et comporte, dans sa version définitive, 4 quatrains. Dans ce poème, Baudelaire évoque une scène de la vie en mer qu’il a probablement observée lui-même lors de son voyage jusqu’à l’île Maurice en 1841. Les trois 1ère strophes évoquent des marins qui capturent des albatros et les font souffrir par pure méchanceté, uniquement pour se divertir. Initialement, le dernier quatrain ne faisait pas partie de ce poème. On voit cependant à quel point il est important car il modifie la finalité de ce texte en lui conférent sa valeur symbolique : en effet, c’est dans ce quatrain que Baudelaire établit une correspondance entre l’albatros torturé sur le ponton par des marins et le poète confronté à un monde malveillant et cruel où il ne se sent à sa place.
Le thème du parcours lié aux Fleurs du Mal est « Alchimie poétique : la boue et l’or » : Comment cette scène cruelle, pouvant symboliser la boue, devient-elle de l’or quand le poète fait son travail de poète ?
LECTURE
MOUVEMENTS :
Dans ce poème, on distingue 2 mouvements : le 1er mouvement est constitué des 3 premières strophes et présente une scène anecdotique de la vie en mer, le second correspond à la 4ème strophe et montre la correspondance établie par Baudelaire entre l’oiseau et le poète.
 
Strophe 1
Dans cette strophe sont présentés les acteurs de cette scène. On trouve tout d’abord au vers 1 une périphrase désignant les marins : les hommes d’équipage. On découvre au vers 2 ce qu’ils font « prennent des albatros », le vs 1 précise leur motivation « pour s’amuser » et aussi le fait que qu’il s’agit là d’une occupation régulière comme le suggère l’adverbe « Souvent », premier mot du poème, donc bien mis en relief.
 
C’est au vers 2 que sont évoqués les albatros. Même s’ils ne sont pas présentés en 1er, c’est à eux que Baudelaire accorde le plus d’importance. Le mot albatros se trouve à la césure du vers 2 et les précisions qui les concernent occupent les vers suivants. Dès le vers 2, dans l’apposition « vastes oiseaux des mers », ces oiseaux sont présentés comme ayant une taille exceptionnelle. L’adjectif « vastes » est habituellement employé pour qualifier une surface, non un être vivant. Cet adjectif, ainsi que le fait que « des mers » soit au pluriel et aussi le mot « voyage » suggèrent d’une part que ces oiseaux sont en mesure de parcourir de grandes distances et d’autre part, qu’ils sont aussi à l’aise dans les airs que dans l’eau.
Au vers 3, la 2ème apposition qualifiant les albatros « indolents compagnons de voyage », insiste à la fois sur la tranquillité et l’élégance de leur vol avec l’adjectif « indolents », sur leur adaptation à l’espace aérien et sur leur absence totale d’hostilité avec le nom commun « compagnons ».
Au vers 4, « navire glissant » et « gouffres amers » rimant avec le mot « mers » du vers 2 montrent le contexte de cette scène : elle se déroule en haute mer.
La strophe 1 met donc en relief 2 mondes opposés : celui des hommes qui sont sur le « navire » et celui des albatros dans les airs mais hommes et oiseaux semblent voyager tranquillement, les uns « glissant », les autres « indolents, ce qui est aussi matérialisé par l’assonance en voyelles nasalisées présente dans la strophe : souvent, indolents, compagnons, glissant et par des allitérations en consonnes nasales : m et n
Cela dit, le nom commun « gouffres » qui suggère un mouvement de haut en bas caractéristique du spleen et l’adjectif dépréciatif « amers » qui clôt la strophe semblent annoncer une suite inquiétante.
 
Strophe 2
La strophe 2 s’ouvre sur un effet de rupture brutal marqué par « À peine », qui souligne la rapidité de la transformation subie par ces oiseaux dès qu’ils ne sont plus dans les airs. Cette strophe comprend de nombreuses antithèses :
. concernant le lieu : planches au vers 5 qui évoque par métonymie, le sol, et peut-être aussi le sol d’un théâtre, s’oppose à azur au vers 6 qui évoque les airs.
. concernant la situation des oiseaux : dans les airs, ils sont les rois de l’azur, alors que sur le sol du navire, ils sont juste « maladroits » er « honteux »,
. concernant l’ attribut qui les caractérise à savoir « leurs grandes ailes blanches » qui faisaient d’eux, strophe 1 de « vastes oiseaux », et strophe 2 les « rois de l’azur », donc, ces grandes ailes blanches, sur le pont du navire, deviennent au vs 8, dans une comparaison dépréciative, des « avirons», totalement inutiles car ils ne sont pas des bateaux.
On remarque d’ailleurs que les oiseaux sont embarrassés par leurs propres ailes, ce que suggèrent l’adjectif « maladroits » au vers 6, l’adverbe « piteusement » au vers 7, le CCL « à côté d’eux » comme si les ailes n’étaient plus une partie intégrante des oiseaux mais seulement des objets encombrants.
Enfin les verbes « laissent » au vers 7 et « traîner » au vers 8 insistent sur l’impuissance des oiseaux lorsqu’ils se trouvent à un endroit qui n’est pas pas naturel pour eux.
Dans cette strophe, les oiseaux sont donc quasiment réduits à l’état d’objet, ce que suggère, en plus du mot « avirons » le verbe « déposer » au vers 5.




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concernant l’ attribut qui les caractérise à savoir « leurs grandes ailes blanches » qui faisaient d’eux, strophe 1 de « vastes oiseaux », et strophe 2 les « rois de l’azur », donc, ces grandes ailes blanches, sur le pont du navire, deviennent au vs 8, dans une comparaison dépréciative, des « avirons», totalement inutiles car ils ne sont pas des bateaux. On remarque d’ailleurs que les oiseaux sont embarrassés par leurs propres ailes , ce que suggèrent l’adjectif « maladroits » au vers 6, l’adverbe « piteusement » au vers 7, le CCL « à côté d’eux » comme si les ailes n’étaient plus une partie intégrante des oiseaux mais seulement des objets encombrants .

Enfin les verbes « laissent » au vers 7 et « traîner » au vers 8 insistent sur l’impuissance des oiseaux lorsqu’ils se trouvent à un endroit qui n’est pas pas naturel pour eux. Dans cette strophe, les oiseaux sont donc quasiment réduits à l’état d’objet , ce que suggère, en plus du mot « avirons » le verbe « déposer » au vers 5. Strophe 3 Cette strophe 3 constitue une aggravation de la strophe précédente en ce qui concerne la situation des oiseaux : elle décrit les sévices dont les oiseaux sont victimes.

C’est ce que souligne aussi le ton exclamatif de toute cette strophe. Dès le vers 9, on remarque que Baudelaire va insister sur la vulnérabilité de l’animal face aux hommes, ainsi on est passé « des albatros » au pluriel dans la strophe 1 et désignés par le pronom personnel « les » ou le GN « ces rois de l’azur » dans la strophe 2 à « ce voyageur ailé » au singulier à partir de la strophe 3.

L’oiseau n’apparaîtra plus au pluriel dans la suite du poème. Les vers 9 et 10 sont construits de manière assez semblable, avec une césure à l’hémistiche et visent à souligner les oppositions contenues dans ces 2 vers.

Il s’agit de 2 phrases exclamatives : on trouve l’adverbe d’intensité « comme » +1 point d’exclamation au vers 9 et « qu’il est » + 1 point d’exclamation au vers 10.

Pour ce qui est de la structure de ces 2 vers, on remarque que les premiers hémistiches des vers 9 et 10 sont élogieux , il est rappelé à quel point l’albatros était un oiseau libre et magnifique, il est qualifié d’abord de « voyageur ailé » puis de « si beau », Mais cette perception méliorative appartient au passé, ce que suggère l’adverbe de temps « naguère ». Les seconds hémistiches des vers 9 et 10 font , quant à eux font référence à la situation présente, ce que suggère le verbe être employé 2 fois au présent de l’indicatif et contiennent chacun 2 adjectifs dépréciatifs : gauche et veule au vers 9 et comique et laid au vers 10. L’adjectif « gauche » fait écho à l’adjectif « maladroit » qui figurait dans la 2 ème strophe et annonce l’adjectif « comique »,« veule » qui signifie faible, lâche, mou rappelle le « piteusement » de la 2 ème strophe.

Quant à « laid », il est l’antonyme direct de beau .

Au niveau du sol , l’oiseau s’est enlaidit à la fois physiquement et moralement . On remarque que si la répartition à l’hémistiche pourrait laisser penser à un équilibre entre le beau et le laid, il n’en est rien : les termes dépréciatifs qui prennent la forme de 4 adjectifs sont plus nombreux que les expressions mélioratives (seulement 2) et l’enlaidissement brusque de l’oiseau est accentué d’une part par l’emploi de la forme exclamative des phrases et d’autre part par une allitération en « k » pas très harmonieuse dans « qu’il est comique et laid » La suite du quatrain, elle, fait référence aux sévices subis par l’oiseau .

Le harcèlement auquel il est soumis est souligné par l’emploi de « l’un » au vers 11, et de « l’autre » au vers 12 suggérant la participation de plusieurs marins, suivi d’un verbe d’action désignant un mauvais traitement : « agace » et « mime ».

Le coté répétitif du harcèlement est aussi contenu dans le verbe agace qui, en soi, suggère que l’on répète plusieurs fois une même action. On peut noter la cruauté de cette scène : - Il s’agit bien là de torture , le brûle-gueule désignant une sorte pipe, on la lui met sur le bec ou on essaie de la lui mettre dans le bec - Les marins parodient l’oiseau en difficulté au niveau du sol, ce que montre le verbe « mime » au vers 12. - Ils se mettent à plusieurs contre un seul qui, de surcroit, est présenté comme faible « boitant », « l’infirme ». Le côté tragique du changement cruel de situation de l’albatros est résumé par les tous derniers mots de cette strophe : « l’infirme » qui suggère l’état d’immobilisation dans lequel se trouve l’oiseau et « volait », un verbe qui suggère la liberté de mouvement et qui rappelle le « voyageur ailé » du début de la strophe mais qui, ici, est conjugué à l’imparfait. Ainsi se termine la partie narrative de ce poème.

Limité à ces 3 strophes, le poème se présente comme le récit d’une scène cruelle de la vie en mer, qui inspire au narrateur une émotion compatissante.. »

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