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CARACTÈRES (les), de La Bruyère

Publié le 19/02/2019

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CARACTÈRES (les), ouvrage de La Bruyère. La première édition, parue en 1688 sous le titre les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les caractères ou les mœurs de ce siècle, se
 
présentait comme un ensemble de remarques en marge du moraliste grec, après une traduction qui était elle-même une « belle infidèle ». Dans les rééditions successives, de 1688 à 1696, La Bruyère enrichit peu à peu les seize chapitres initiaux de nouvelles maximes et de nouveaux portraits. L'originalité est moindre chez les premières que chez les seconds : les maximes portent surtout la marque du bon sens et du bien-dire, tandis que les portraits, loin de ressembler aux traditionnels portraits à clef, imposent la notion de type. En instituant une sorte de science du comportement, ils mettent en rapport constant l'attitude et le caractère : l'auteur peint les gestes et l'allure ; au lecteur de deviner le reste. Si les Carac
 
tères ne sont pas totalement inorgani
 
ques, l'appareil logique est néanmoins désarticulé : la littérature est ici une
 
forme de conversation, et les sujets peuvent se succéder de façon imprévue. Le style des Caractères (dissymétries, ruptures) vise à l'effet, dans le meilleur sens du terme, c'est-à-dire à l'efficace. La tension du texte, la visibilité du travail, l'habitude du trait final et exécutoire donnent à l'œuvre une musicalité certaine, mais parfois un peu sèche.


« Encouragé par le succès triomphal des Caractères dès 1688, La Bruyère ne cessa d'enrichir son œuvre de nouveauxfragments.

A la quatrième édition, elle comptait déjà 350 « caractères » nouveaux.

A la huitième édition, en 1694,l'ouvrage avait triplé de volume. Une fresque vivante qui témoigne de la société du XVIIe siècle. Contexte La composition des Caractères commence en 1670.

Dès l'année de parution, en 1688, le succès est triomphal.

Deuxnouvelles éditions sont alors publiées.

L'ouvrage ne connaîtra pas moins de neuf éditions du vivant de son auteur,chacune d'elles comportant de nouveaux caractères.

Le nombre des articles passe de 420 à 1120, ce qui triple levolume du recueil.

Cet engouement pour les portraits correspond en fait à une distraction très en vogue à cetteépoque, chacun cherchant à découvrir qui se cache derrière un caractère.

Le style est léger et précis, lesdescriptions justes et pleines d'esprit, l'oeuvre elle-même est touffue et contradictoire : elle ne cherche pas àdémontrer une idée ou à édifier un système mais offre une simple description de la vie. Principaux personnages Tous les métiers (financiers, écrivains, prêtres, etc.) et toutes les figures (valets enrichis, faux dévots, etc.) sontdécrits dans cet ouvrage.

La Bruyère présente également des caractères très typés : le riche et le pauvre,l'égoïste, le narcissique, le bel esprit, l'affairé, le prétentieux, le distrait, etc. Résumé La forme des maximes et des réflexions rappelle les Maximes de La Rochefoucauld, les Essais de Montaigne ou lesPensées de Pascal.Le premier chapitre développe la doctrine littéraire de La Bruyère (Des ouvrages de l'esprit).

Les chapitres suivantsexposent différents caractères sociaux : Du mérite personnel, Des femmes, De la société et de la conversation, etc.Vient ensuite une description des classes sociales : La Bruyère dénonce les richesses acquises frauduleusement etmal employées (Des biens de fortune), la vanité de la bourgeoisie (De la ville), les défauts de l'entourage du roi (Dela cour).

Vient enfin le discours moraliste : De l'homme, Des jugements.

La Bruyère expose également quelquesobservations concrètes : De la mode, De quelques usages, De la chair, n'hésitant pas à dénoncer quelques abus.Enfin, il conclut par une attaque contre les libertins dans Des esprits forts. Un portrait des mœurs du XVII e siècle La Bruyère publie en 1688 sans nom d'auteur son unique livre, qu'il présente comme l'imitation et la continuation del'ouvrage d'un écrivain grec de l'Antiquité ; il l'intitule Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec lescaractères ou les mœurs de ce siècle.

La Bruyère a pour dessein de définir la nature humaine à travers les différentstypes généraux de l'individu : par exemple, le distrait, la coquette, le faux dévot, etc.

Mais plus que l'essence del'homme, c'est finalement la société de son temps qu'il analyse.

Sur un ton ironique, parfois cynique, il dénonce lesmisères du royaume.

Malgré l'inorganisation apparente de son œuvre et l'absence de transition, on dégage pourtant,au fil des seize chapitres du texte, des étapes importantes.

Il expose d'abord ses théories littéraires et morales,peint ensuite les divers comportements sociaux de son temps.

Au centre de l'ouvrage, il critique violemment la couret les grands, donne un portrait d'un roi, puis s'oriente vers une réflexion d'ordre religieux.

Il nous livre ainsi unefresque sociale complète du XVII e siècle. Un psychologue lucide La Bruyère met en lumière les injustices de son temps, rit de ses absurdités, mais ne remet jamais en question sesinstitutions.

Sa verve et son style piquant en font un caricaturiste de talent, un peu à la manière de Daumierquelques siècles plus tard ; mais il n'est ni réformateur, ni révolutionnaire.

Il ne prend pas parti contre l'ordrepolitique ou social en place.

Pourtant, ce que La Bruyère perd en profondeur philosophique, il le gagne en réalisme.

Ilest conservateur, mais lucide et fin psychologue.

Il relève le tic ou le geste essentiel qui fait du personnage uneimage vivante.

Le lecteur porté par le rythme vif, les mots d'esprit, les chutes imprévues et la langue riche nes'ennuie jamais.

Ce qui fit aussi le succès de La Bruyère, ce fut le désir de ses lecteurs de mettre un nom à chacunde ces portraits pittoresques.

On publia même des « clés » pour résoudre ces mystères.

En vérité, l'auteur necherchait pas à dénoncer quelqu'un en particulier, mais à mettre simplement en relief les travers et les ridicules ducomportement humain. 1 • LE CONTEXTE Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, publiés en 1688, se présentent comme une simple étude de moeursimitant Les Caractères de Théophraste, ouvrage antique.

Mais ils offrent en fait le bilan, toujours remanié, etl'exutoire de toute une vie d'observations personnelles.

Précepteur du duc de Bourbon depuis 1684, La Bruyère abénéficié à loisir d'un vaste champ d'observation à la Cour ; mais ces tâches « domestiques », bien qu'honorables,ont écorché l'amour-propre de l'auteur, conscient de sa valeur personnelle.

À une conception de l'excellence fondéesur la naissance et la fortune il oppose, en effet, le mérite fondé sur l'esprit et le talent, conforme en cela à laposition des Anciens, et revendique la dignité du métier d'hommes de lettres.

La Bruyère s'inscrit dans la riche lignée. »

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