« L’Albatros » de Baudelaire, explication linéaire
Publié le 20/01/2020
Extrait du document
«
.
concernant l’ attribut qui les caractérise à savoir « leurs grandes ailes blanches » qui faisaient d’eux, strophe 1 de
« vastes oiseaux », et strophe 2 les « rois de l’azur », donc, ces grandes ailes blanches, sur le pont du navire,
deviennent au vs 8, dans une comparaison dépréciative, des « avirons», totalement inutiles car ils ne sont pas des
bateaux.
On remarque d’ailleurs que les oiseaux sont embarrassés par leurs propres ailes , ce que suggèrent l’adjectif
« maladroits » au vers 6, l’adverbe « piteusement » au vers 7, le CCL « à côté d’eux » comme si les ailes n’étaient plus
une partie intégrante des oiseaux mais seulement des objets encombrants .
Enfin les verbes « laissent » au vers 7 et « traîner » au vers 8 insistent sur l’impuissance des oiseaux lorsqu’ils se
trouvent à un endroit qui n’est pas pas naturel pour eux.
Dans cette strophe, les oiseaux sont donc quasiment réduits à l’état d’objet , ce que suggère, en plus du mot
« avirons » le verbe « déposer » au vers 5.
Strophe 3
Cette strophe 3 constitue une aggravation de la strophe précédente en ce qui concerne la situation des oiseaux : elle
décrit les sévices dont les oiseaux sont victimes.
C’est ce que souligne aussi le ton exclamatif de toute cette strophe.
Dès le vers 9, on remarque que Baudelaire va insister sur la vulnérabilité de l’animal face aux hommes, ainsi on est
passé « des albatros » au pluriel dans la strophe 1 et désignés par le pronom personnel « les » ou le GN « ces rois de
l’azur » dans la strophe 2 à « ce voyageur ailé » au singulier à partir de la strophe 3.
L’oiseau n’apparaîtra plus au
pluriel dans la suite du poème.
Les vers 9 et 10 sont construits de manière assez semblable, avec une césure à l’hémistiche et visent à souligner les
oppositions contenues dans ces 2 vers.
Il s’agit de 2 phrases exclamatives : on trouve l’adverbe d’intensité « comme »
+1 point d’exclamation au vers 9 et « qu’il est » + 1 point d’exclamation au vers 10.
Pour ce qui est de la structure de ces 2 vers, on remarque que les premiers hémistiches des vers 9 et 10 sont
élogieux , il est rappelé à quel point l’albatros était un oiseau libre et magnifique, il est qualifié d’abord de « voyageur
ailé » puis de « si beau », Mais cette perception méliorative appartient au passé, ce que suggère l’adverbe de temps
« naguère ».
Les seconds hémistiches des vers 9 et 10 font , quant à eux font référence à la situation présente, ce que suggère le
verbe être employé 2 fois au présent de l’indicatif et contiennent chacun 2 adjectifs dépréciatifs : gauche et veule au
vers 9 et comique et laid au vers 10.
L’adjectif « gauche » fait écho à l’adjectif « maladroit » qui figurait dans la 2 ème
strophe et annonce l’adjectif
« comique »,« veule » qui signifie faible, lâche, mou rappelle le « piteusement » de la 2 ème
strophe.
Quant à « laid », il
est l’antonyme direct de beau .
Au niveau du sol , l’oiseau s’est enlaidit à la fois physiquement et moralement .
On remarque que si la répartition à l’hémistiche pourrait laisser penser à un équilibre entre le beau et le laid, il n’en
est rien : les termes dépréciatifs qui prennent la forme de 4 adjectifs sont plus nombreux que les expressions
mélioratives (seulement 2) et l’enlaidissement brusque de l’oiseau est accentué d’une part par l’emploi de la forme
exclamative des phrases et d’autre part par une allitération en « k » pas très harmonieuse dans « qu’il est comique et
laid »
La suite du quatrain, elle, fait référence aux sévices subis par l’oiseau .
Le harcèlement auquel il est soumis est
souligné par l’emploi de « l’un » au vers 11, et de « l’autre » au vers 12 suggérant la participation de plusieurs marins,
suivi d’un verbe d’action désignant un mauvais traitement : « agace » et « mime ».
Le coté répétitif du harcèlement
est aussi contenu dans le verbe agace qui, en soi, suggère que l’on répète plusieurs fois une même action.
On peut noter la cruauté de cette scène :
- Il s’agit bien là de torture , le brûle-gueule désignant une sorte pipe, on la lui met sur le bec ou on essaie de la
lui mettre dans le bec
- Les marins parodient l’oiseau en difficulté au niveau du sol, ce que montre le verbe « mime » au vers 12.
- Ils se mettent à plusieurs contre un seul qui, de surcroit, est présenté comme faible « boitant », « l’infirme ».
Le côté tragique du changement cruel de situation de l’albatros est résumé par les tous derniers mots de cette
strophe : « l’infirme » qui suggère l’état d’immobilisation dans lequel se trouve l’oiseau et « volait », un verbe qui
suggère la liberté de mouvement et qui rappelle le « voyageur ailé » du début de la strophe mais qui, ici, est
conjugué à l’imparfait.
Ainsi se termine la partie narrative de ce poème.
Limité à ces 3 strophes, le poème se présente comme le récit d’une
scène cruelle de la vie en mer, qui inspire au narrateur une émotion compatissante..
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