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Icare

Publié le 17/01/2022

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Fils de Dédale, le merveilleux architecte du Labyrinthe, peut-être Icare s'est-il cru prémuni pour toujours contre le labyrinthe de la vie ? Peut être a-til cru de bonne foi, la bonne foi de la déraison, qu'il pouvait faire n'importe quoi... Comme voler, par exemple, et jusqu'au soleil encore ! Voici le détail de l'histoire: le labyrinthe construit par Dédale se trouve en Crète où règne le roi Minos. Minos veut garder Dédale et son fils prisonniers dans l'île et pour qu'ils ne puissent s'échapper par la mer, il a fait enlever tous les bateaux des ports. Mais quand on a imaginé un labyrinthe comme Dédale, et qu'on l'a réalisé, on n'est pas à court d'idées! La mer est interdite ? Il reste les airs. Et Dédale fabrique des ailes. Deux paires d'ailes, une pour lui, une pour son fils Icare. Il coud ensemble les plus grandes, celles qui partent des omoplates, et il soude simplement les plus légères avec de la cire. Tout en fixant les ailes d'Icare, Dédale lui recommande de ne surtout pas voler trop haut: en s'approchant du soleil, il risque de faire fondre la cire. Ils s'envolent... L'air est pur, bleu, on respire la transparence et la transparence a goût de fumée. Dédale et Icare voient passer au-dessous d'eux les dernières petites maisons blanches de la Crète, au loin le palais de Minos, roc d'ivoire. Ivre de liberté, saoul d'air , Icare vole maintenant bien au dessus de la mer qui brille comme un bouclier, bien au-dessus des grands oiseaux planeurs, bien audessus du vent qui couvre les appels de son père... Toujours plus haut, toujours plus haut! Il ne peut s'arrêter, il ne peut pas s'empêcher d'aller plus haut. Il s'approche du soleil. Pourquoi se prend-il pour un oiseau ? Mais les oiseaux, eux, ont les pieds sur terre... Ils ne montent jamais si haut. Il se prend pour un dieu. Cela, aucun dieu jamais ne l'a accepté, ni jamais ne l'acceptera. La cire de ses petites ailes commence à fondre. Icare ne sent rien, même pas la chaleur sur son dos, même pas la brûlure de la cire en fusion. Oui, les ailes fondent. Ébloui encore, Icare ferme les yeux d'ivresse, son coeur va éclater de bonheur ...Il tombe. Il rêvait, Icare. \" Tu rêves, mon fils! \" lui criait peut-être Dédale depuis longtemps. Et au plus fort de son rêve, porté au plus haut par son désir, la réalité le fait lâcher prise et tomber. Chute atroce sur un sol sans pitié. Sa réalité à lui a nom \" soleil \", son sol s'appelle \" mer \". Icare s'enfonce dans une gerbe blanche. Et la mer est sa mort.

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« Icare • 209 d'écouter les conseils de son père, il prit de l'altitude, se rapprochant ainsi du soleil...

qui fit fondre la cire des ailes.

Icare mourut alors en tombant dans les flots de ce qui, est, depuis, appelé la mer Icarienne.

[ Les origines Il est très difficile de déterminer les origines du mythe d'Icare.

Peut-être s'agissait-il d'un dieu de la religion minoenne (la civilisation crétoise de 2600 à 1200 avant J.-C.), ou peut-être le mythe renvoie-t-il à une tradition sacrifi­ cielle ...

Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il présente, dans la forme sous laquelle il nous est parvenu, une très grande richesse d'évocation.

Tout d'abord, l'histoire d'Icare renvoie à un des rêves les plus anciens et les plus universels: le rêve de voler.

Icare est l'homme-oiseau, non pas celui à qui la nature a donné des ailes, mais celui qui a réussi par son intelligence et son habi­ leté à s'arracher au sol.

Il est d'ailleurs frappant de constater que, le plus souvent, on oublie le rôle pourtant primordial joué par Dédale pour laisser au seul Icare le mérite d'avoir le premier conquis le ciel...

Cela est dû au destin d'Icare, à la mort que lui vaut son audace.

Car, dans notre imaginaire, le succès d'Icare est encore grandi par le risque qu'il prend.

La victoire, la conquête des airs, ne nous fait rêver que si elle est impossi­ ble, donc meurtrière.

Dédale reste à une hauteur raisonna­ ble, il ne prend aucun risque...

Icare veut aller de plus en plus haut; il périt dans sa recherche de l'absolu.

C'est cette recherche exigeante qui nous émeut et fait qu'à nos yeux Icare a plus de mérite que Dédale.

Dans cette optique, Icare est le frère des conquérants de l'air, mais aussi d'une façon plus large de tous ceux qui risquent leur vie pour atteindre un certain idéal.

Alpinistes de l'extrême, artistes refusant les compromissions, prisonniers d'opinion, etc., peuvent d'une certaine manière se réclamer d'Icare.

Mais une autre vision du mythe est possible, celle qui voit dans Icare la personnification de l'orgueil puni.

Repoussant la. »

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