LE MYTHE DE TEUTH (PLATON)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Cependant, Socrate se garde bien de condamner totalement
l'écriture, qu'il considère comme un bon divertissement :
celui qui en connaît l'art peut s'amuser à semer ses pensées
sur le papyrus comme le jardinier plante des fleurs dans la
terre d'un jardin d'Adonis, un jardin miniature charmant mais
éphémère que l'on installe dans un vase ou une coquille en
souvenir de la mort prématurée de l'amant d'Aphrod ite.
«
~
« LES LIVRES SONT MUETS»
Socrate poursuit son étude sur les défauts de l'écriture
en comparant l'écriture à
la peinture [un même mot, graphein,
traduit en grec l' action de peindre et d'écrire].
Pareil aux
personnages des tableaux
qui ne parlent pas, le discours écrit
reste muet.
On a beau l'interroger, il ne fait que répéter
la même chose de la même façon.
Il en est de f!iême lorsqu'on
le critique ; l'écr it ne peut se défendre seul.
A l'inverse, lors
d 'une leçon orale,
le pédagogue répond aux questions de son
élève ;
si sa première formulation n'est pas claire, il peut
l'explic i
ter .
De même, lors d'une controverse, celui qui discourt
peut argumenter et répondre aux critiques.
S ocrate reproche en outre au discours écrit de pouvoir être
lu
par n'importe qui, même par des lecteurs qui ne sont pas en
âge de
le comprendre ou qui n'ont pas les outils pour le faire.
L.:orateur, en revanche, sait à qui il s'adresse et choisit le sujet
et
le mode de son discours selon son public .
C'est là un autre
défaut majeur de l'écriture aux yeux de Socrate,
qui se soucie
de l'éducation de
la jeunesse.
œ
DE ÎEUTH À ÎHOT
Si le mythe de Te uth est probablement une invention
socratique ou platonicienne, son personnage est en revanche
une figure majeure du panthéon égyptien : Thot, le dieu de la Lune et de la Connaissance, le scribe divin protecteur des
magiciens.
Il est fréquemment représenté avec une tête d'ibis
dont le bec, effilé comme un stylet, symbolise l'écriture.
Quant
au roi Thamous de Platon, il peut être identifié
à Amon, le dieu
thébain de l 'Air et du Vent à tête de faucon , qui, associ é à Rê, est devenu le roi des dieu x égyptiens .
LE DIEU THOT ET UN SCRIBE
c·e~t au dieu présenté par
les Egyptiens comme l'inventeur
de récriture que le personnage de
Teuth semble faire référence.
Statuette
égyptienne, Amama,
v.
1340 av.
J.-C .
Musée national, Le Caire.
(Photo akg -im ages /Erich Lessin g)
• • • • • • • • • • L.:'ÉCRITURE, UN PHARHAKON
Le philosophe Jacques Derrida [19 30 -2004).
qui conçoit les écrits
platoniciens comme le contre-
procès
de Socrate, qualifie le mythe de Teuth d'« instruction du procès de l'écriture ».
Dans La Pharmacie de Platon, il fait ressortir l'ambiguïté du mot pharmakon qui signifie en grec
aussi bien « remède » que « poison »,
« parfum » ou « couleur ».
Or, Teuth
et Thamous emploient tous deux ce terme pour désigner l'écriture.
Si le
dieu magicien présente cette invention
comme un
pharmakon au sens de remède, Thamous [et Socrate-Platon à sa suite) la considère en revanche
comme un poison qui engourdit la
mémoire .
LE PHILOSOPHE PLATON
Sculpture en marbre,
Athènes, 1900.
(Photo akg -i m ages / John Hios).
»
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