ENLIL DECLENCHE LE DELUGE

« SEUL UTANAPISHTIM A LA VIE SAUVE À peine le vaisseau est-il prêt à naviguer et ses passagers sont­ ils solidement barricadés à l'intérieur que la colère des dieux se déchaîne : durant six jours et six nuits, la Terre, plongée dans les ténèbres et dans le tourbillon des éléments déchaî­ nés, résonne du bruit assourdissant du tonnerre et des éclairs, qui effraie les dieux eux-mêmes, réfugiés au ciel d'Anou.

L orsque les pluies cessent enfin, au matin du septième jour, le bateau s'échoue au sommet d'une haute montagne, le mont Nisir.

Durant une semaine, Utanapishtim mesure la décrue des eaux en lâchant successivement trois oiseaux; les deux premiers reviennent, mais le troisième, ayant trouvé un lieu où se poser, ne réapparaît pas.

A lors Utanapishtim, sortant de l'arche, offre un sacrifice de bois de cèdre et de myrte aux dieux.

Enlil, qui avait déclenché le Déluge, voit son plan déjoué et entre dans une terrible fureur.

Ea plaide si bien sa cause et celle du survivant que le tout­ puissant Enlil se laisse fléchir et, pénétrant dans l'arche, bénit Utanapishtim et son épouse, déclarant qu'ils seront désormais pareils aux dieux.œ En 1872, un jeune assyriologue britannique, George Smith, parvint à assembler une série de tablettes provenant de la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive .

Sur l'une d'entre ell~s.

il déchiffra un récit, inté9ré dans r ensemble de textes baptisé L'Epopée de Gilgamesh, qui evoquait le récit du Déluge tel qu'il est relaté dans la Genèse .

Cette decouverte , capitale, illustrait la large diffusion, dès le W millénaire av.

J-C ..

de la mythologie mésopotamienne dans l'ensemble du Proche-Orient.

Le récit de la Genèse reprend les grand s trait s du mythe assyro-babylonien, mai s fait découler la colère divine d'une faute originelle commise par les hommes .

l:ARCHÉOLOGIE AU SECOURS DU MYTHE Le Déluge, tel qu'il est relaté dans la Liste royale sumérienne, marque la fin de la suprématie de la ville de Suruppak , située au s ud-est de Nippour.

Le fait que, dans toutes les versions sumériennes du mythe, le héros soit roi ou prince de Suruppak permet de penser que la ville a peut-être été le théâtre d' une catastrophe mémorable.

Comme pour appuyer cette hypothèse.

les découvertes archéologiques effectuées sur l'emplacement de la ville et sur d'autres sites entre 1929 et 1931 ont révélé les traces d'inondations très importantes, provoquées aux IV' et Ill' millénaires av.

J . -C.

par des crues du Tigre et de !'Euphrate.. »