LES MYTHES ET LA RELIGION CHEZ HERODOTE

« HISTOIRE, MORALE ET RELIGION SONT LIÉES Si Hérodote prend ses distances avec la mythologie, il ne se désintéresse pas de la religion pour autant.

Homme profondé­ ment croyant, il la considère comme un des moteurs de l'Histoire qui, selon lui, est faite par les hommes sous l'œil des dieux : ces derniers interviennent dès que les premiers se montrent impies ou commettent un sacrilège.

Ainsi, après que ses troupes ont incendié le temple d'Athéna à Milet, le roi lydien Alyatte tombe gravement malade.

L es dieux, vengeurs et jaloux, punissent surtout l' hybris, la démesure.

Pour Hérodote, comme pour Eschyle, le roi Xerxès sera immanquablement puni de son arrogante cruauté, lui qui se croit maître de la terre et des flots et ose fouetter l'Hellespont comme si la mer était son serviteur.

Il reçoit même l'avertissement suivant:« Tu vois comme la divinité frappe de la foudre les animaux de grande taille sans permettre qu'ils en fassent parade, tandis qu'elle n'en veut nullement aux petits.

[.

..

] La divinité aime rabaisser tout ce qui s'élève[.

..

] Dieu ne permet pas qu'un autre que lui ait des pensées altières.

» !trad.

Ph .-E.

Legrand, Belles-Lettres] B ien qu'il préfère s'appesantir sur les actions et les passions humaines, Hérodote semble croire en un monde organisé par les forces d ivines selon le principe moral de la mesure.

œ Hérodote est né vers 484 av.

J.-C.

laprès la victoire de Marathon, en 490 av.

J.-C ..

avant celle de Salamine, en 480 av.

J.-C.l dans une cité grecque d'Asie Mineure encore sous le joug des Perses.

Halicarnasse Il' actuelle Bodruml.

Fils d'un aristocrate, opposant au tyran de la ville, il connaît l'exil à Samos.

De sa vie, on connaît surtout ses voyages : il parcourt l'Asie Mineure, le Pont-Euxin et la Perse; il pénètre en Égypte jusqu'à Éléphantine ; il visite Cyrène ; il connaît la Thrace.

la Macédoine et sejourne à Athènes, alors à son apogée sous l'égide de Périclès, qu'il rencontre ainsi que Sophocle.

Hérodote voyage aussi en Italie du Sud, où il prend part à la fondation de la colonie de Thourioi, sa patrie d'adoption.

Il y serait peut-être mort, vers 425 av.

J.-C.

H É RODOTE Co pie romaine d'une sculpture grecque (IV-siècle av.

J.-C.I.

Musée archéologique, Naples.

(Pholo akg·unages / N1matallah) • • • • • • • • • • LES LIVRES DES MUSES L"Enquête IHistoriè en gre c, parfois traduit par « Histo ires » I d"Hérodote est une œuvre chatoyante qui témoigne de la curiosité de son auteur.

Elle a pour thème central les guerres médiques, qui ont opposé les Grecs et les Perses eendant la première moitié du V' siecle av.

J.-C.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, Hérodote procède à un lon9 retour en arrière pour exposer l'histoire de la construction de l'Empire perse.

Il agrémente son récit de digressions sur les pe~sonnages et les peuples !Scythes, Ethiopiens, Égyptiens, etc.) rencontrés.

On doit aux savants alexandrins le découpage de cette œuvre en neuf livres et le baptême de chacun du nom d'une Muse .

La première partie porte, naturellement, celui de Clio, la Muse de l"Histoire.. »