LES NOURRITURES DIVINES

« Les repas divins reflètent donc le rêve, la version idéale des repas humains.

Ils sont à l'image des agapes, cérémonies mi-religieu- ses, mi-civiles au cours desquelles les Grecs célèbrent l'ordre de La cité et du monde.

Les mortels, symboliquement, ont d'ailleurs Leur place dans les banquets des dieux, à travers la figure de Ganymède, « l'échanson des dieux », chargé de prodiguer aux convives de l'Olympe la boisson à volonté, D LI TTT TTTTTTTTTIT .

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u u u u u u u u • • u • • • • u • • u • u BANQUETS, AGAPES, ORGIES Banquets profanes comme les orgies de la Rome antique, dont on a souvent stigmatisé les excès, ou festins à vocation religieuse comme les agapes des Grecs, tes grands repas des dieux, inspirés par ceux des hommes, se sont perpétués jusque dans le monde chrétien à travers les deux figures de la Cène (le dernier repas du Christ avec ses disciples( et de l'agapè, la communion mystique de la communauté chrétienne.

Le pain et le vin, l'ambroisie et le nectar: deux versions d'une correspon- dance religieuse entre le monde des dieux et celui des hommes.

GRÈCE ET ROME DIEUX & LÉGENDES LES DIEUX S'ADONNENT À DE SUBTILS PLAISIRS Le monde des dieux rompt donc avec celui des Titans: l'Olympe est figure de l'harmonie, les immortels s'y livrent à des plaisirs raffinés.

Nulle indigestion ne vient jamais perturber leurs agapes, car l'idée même d'un excès est étrangère au monde des dieux.

Érotisme et gastronomie imposent au contraire l'image d'un bonheur constant, à peine troublé par la jalousie d'Héra.

De jalousie, précisément, il ne saurait être question dans les repas olympiens, caractérisés par l'abondance et le partage.

La figure de la corne d'abondance, remplie de fruits et de fleurs, source de délices inépuisables, atteste bien le fantasme humain d'une vie débarrassée de la sauvagerie et du spectre de la faim.

LA FÊTE DES DIEUX Banquet du mariage de Pétée et de la nymphe Thétis.

Hendrick van der Balen (1575-1632).

Copenhague, Musée d'Art.

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-- u ------- ---• u REPAS TRAGIQUES Lhistoire dramatique des Atrides, la famille d'Agamemnon, débute par un funeste repas, au cours duquel Thyeste, poussé par son frère Atrée, mange ses enfants.

La transgression de l'interdit vaut à la famille une lon- gue malédiction.

La tragédie réactua lise ainsi le thème du repas, décidé- ment central dans la mythologie antique.

Le sacrifice consommé sur La scène a ainsi pu être décrit par Nietzsche, dans Naissance de la tragédie, comme un repas magique: un banquet présidé par Apollon (l'ordre( pour célébrer la défaite de Dionysos (le désordre( : l'ordre des dieux contre les forces sauvages, titanesques, de la nature, toujours susceptibles de resurgir dans le coeur des hommes.. »