ISMENE : L'unique survivante des Labdacides

« AVEC SA SŒUR , ISMÈNE VEILLE SUR ŒDIPE L'autre pièce de Sophocle dans laquelle le personnage d'lsmène apparaît est Œdipe à Colone.

Bien qu'elle ait été écrite longtemps ap rès Antigone, elle met en scène une action antérieure: Œdipe, le parricide, l'incestueux , qui s'est aveuglé, a été banni de Thèbes.

Antigone guide ses pas sur les chemins de Grèce.

Les deux mendiants arrivent à Colone, où Ismène finit par les retrouver .

Si elle est jusqu'alors restée à Thèbes, c'est non par lâcheté mais pour servir de ryiessager à Œdipe.

Ainsi, elle peut lui expliquer que Polynice et Etéocle se disputent âprement le pouvoir et le prévenir d'un danger imminent : Créon et ses hommes vo nt venir le chercher , car sa dépouille doit reposer à Thèbes.

Il en va de la puissance de la ville selon l'oracle de Delphes.

L 'opposition entre les deux sœurs a ici disparu : toutes deux sont des jeunes filles douces et aimantes.

Comme sa sœur, Ismène a le sens du renoncement: elle semble prête à endurer mille peines pour adoucir quelque peu celle de son père .

Elle se montre aussi courageuse qu'Antigone : n'a-t-elle pas pris des risques en fuyant la ville ? Dans Œdipe à Colone, Antigone et Ismène s 'opposent non pas l'une à l'autre, mais à leurs deux frères qui ont abandonné leur père.

Après la disparition d'Œdipe, Antigone et Ismène se lamenteront d'une même voix.

Ismène, toutefois, s'opposera au désir de mort d'Antigone .

o+ CHRYSOTHÉMIS, UNE SECONDE ISMÈNE Après avoir créé le cou ple An tigone -Ismène pour Antigon,e, Sophocle inven te une dizaine d 'a n nées plu s tard celui d'Electre ­ Çh ryso th émis pou r l es besoins d'une aut re de ses tragé dies, Elec tre.

L.:a nalogie en tre ces deux cou ples de sœurs est frappa nte.

Ismène cou rb e l'éc hine devan t Créon tand is qu 'An tigo n e se rebelle.

De la même faço n , Chryso thémis, p~eférant elle aussi la vie à l'ho n neu r, se sour;net à ses maîtres, Egis the et C l yte m nestre, tandis qu'Electre souhai te ven ger leur père Agamemnon.

Tout comme Ismène tente de ramener ~ntigone à la raison , Chry soth émi s refuse d'être la compl ice d'Electre .

AN TIGONE ET IS M ÈNE Si sa sœur fait preuve d'une force de caractère peu commune, Ismène est, elle, une femme douce et modérée .

Photograph ie d'une représentat i on de l'Antigone de Sophocle à Florence , 1953 .

(Photo OeA Picture l.Jbraryl • • • • • • • • • • Du CÔTÉ DES FEMMES « Il faut songer que nous sommes femmes, que nous ne pouvons lutter c ontre les hommes», rappelle Ismène à sa sœu r au début de l'Antigone de Sophocle .

Si Antigone a l'audace d ' un homme, Ismène incarne la féminité et se soumet à sa condition .

Da n s la G r èce anc ienne.

les femmes sont considérées comme des êtres mine urs , qui doivent obéir à leur père , leur époux ou l eur roi comme un esclave à son maît r e.

La démocratie athénie n ne ne leur accorde pas le statut de citoyen.

Les femmes de la Grèce antique ne peuvent se prononcer ni s'opposer aux décrets du pouvoir comme le fait Antigone .

Elles ne participent pas à la vie de la cité , si ce n'est en fondant une famille et en prenant part aux fêtes religieuses .

La ma ison est leur domai ne réservé .

VESTIGES DE T HÈB ES c· est dans cette cité, gouvernée par Créon, que résidait Ismène.

Vue du site archéologique de Thèbes .

!Photo OeA Pocture ubraryl. »