œDIPE ET THEBES: LES HOMMES SEMÉS
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
L’oracle d’Apollon s’est accompli. La génisse que Cadmos devait suivre jusqu’à ce qu’elle tombe d'épuisement s’est couchée. C’est donc en ce lieu, selon les paroles du dieu, qu’il doit bâtir une nouvelle ville. Afin d’offrir en sacrifice l'animal à Athéna, le prince envoie ses compagnons puiser de l’eau. Il ignore encore que la source voisine est gardée par un terrible serpent, fils d’Arès...
Cadmos, le fondateur de Thèbes, récolte en semant dans la terre de Béotie les dents du dragon d'Arès qu'il vient de terrasser ! Du sol ensemencé surgissent comme des épis de blé une troupe de guerriers armés de pied en cap. Ces Spartoï ou Hommes semés, à l'allure si menaçante, sont considérés comme les bâtisseurs de la citadelle cadméenne et les ancêtres de l'aristocratie thébaine.
DES GUERRIERS POUSSENT COMME DES GRAINES !
Le prince phénicien Cadmos parcourt du regard le site de la future Thèbes. Il commence à trouver longue l'absence de ses compagnons partis chercher de l'eau lustrale. Il ne tarde pas à découvrir qu’ils ont été victimes du redoutable dragon qui défend la fontaine d'Arès. Rassemblant tout son courage, il s'avance vers le monstre et lui jette des pierres. Il réussit ainsi à le faire chanceler, puis l'achève à coups de lance. Sur les conseils d'Athéna, le héros brise la mâchoire du serpent avec un caillou et en extirpe trois rangées de dents qu’il met en terre. Or, à peine les a-t-il semées que du sol jaillissent des hommes de haute taille, tout armés. On appelle Spartoï. Spartes ou Hommes semés ces géants nés de la terre et des dents du dragon d'Arès.
«
ET SI LES PLUS NOBLES DES THÉBAINS
DESCENDAIENT DES SPARTOÏ?
Les Hommes semés sont considérés comme les ancêtres de
l'aristocratie guerrière de la cité cadméenne ; Échion serait
même l'un des fondateurs
de la dynastie thébaine.
Cadmos, en
effet, lui a offert la main de sa fille Agavé, qui donne naissance
à un fils, Penthée.
Ce dernier succède à Cadmos sur le trône de
Thèbes, mais paie de
sa vie son refus d'introduire le culte de
Dionysos dans le royaume.
Père de Penthée, Échion est par
conséquent l'ancêtre de Jocaste et
de Créon, ainsi que de leurs
enfants, Polynice, Étéocle, Antigone et
Ismène, Ménœcée et
Haemon.
C hthonios,
l'un des autres Spartoï survivants, est considéré
pour
sa part par certains auteurs comme le père de Lycos et
de Nyctée, les deux tyrans qui s'emparent du pouvoir thébain
par
la force et qui martyrisent la malheureuse Antiope.
Quant
à Oudaeos, il serait l'ancêtre de l'illustre devin de Thèbes
Tirésias.
Les descendants des Hommes semés sont, dit-on,
facilement reconnaissables
à la marque en forme de serpent
imprimée
sur leur corps.
o+
LES SPARTOÏ, CES AUTOCHTONES
Les H om mes semés représentent la population auto c htone
de Thèbes.
En effet, ils so nt nés de la Terre et des dents d'un ser pent , l'anima l chtonien par excel lence aux yeux
des Grecs.
Le mythe des origines de Thèbes semble voul oir montrer que la population thébaine était composée à la fois
d"autochtones [les S part oïl et de nouveaux venus [représentés
par Cadmosl.
Il se pourrait qu'un peuple étrange r ait tiré parti
d 'une guerre civile à Thèbes pour asseoir sa domination.
VES TIGE S DE LA CADM ÉE
Site arc h éolo g iqu e de Thè b es.
(P holo Oag li Ort1 / OeA P1clure l.Jbrary)
• • • • • • • • • • •
LE SYMBOLE DE LA GUERRE CMLE
Thèbes n'est pas encore fondée
que déjà, sur son emplacement ,
Les Hommes semés s'entre-tuent.
Cette P.remière guerre intesti ne
en prefigure une autre, tout aussi
sang lante.
Plusieurs générations plus tard, c'est en effet dans un combat
fratricide devant, Les portes de la ville
que Polynice et Etéocle trouvent La mort ; Les deux frères descendent
des Spartoï.
Dans son texte sur la lutte entre César et Pompée , La Pharsale, Le poète Latin Lucain
(39-65 apr.
J.-C.l prendra pour image
de la guerre civile celle des Hommes
semés s'e
ntretuant.
LE DIEU ARÈS, P È RE DU DRAGON DE THÈB ES
C op ie ro maine d'un e s ta tue
d 'A lcam èn e (V" siè cle av .
J .- C .l.
dite Arès B org h èse .
Musée du Lou vre , P a ris.
(Pho to J .
E.
B u llez/ OeA P1cture l.Jb rary).
»
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